• COMPTE-RENDU DU DEBAT DU 25/03/2023

    16 personnes ont participé à la séance et répondu à la question suivante :

                                 QU’EST-CE QU’UN DEBAT ?

    Le texte d’introduction présentait deux parties : La première rappelait l’impact que certains grands débats ayant agité différentes périodes de notre Histoire, ont eu sur notre société. La deuxième partie s’adressait à chaque participant en particulier, aussi a-t-elle été plus largement débattue et chacun a pu s’exprimer pour répondre à la question : « Qu’en est-il des débats qui se déroulent au Marina ? »

    De l’importance d’un débat :

    Un membre du CD, absent ce samedi, nous a envoyé sa réponse :  la façon de m’exprimer lorsque je rédige une contribution au CD est fonction de la manière dont je perçois les personnes qui y participent. Les médias ne nous offrent pas d’interaction de personne à personne et dans la vie courante nous n’avons pas souvent l’occasion ou le temps d’échanger comme nous le faisons lors de nos réunions. De là tout l’intérêt de notre association.

    Rédiger un texte nous fait avancer personnellement et les idées qui se confrontent aux nôtres nous envoient un éclairage différent,  ce qui est source d’enrichissement.

    Ecrire une introduction de débat c’est poser des questions mais surtout SE poser des questions, c’est en quelque sorte se donner une interview au cours de laquelle on fait table rase de nos idées pour ensuite tout reconstruire selon le principe : Thèse – antithèse – synthèse. Ce triplet de concepts est une méthode de dissertation qui remonte à l’Antiquité.[1]

    Remarque : Lors d’une discussion, l’antithèse ne consiste pas à dire systématiquement le contraire de ce qui a été avancé :  les pinailleries ou ergotages sur des vétilles perturbent le bon déroulement d’un débat.  Si, dans une discussion, on veut établir une symétrie positive par rapport aux positions de l’orateur, mieux vaut le faire en hauteur avec des arguments convaincants ou en profondeur avec des informations complémentaires.

    Le débat est fondamental, il permet la confrontation d’idées, le contre étant parfois aussi important que le pour.

    Lorsque l’on est à la recherche de la Vérité, d’une meilleure compréhension du monde, le débat qui permet d’élargir ses connaissances, d’affermir ses convictions, de faire le tri entre ses propres idées et celles des autres, est un moyen de parvenir à une forme de sagesse.

    On vit selon des schémas (familiaux, de société) dont il est difficile de sortir et certains sujets de société qui sont présentés et développés au cours de nos réunions nous ouvrent l’esprit sur d’autres pratiques, d’autres façons d’organiser la société, d’appréhender la vie.

    Mais qu’est-ce qu’une idée ? 

    Comment les idées surgissent-elles ? Quelles peuvent être leurs conséquences ? Les gens n’ont pas d’idées, a déclaré un participant, ils sont possédés par une idée. Ces idées peuvent mourir mais aussi devenir virales et aboutir à des décisions, des changements de mentalité, qui transforment (en bien ou en mal) l’ordonnance de la société. La peine de mort a été une idée, plus tard son abolissement en a été une autre. Il est étonnant de constater que la même idée peut naître au même moment et en des endroits très éloignés les uns des autres de la planète. Une idée peut découler d’un événement qui a marqué les esprits. L’exemple a été donné de la création du mouvement sioniste par Théodor Hertz, suite à l’affaire Dreyfus.

    Les règles du débat :

    Pour le bon déroulement d’un débat il y a évidemment des règles à respecter et nous avons passé une bonne partie de la séance à les rappeler, à les développer.

    Lorsqu’on introduit un débat on le fait avec un sujet que l’on a traité de son point de vue personnel, il est donc subjectif ; alors il faut s’attendre à ce que des opinions différentes se manifestent au cours de la séance et être disposé à les entendre. Une écoute attentive de chaque intervenant est indispensable pour que les arguments qui se croisent soient complémentaires et que l’on en tire profit. Les gens sont différents et il faut tolérer qu’un autre ne puisse pas penser comme soi et si l’on n’est pas d’accord sur certains points, le discours doit toujours rester courtois. On peut rester ferme sur ses positions sans céder à l’emportement ou avoir recours à la brutalité de parole.

    L’un de nous a eu la bonne idée de rappeler cette citation d’Albert Camus : « Le dialogue, relation entre personnes, a été remplacé par la propagande ou la polémique qui sont deux sortes de monologues. » Les opinions émises lors d’un débat doivent être argumentée, une croyance doit être justifiée a poursuivi ce participant. 

    Chacun doit faire un effort pour être clair.  « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément »[2].Cela implique que les arguments se préparent avant de prendre la parole[3]. Pour convaincre de sa bonne foi, de la sincérité de son discours il faut choisir ses mots, ceux qui éveillent, touchent le public. Le prosélytisme est évidemment à proscrire.

    Critiques sur le Café Débat 

    -        Pourquoi certains sujets sont-ils interdits ?

    Réponse : Jamais aucun sujet n’a été interdit mais les débats politiques, par exemple le sujet des retraites qui occupe notre actualité, ont leur tribune. Le Café Débat de Saint Quentin, n’est pas une tribune politique, cependant rien n’empêche certains membres de délibérer sur le blog réservé aux discussions.

