• Compte-rendu du 27/01/2024 : Démographie. La réduction de la population mondiale est-elle une nécessité ?

    Huit personnes étaient présentes.

    Le sujet proposé n’a suscité que peu d’interventions, car le débat s’est rapidement orienté vers des thèmes en relation avec le complotisme, ce qui a provoqué rapidement dans le petit groupe des échanges qu’on peut qualifier de « musclés » même s’ils sont restés globalement convenables.

    Concernant le thème dans sa formulation exacte, le texte d’introduction a été apprécié pour les informations chiffrées qui y figurent, mais considéré comme trop partisan de la nécessité supposée d’une décroissance de la population mondiale. En effet, peu d’arguments y figurent pour soutenir l’intérêt d’un maintien ou d’une croissance de la population. Cependant, à la question posée à deux reprises : « Quel est l’intérêt de vivre à 15 milliards plutôt qu’un seul sur Terre, même si l’impact environnemental est nul ? », personne n’a apporté de réponse.

    L’argument le plus intéressant, qui contredit très justement la thèse de la nécessité de décroître globalement est le suivant : si 20% de la population (en gros les pays riches) consomme 80% des ressources, il ne servirait à rien de réduire le nombre d’individus pauvres qui ne consomment presque rien. Il serait plus simple et plus efficace de réduire un peu la population « riche ». Néanmoins, dans un calcul « toutes choses égales par ailleurs », cela suppose que les populations pauvres restent pauvres, ce qui ne peut être un objectif. La solution réside en fait dans un double mouvement : orienter les comportements des pays riches vers la sobriété, et en même temps faire en sorte que s’améliorent les conditions de vie des PVD. Donc, plutôt que de réfléchir sur l’hypothèse utopique d’une diminution drastique et uniforme de la population mondiale, il vaut mieux travailler en profondeur sur l’aide au développement et la modification des comportements. Une chose est certaine : ni quatre, ni huit ni a fortiori quinze milliards d’individus ne pourront exister très longtemps avec le niveau de vie d’un américain ou d’un européen d’aujourd’hui.

    Ensuite, si on se base sur le scénario médian de l’ONU, il devrait apparaître un pic autour de 10 milliards et une baisse lente ensuite. D’autres scénarios ont été bâtis qui montrent une baisse plus rapide si les mesures connues prises en matière de comportements sont plus énergiques, notamment dans le développement de l'Afrique et la sobriété des pays riches.

    Compte tenu des chiffres de la fécondité dans les différentes régions du monde (nombre d’enfants par femme en âge de procréer dans une année donnée), il faudrait diversifier les politiques natalistes : faire remonter les chiffres de la natalité dans les pays occidentaux, et baisser ceux des PVD, sachant que les progrès en matière de santé font reculer les taux de mortalité infantile et augmentent l’espérance de vie.

    Il a été fait allusion à certaines actions ayant eu lieu dans le passé : au sortir de la dernière guerre, on avait besoin de bras pour reconstruire et il a été fait appel à des travailleurs étrangers immigrés ; à l’inverse, pour des raisons différentes, des actions peu éthiques ont été menées envers certaines populations indigènes, toutes fondées sur la stérilisation de masse (La Réunion, les aborigènes australiens, les ouigours, les indiens du Canada,…),

    Une précision a été apportée sur le terme « inertie démographique ». Lorsqu'à un moment donné la natalité est forte avant de diminuer, 20, 30 ou 40 ans plus tard il y beaucoup d’adultes en âge d’être parents. Le nombre de naissances reste donc important malgré la baisse de la fécondité. La mortalité étant faible, la population continue d'augmenter un certain temps. Il y a un décalage entre le moment de la baisse de la natalité et celui de la baisse de la population.

    Il a été précisé que le verset biblique « Croissez et multipliez » concerne tous les êtres vivants et non la seule espèce humaine, ce qui diminue l’importance de l’homme par rapport à l’ensemble de la Création. Toutefois, cela n’invalide pas le fait qu’une croissance forte dans un milieu fermé ne peut être soutenable.

    L’Inde et la Chine, qui regroupent à eux deux près de 40% de la population mondiale, ont tenté de mettre en place des politiques de réduction de la natalité. La politique chinoise de l’enfant unique a fonctionné quelque temps, mais maintenant qu’elle a été inversée pour des raisons économiques, la population ne suit pas malgré les traditions culturelles et les énormes moyens incitatifs mis en place. Les femmes ont pris le goût d’une certaine liberté, mais leur choix personnel se heurte toujours à une certaine emprise patriarcale qui perdure.

