• Huit personnes étaient présentes.

    Le sujet proposé n’a suscité que peu d’interventions, car le débat s’est rapidement orienté vers des thèmes en relation avec le complotisme, ce qui a provoqué rapidement dans le petit groupe des échanges qu’on peut qualifier de « musclés » même s’ils sont restés globalement convenables.

    Concernant le thème dans sa formulation exacte, le texte d’introduction a été apprécié pour les informations chiffrées qui y figurent, mais considéré comme trop partisan de la nécessité supposée d’une décroissance de la population mondiale. En effet, peu d’arguments y figurent pour soutenir l’intérêt d’un maintien ou d’une croissance de la population. Cependant, à la question posée à deux reprises : « Quel est l’intérêt de vivre à 15 milliards plutôt qu’un seul sur Terre, même si l’impact environnemental est nul ? », personne n’a apporté de réponse.

    L’argument le plus intéressant, qui contredit très justement la thèse de la nécessité de décroître globalement est le suivant : si 20% de la population (en gros les pays riches) consomme 80% des ressources, il ne servirait à rien de réduire le nombre d’individus pauvres qui ne consomment presque rien. Il serait plus simple et plus efficace de réduire un peu la population « riche ». Néanmoins, dans un calcul « toutes choses égales par ailleurs », cela suppose que les populations pauvres restent pauvres, ce qui ne peut être un objectif. La solution réside en fait dans un double mouvement : orienter les comportements des pays riches vers la sobriété, et en même temps faire en sorte que s’améliorent les conditions de vie des PVD. Donc, plutôt que de réfléchir sur l’hypothèse utopique d’une diminution drastique et uniforme de la population mondiale, il vaut mieux travailler en profondeur sur l’aide au développement et la modification des comportements. Une chose est certaine : ni quatre, ni huit ni a fortiori quinze milliards d’individus ne pourront exister très longtemps avec le niveau de vie d’un américain ou d’un européen d’aujourd’hui.

    Ensuite, si on se base sur le scénario médian de l’ONU, il devrait apparaître un pic autour de 10 milliards et une baisse lente ensuite. D’autres scénarios ont été bâtis qui montrent une baisse plus rapide si les mesures connues prises en matière de comportements sont plus énergiques, notamment dans le développement de l'Afrique et la sobriété des pays riches.

    Compte tenu des chiffres de la fécondité dans les différentes régions du monde (nombre d’enfants par femme en âge de procréer dans une année donnée), il faudrait diversifier les politiques natalistes : faire remonter les chiffres de la natalité dans les pays occidentaux, et baisser ceux des PVD, sachant que les progrès en matière de santé font reculer les taux de mortalité infantile et augmentent l’espérance de vie.

    Il a été fait allusion à certaines actions ayant eu lieu dans le passé : au sortir de la dernière guerre, on avait besoin de bras pour reconstruire et il a été fait appel à des travailleurs étrangers immigrés ; à l’inverse, pour des raisons différentes, des actions peu éthiques ont été menées envers certaines populations indigènes, toutes fondées sur la stérilisation de masse (La Réunion, les aborigènes australiens, les ouigours, les indiens du Canada,…),

    Une précision a été apportée sur le terme « inertie démographique ». Lorsqu'à un moment donné la natalité est forte avant de diminuer, 20, 30 ou 40 ans plus tard il y beaucoup d’adultes en âge d’être parents. Le nombre de naissances reste donc important malgré la baisse de la fécondité. La mortalité étant faible, la population continue d'augmenter un certain temps. Il y a un décalage entre le moment de la baisse de la natalité et celui de la baisse de la population.

    Il a été précisé que le verset biblique « Croissez et multipliez » concerne tous les êtres vivants et non la seule espèce humaine, ce qui diminue l’importance de l’homme par rapport à l’ensemble de la Création. Toutefois, cela n’invalide pas le fait qu’une croissance forte dans un milieu fermé ne peut être soutenable.

    L’Inde et la Chine, qui regroupent à eux deux près de 40% de la population mondiale, ont tenté de mettre en place des politiques de réduction de la natalité. La politique chinoise de l’enfant unique a fonctionné quelque temps, mais maintenant qu’elle a été inversée pour des raisons économiques, la population ne suit pas malgré les traditions culturelles et les énormes moyens incitatifs mis en place. Les femmes ont pris le goût d’une certaine liberté, mais leur choix personnel se heurte toujours à une certaine emprise patriarcale qui perdure.