    -        La censure est donc appliquée dans notre Café Débat !

    Cette remarque a été très mal accueillie par la majorité de notre assemblée. En effet, jamais un texte n’a été censuré, tous ceux qui ont été proposés ont été affichés sur le site du CD et débattus lors des séances.

    -        Le doute n’est jamais admis et certains imposent leurs idées de façon dogmatique.

    Réponse : Selon Descartes le but du doute est de parvenir à une certitude ; il permet d’éviter les erreurs dues aux préjugés ou à la précipitation du jugement. Mais il ne faut pas confondre le doute et la suspicion. Nous avons d’ailleurs déjà débattu sur ce thème[4]. Il semblait que les choses avaient été entendues. Il n’y a donc plus lieu d’y revenir.

    Livrer ses convictions, les défendre ce n’est pas imposer un dogme. 

    CONCLUSION  

    Bien que le texte n’ait pas été traité de façon très approfondie, les questions posées, sans doute parce qu’elles interrogeaient chacun sur sa vision personnelle de notre collectif, ont suscité de nombreuses réflexions qui ont rendu le débat intéressant et fructueux. Il pourra servir de base lors de la prochaine AG.

    Je remercie vivement Benoît de m’avoir donné les notes qu’il a prises tout au long de la séance. Sans cette aide je n’aurais pu fournir cet excellentissime compte-rendu.

    La prochaine séance aura lieu le 15 avril.

     

    Charlotte Morizur

     

    Interventions de Pierre Marsal

     

    Première intervention

    D’abord un constat.

    La diversité des opinions est aussi grande que la diversité des êtres humains. Aucun  individu ne partage intégralement les convictions de son voisin, fut-il un proche, un parent, un militant d’un même parti politique. Les événements actuels sont là pour le démontrer. Pour que ces discordances n’aboutissent pas à des conflits, pour faire famille et société, il faut s’accorder sur une base minimale. Il faut d’abord que chacun puisse s’approprier les savoirs, les convictions, de chaque autre, quitte à ne pas les faire siennes après examen et réflexion. (S’il faut en croire ce que tu as dit, je me suis « planté » : le dénomme Jean Lebrun serait un sosie de Chirac !)

     

    Cela nécessite un état d’esprit, un consensus, et une méthode.

    - Un esprit d’écoute de l’autre.

    - Un accord pour se rallier au meilleur argument qui ne soit ni un argument d’autorité, ni le produit d’une argumentation sophistique, ni le soi-disant bon sens. Tels sont les principes de l’éthique de la discussion (Habermas, Appel) qui parie sur la bonne volonté d’individus responsables. Il ne s’agit pas de pratiquer une condescendante tolérance, mais d’accepter la mise à l’épreuve de son propre argumentaire. L’argument d’autorité est inacceptable.

    C’est sur la base de ces principes qui ont été mis en pratique dans les Conférences de consensus ou dans des institutions comme le CNDP. Cela ne fonctionne que si des intérêts particuliers ne viennent pas interférer (affaire de ND des Landes) ou lorsque le débat n’est pas dévoyé raisons politiques (GDN).

     

    - Pour ce qui est de la méthode, il importe d’éviter toute polémique stérile. Idéalement il faudrait revenir à la controverse, telle qu’elle était pratiquée dans les dialogues de Platon  et dans l’ancienne disputatio scolastique : à une thèse on oppose une antithèse dans l’espoir – pas toujours atteint – d’aboutir à une synthèse.

    C’est d’ailleurs ce genre d’exercice que nous avions tenté avec Jean-Pierre sur le thème de la « compétitivité » (j’aurais pu ajouter que l’initiateur de cette façon de procéder fut Platon dans ses fameux Dialogues)

     

    Autres interventions

    1. Sur l’opinion 

    La démarche de l’opinion est l’antithèse de la démarche scientifique. Dans le premier cas on part d’une idée a priori et l’on essaie de rassembler tous les faits avérés qui confortent cette idée (ex créationnistes). En matière scientifique c’est l’inverse : c’est à partir de l’analyse de tous les faits rassemblés qu’il est possible d’émettre une idée.

     

    2. Sur la démarche d’Aristote 

    C’est plutôt à Platon qu’il faudrait remonter : faire table rase du connu. Cette tabula rasa a été à la base des démarches de philosophes comme Descartes, Bacon, etc. Plus près de nous Husserl. (j’aurais pu ajouter le « Se libérer du connu » de Khisnamurti)

     

    3. Sur les Idées 

    La notion d’Idées est l’une des plus importantes de la philosophie (Platon à l’origine). Les Idées ont une puissance symbolique considérable (par exemple « Liberté, Egalité, Fraternité). Les Idées circuleraient de façon virale (les mèmes et la mémétique de Richard Dawkins).(suggestion : une séance sur les Idées ?)

     

    PM 25/03/2023

     


    [1] Voir le texte de Pierre Marsal en annexe.

    [2] Nicolas Boileau : homme de Lettres du Grand Siècle (1636 – 1711)

    [3] D’où l’importance du texte d’introduction qu’il est recommandé de lire attentivement, ou de l’annonce du thème qui sera débattu.

    [4]
    Consulter la rubrique Archives pour retrouver le texte du débat introduit par Josette Saint Marc.


    6 commentaires
  • pour lire le texte cliquer ici

      


    1 commentaire