    Le vrai problème se situe en Afrique, où de nombreux états ont un taux de fécondité allant de 5 à 7 enfants par femme et une population très jeune (Nigeria, Niger, etc). Ce taux baisse néanmoins, mais il reste toujours l’idée que faire beaucoup d’enfants est une garantie pour être protégés quand on sera vieux.

    Un participant pointe le fait qu’on est de plus en plus gênés par les autres quand leur nombre augmente et que leur éducation, leurs valeurs baissent. Il prend l’exemple de la base de loisirs de Saint Quentin où il se promenait tranquillement le dimanche il y a trente ans, alors qu’aujourd’hui le lieu est envahi par les familles bruyantes, les barbecues, les déchets abandonnés, etc. Lorsqu’on est trop nombreux, cela provoque des conflits anodins ou graves simplement parce qu’on se « marche sur les pieds ».

    Il indique également qu’on est trop sollicités par des actions de solidarité envers des populations lointaines et nombreuses qui ne font rien pour nous et vivent à nos dépens…Cette position est vivement contestée, « l’enfer c’est les autres », mais « l’autre » peut aussi nous rendre heureux !

    Une grande partie de nos problèmes vient de l’excès et de la vitesse du progrès. Celui-ci nous permet de faire trop de choses sans se fatiguer, on devrait essayer de s’en passer. Il provoque   la perte de la valeur travail, des traditions, tout devient trop facile, il allonge la durée de vie, qui entraîne la relégation et l’abandon des vieux dans des EHPAD coûteux.

    Le texte d’introduction décrit un univers qui est loin de la réalité de la nature humaine. Si nous étions tous soucieux des autres, respectueux, raisonnables, vertueux, avec des tas d’esclaves mécaniques faisant à notre place la plupart de nos tâches, on s’ennuierait à mourir, et on se laisserait mourir : que pourrait-on faire d’intéressant dans une société fondée uniquement sur la prédominance des loisirs ?

    Une personne a exposé une thèse présentée comme factuelle, prouvée et sourcée. Le monde serait dirigé de manière occulte par 200 familles, les « mondialistes », qui imposeraient aux gouvernements une stratégie de communication filtrée et orientée, pour nous manipuler. Si la population augmente trop, les ressources disponibles vont baisser, et le profit de ces familles diminuer. Il faudrait donc « changer de paradigme » en réduisant drastiquement la population du globe par tous les moyens, comme le décrit Idris Aberkane (moins de ressources consommées), tout en maintenant le profit à leur usage qui se fonderait sur le développement de l’intelligence artificielle, la robotisation de l’industrie, la casse du modèle social et de la famille, pour mieux contrôler les individus.

    Cette thèse a été violemment contestée par les uns et approuvée par d’autres, et le débat s’est terminé loin de la démographie, sur les mensonges du gouvernement, le scandale du Covid, la main-mise des laboratoires pharmaceutiques, la vénalité des scientifiques et des médecins, etc

     

    CR rédigé par Jean-Jacques Vollmer

     


  • Commentaires

    1
    Pierre M.
    Mercredi 31 Janvier à 23:17

    La lecture de ce CR ne manque pas d’inquiéter. Comment est-il possible qu’un texte introductif aussi riche de promesses d’un débat passionnant a-t-il pu déboucher sur pareille confusion ? Et avec aussi peu de participants. Pourquoi a-t-on laissé pareil désordre s’instaurer ? Il est déjà pénible que des échanges soient pollués par des considérations hors-sujet. Cela devient insupportable lorsque sont développés des propos qui frôlent les uns la misanthropie, les autres la xénophobie. Quand ils ne tombent pas dans des considérations complotistes de bas étage. Affligeant

    2
    charlotte
    Jeudi 1er Février à 11:49

    Nous n’étions pas 8 mais 5 adhérents à l’ouverture de la séance alors que le thème que tu proposais, Jean-Jacques, était des plus intéressants.  C’est environ trois quarts d’heure plus tard, alors que la discussion s’amorçait avec des propos de bon aloi, que sont arrivés l’un après l’autre deux de nos habitués suivis de peu par la dame inconnue que tu mentionnes dans ton CR. A partir de là tout a dérapé et cela de façon absolument inadmissible :  cette dame est arrivée avec beaucoup de retard, ne s’est pas présentée, n’a salué personne et n’a jeté qu’un coup d’œil distrait sur le texte d’introduction. De toute évidence le thème du jour ne l’intéressait pas, elle était venue pour imposer le sien.  Tu consacres Jean-Jacques le dernier paragraphe de ton CR au résumé de son discours, qui fut très long, débité par cœur, et qui a phagocyté tout le reste du temps imparti au débat ; il a été vivement applaudi par deux des participants. A la moindre contradiction nous étions renvoyés avec mépris dans le camp de la bien-pensance, de la pensée unique ...  C’est ce que tu appelles une discussion « musclée » alors qu’il n’y a eu que quelques remarques vite balayées : il valait mieux ai-je compris, se tasser sur son siège et subir.  