    Le vrai problème se situe en Afrique, où de nombreux états ont un taux de fécondité allant de 5 à 7 enfants par femme et une population très jeune (Nigeria, Niger, etc). Ce taux baisse néanmoins, mais il reste toujours l’idée que faire beaucoup d’enfants est une garantie pour être protégés quand on sera vieux.

    Un participant pointe le fait qu’on est de plus en plus gênés par les autres quand leur nombre augmente et que leur éducation, leurs valeurs baissent. Il prend l’exemple de la base de loisirs de Saint Quentin où il se promenait tranquillement le dimanche il y a trente ans, alors qu’aujourd’hui le lieu est envahi par les familles bruyantes, les barbecues, les déchets abandonnés, etc. Lorsqu’on est trop nombreux, cela provoque des conflits anodins ou graves simplement parce qu’on se « marche sur les pieds ».

    Il indique également qu’on est trop sollicités par des actions de solidarité envers des populations lointaines et nombreuses qui ne font rien pour nous et vivent à nos dépens…Cette position est vivement contestée, « l’enfer c’est les autres », mais « l’autre » peut aussi nous rendre heureux !

    Une grande partie de nos problèmes vient de l’excès et de la vitesse du progrès. Celui-ci nous permet de faire trop de choses sans se fatiguer, on devrait essayer de s’en passer. Il provoque   la perte de la valeur travail, des traditions, tout devient trop facile, il allonge la durée de vie, qui entraîne la relégation et l’abandon des vieux dans des EHPAD coûteux.

    Le texte d’introduction décrit un univers qui est loin de la réalité de la nature humaine. Si nous étions tous soucieux des autres, respectueux, raisonnables, vertueux, avec des tas d’esclaves mécaniques faisant à notre place la plupart de nos tâches, on s’ennuierait à mourir, et on se laisserait mourir : que pourrait-on faire d’intéressant dans une société fondée uniquement sur la prédominance des loisirs ?

    Une personne a exposé une thèse présentée comme factuelle, prouvée et sourcée. Le monde serait dirigé de manière occulte par 200 familles, les « mondialistes », qui imposeraient aux gouvernements une stratégie de communication filtrée et orientée, pour nous manipuler. Si la population augmente trop, les ressources disponibles vont baisser, et le profit de ces familles diminuer. Il faudrait donc « changer de paradigme » en réduisant drastiquement la population du globe par tous les moyens, comme le décrit Idris Aberkane (moins de ressources consommées), tout en maintenant le profit à leur usage qui se fonderait sur le développement de l’intelligence artificielle, la robotisation de l’industrie, la casse du modèle social et de la famille, pour mieux contrôler les individus.

    Cette thèse a été violemment contestée par les uns et approuvée par d’autres, et le débat s’est terminé loin de la démographie, sur les mensonges du gouvernement, le scandale du Covid, la main-mise des laboratoires pharmaceutiques, la vénalité des scientifiques et des médecins, etc

     

    CR rédigé par Jean-Jacques Vollmer

     


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  • Les réseaux sociaux de quoi parle-t-on ? Il y en a plusieurs sortes. Linkedin est un réeau social qui permet de trouver du travail, et ceux qui l’utilisent ont intérêt à donner leur nom, ils ne sont donc pas suspects de « fake news ». De même les sites Web ont pignon sur rue, et la vérité de leurs informations n’est généralement pas en doute, et leurs « tutoriels »  bien utiles ; cependant, ils peuvent se tromper, et par exemple les sites Wikipedia ne sont pas exempts d’erreurs, qui sont peu fréquentes et peuvent être corrigées. Les sites dont il est surtout question sont facebook, instagram et consort, qui demandent des pseudos seulement, et proposent des « like », c'est-à-dire parlent plus à l’émotion qu’à la raison. Cette émotion était plus ou moins nécessaire pendant le confinement, d’où le succès de ces réseaux à cette époque.

    C’est vrai qu’il est plus prudent de signer d’un pseudo que de son nom, car on trouve dans nos sociétés des « fous furieux » qui peuvent vous attaquer physiquement. De toute façon, toute information mérite d’être vérifiée, mais cela n’est pas toujours facile et demande du temps, ce que nous n’avons pas en général.