     Imaginons un dîner entre amis : tout le monde est à table, les plats sont servis, la discussion va bon train lorsque soudain une personne inconnue fait une entrée intempestive, s’installe à la table et impose que l’on change le menu. Et le maître de maison ne dit rien. Un tel culot, une attitude aussi grossière paraissent fort peu probables n’est-ce pas ? C’est pourtant ce que nous avons vécu samedi. 

    Tout comme une participante, je retiendrai l’excellence du texte d’introduction qui aurait pu davantage solliciter notre réflexion, cependant regrette amèrement la tournure qu’a pris la séance. Je la dénonce ici pour qu’une telle situation ne se reproduise plus jamais. 

     

     

     

     

    3
    charlotte
    Jeudi 1er Février à 12:39

    C'était mon "billet d'humeur" puisque la rubrique semble ne plus exister sur le blog. Il faut dire qu'elle était peu fréquentée.  

    4
    Pierre M.
    Jeudi 1er Février à 18:49

    Dans le règlement intérieur de toute association existe une clause qui définit ce que sont les comportements acceptables et inacceptables. Il existe aussi des responsables à qui il incombe de faire respecter les règles, des modérateurs désignés en début de débat chargés de faire respecter la décence et l’ordre. Au besoin de demander au perturbateur de sortir. Surtout lorsque ce perturbateur est un élément extérieur. Un minimum de fermeté est nécessaire.

    En tout cas il faudra refuser l’entrée d’un tel personnage, non invité, s’il a le culot de revenir semer la désinformation et la zizanie.

    5
    Laurent
    Lundi 26 Février à 21:40

    Visiblement, c'est toujours compliqué de remettre en question une éducation. Même quand elle va à l'encontre des éléments de logique les plus élémentaires de l'enseignement. Heureusement que certains réagissent dans ce cadre face à des incantations souvent gratuites, qu'on sent xénophobes ou qui aggravent insidieusement une problématique.

    Pour répondre au sujet : Il n'y a pas de mal à enfiler un préservatif mondialement, d'autant plus s'il est distribué gratuitement. Quant au progrès, il permet le vieillissement d'une population sans encombre, car il y a beaucoup moins de bras pour plus de produit. La dernière fois que ce fut l'inverse, c'est-à-dire beaucoup plus de bras pour moins de produit, nous étions dans cette illustration parlante de l'humain machine donc jetable. En principe, un roman assez compréhensible pour les enfants et les parents : Le Garçon au pyjama rayé, de John Boyne.

    Voilà une époque qui ne tolérait déjà pas d'écart dans la nature mais qui a fait de l'humain une machine jetable ! Une époque qui ne tolérait pas les poids au travail dans la société au seul motif de "la valeur travail" des individus. Dans ces heures sombres :
    Liberté fut remplacée par Travail,
    Égalité fut remplacée par Famille,
    Fraternité fut remplacée par Patrie.

    L'éducation de l'humain comme d'une machine jetable au profit de la nature comporte visiblement toujours, hélas, un militantisme aiguisé.

    6
    Laurent
    Lundi 26 Février à 22:11

    Toujours pas compris?
    Voici un exemple de savoir très élémentaire concernant le refus du préservatif ou le refus d'un produit du travail mécanique bien plus productif que l'humain :
    On ne rappellera jamais assez cette autre effroyable conséquence véridique d'une plus grande abondance de mains pour peu de produit (dit "travail, famille, patrie"), la réapparition du cannibalisme,
    voir l'article "20 décembre 1972. Le jour où les rugbymen cannibales sont sauvés" (Le Point).

      • Pierre M.
        Mercredi 28 Février à 18:19

        Quel rapport entre ces considérations cannibalistiques et le l'excellent topo de Jean-Jacques ?

        Le débat semble avoir été suffisamment parasité par une poignée de trublions pour ne pas y ,ajouter des considérations farfelues.

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