    Il est exact que les réseaux sociaux n’ont pas été les seuls à propager volontairement des erreurs : les politiques s’en chargent parfois aussi: exemple : le nuage de Tchernobyl qui évite la France en 1986, ou encore l’invalidité des masques pendant le début de la pandémie en 2023 ; mais ne pas confondre les politiques et les scientifiques.

    Question : les courbes présentées par le GIEC à propos du réchauffement climatiques, ont-elles été « travaillées », c’est dire falsifiées. On aimerait des précisions à cet égard.

    Un des problèmes actuels est qu’une partie des jeunes ne s’informent que par les réseaux sociaux, ce qui d’ailleurs ne leur donne pas envie d’aller voter.

    Les sciences utilisent pour valider un résultat un protocole sévère, avec publications dans des revues à « referees », c'est-à-dire à des personnes travaillant sur le sujet, et non des « pontes » qui ne connaissent pas le sujet. Il peut malgré tout y avoir des erreurs, rarement, mais cela n’a rien à voir avec ce qu’en dit n’importe qui à la recherche de « likes », ce qui est bien plus souvent erroné. En particulier, le Professeur Raoult n’avait guère de soutiens dans sa communauté scientifique, qui lui reprochait des erreurs évidentes dans sa façon de sélectionner les patients atteints ou non de la maladie.

    Le rôle de l’état dans la répression des « fake news » a été critiqué. Selon un participant, c’est l’Etat qui donne les informations à sa guise ; mais un autre participant a signalé qu’en France, il y avait des contre pouvoirs.

    La mondialisation serait-elle responsable des mensonges du web ?C’est vrai que la mondialisation, malgré des avantages certains, a laissé en chemin les classes populaires, qui se sont rapprochées du RN. Mais le RN est-il reponsable des mensonges des réseaux sociaux ? Peut-être mais ce n’est pas prouvé.

    Plusieurs participants ont déploré l’ambiance de doute incluse dans les réseaux sociaux. Peut-on vivre en doutant de tout ?Peut-être devrait-on seulement rester prudent.

    La gratuité du web a été mise en doute. Les infos sur nos connections sont revendues à des politiques ou des politiques, qui les utilisent pour leurs campagnes électorales ou de publicité . D’autre part, chaque connexion, et surtout chaque envoi de photos ou de documents a un certain coût que nous ne connaissons pas (Voir la B.D. de Jancovici).

    C.R. rédigé par Benoit Delcourt.


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  • CR dudébat du 16 décembre 2023

    14 personnes se sont réunies ce samedi 16 décembre pour débattre autour du sujet dont le titre pour le moins abrupt : « ON VA TOUS MOURIR ! », a tout de suite mis l’assemblée de joyeuse humeur.

    « On le savait ! », se sont exclamés certains. Mais le titre ne parlait pas d’une mort pépère, telle que chacun la souhaite : survenant le plus tard possible, l’agonisant confortablement installé dans un lit douillet, entouré de soins et des siens. Dans le texte qui suivait il fallait plutôt comprendre, comme le résume une chanson entendue récemment : « On va tous crever, la fin du monde nous guette et nous, on fait la fête… »

    Ce texte a paru pessimiste : il l’est ! Fataliste aussi. Il brosse un tableau bien sombre d’une espèce animale différente des autres : les Humains. Ils y sont décrits comme des enragés sanguinaires, saccageant tout sur leur passage. Alors que, l’a fait très justement remarquer une participante, les Humains sont des êtres doués d’une merveilleuse intelligence, d’un bel esprit qui les a conduits à faire des chose bonnes et admirables. Cela est tellement vrai ! Cette réflexion ne supporte pas la contradiction et elle nous rassure, un peu, sur notre condition.

    D’ailleurs la violence est naturelle et inhérente à tout être vivant :   les animaux doivent se battre entre eux, pour se nourrir de la chair d’autres espèces, gagner un territoire et sauvegarder leur espèce. Il en va de même pour les plantes qui offrent un spectacle silencieux et absolument fascinant aux chercheurs qui les étudient[1].

    La violence est légitime lorsqu’il s’agit de se défendre contre l’agresseur. Chaque état dispose d’une armée composée de soldats formés pour la guerre, d’engins de mort de plus en plus sophistiqués. Si les guerres ont leurs règles éthiques, celles-ci ne sont pas toujours respectées : on ne peut nier qu’une guerre propre, sans crimes ni exactions, a jamais existé. Et puisque l’on compare la violence humaine à celle des bêtes, il faut bien admettre qu’un prédateur, tigre ou lion, poursuit et tue sa proie de façon qui nous paraît effrayante et cruelle ; c’est sans doute parce que nous ne voudrions pas être à la place de la victime. Cependant jamais les animaux ne commettent, comme le font les Hommes, de crimes crapuleux ou des exterminations de masses.

    La violence humaine est souvent injustifiée :il est même à déplorer qu’elle le soit partout et au quotidien !  En France se produit un féminicide tous les trois jours nous a rappelé une participante (en Afrique du Sud, on compte en moyenne trois féminicides par jour !)

    « L’horreur n’est pas pédagogique, elle ne sert jamais de leçon, mais plutôt de modèle pour faire mieux… ou pire ! » peut-on lire dans le texte. Chaque jour d’abominables faits divers font la Une de journaux et magazines qui se vendent comme des petits pains, et servent de scénarios pour des films et nombreuses séries télévisés qui connaissent un énorme succès. Comment expliquer cette fascination pour le crime, s’est interrogé un participant. Nous n’avons pas trouvé de réponse, ce voyeurisme pervers reste une énigme. A moins de revenir au texte qui entend que l’Homme est toujours en déséquilibre entre le bien et le mal.  

    Le débat a pris un tournant lorsqu’il a été question de de la responsabilité de l’Homme dans la détérioration de son environnement. Bien sûr, les volcans, tremblements de terre, glissements de terrains, déluges, ont toujours existé provoquant des milliers de victimes : ces catastrophes sont naturelles et donc ne sont pas du fait des habitants de la planète. Mais maintenant tout le monde, à part quelques rares mais tonitruants climato-sceptiques, admet que notre Terre est en danger…  pour ne pas dire en sursis. Si nous ne réagissons pas, oui, nous allons tous mourir, engloutis dans les crues des rivières, ou de soif, de chaud, de faim. Certaines régions du monde deviendront inhabitables. Des populations entières émigreront vers des contrées plus accueillantes. Accueillantes, vraiment ? Là encore on se battra pour garder « son manger »pour soi tout seul !

    Les solutions : nous avons traversé une séquence du débat quelque peu perturbée du côté des messieurs, ça frittait, disons-le clairement, au sujet de la courbe plus ou moins ascendante des degrés Celsius qui font que ça rougeoie dangereusement sur la surface de la Terre. Je les laisse donc, s’ils le veulent, développer calmement leurs arguments (que je ne suis pas parvenue à démêler)sur la rubrique des commentaires.

    Il faut, et cela sera très long, très difficile à mettre en place, bouleverser complètement nos habitudes de vie : revoir l’habitat, nos moyens de locomotion, l’habillement… Limiter notre consommation d’eau, de gaz, d’électricité, de viande aussi…  Quelle pédagogie adopter pour être entendu ? Pour que l’ensemble des habitants de pays surdéveloppés adoptent une nouvelle façon de vivre ? Remplaceront-ils gigots, rots et volailles par des larves de scarabées, grillées ? 

     Faut-il en revenir au temps où chaque région était autosuffisante ? On s’est souvenu de l’organisation des villes, minières ou industrielles, où les ouvriers étaient logés et chauffés gratuitement dans des maisons bâties les unes à côté des autres, en longère, près du lieu de travail. C’était le temps du paternalisme. Mais là, nous parlions d’un temps que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître.

    La natalité a baissé, cela n’est pas qu’un problème politique que pourrait régler une décision de l’état[2].(voir note en bas de page)

    Devant tous les problèmes qui se dressent devant nous, on peut chercher les coupables, condamner les chercheurs qui n’ont pas su trouver, les gouvernants qui n’ont pas pris à temps les bonnes décisions… on peut aussi se dire que, parfois la solution a des conséquences pires que le problème, d’où une prudence qui peut figer les décideurs.  Nous sommes tous responsables et nous trouvons tous désarmés, en désarroi, devant l’impossibilité de résoudre tous les problèmes en même temps. Alors lorsqu’on nous parle « espoir », on choisit « résignation » et plus rien ne bouge. Le plus fort sera celui qui s’adaptera… s’il a la chance de survivre. Il est arrivé que des espèces disparaissent, pendant que d’autres prolifèrent.

    Comme on le voit, le thème du jour a offert de nombreuses pistes de réflexions, et si parfois c’est un peu parti « en sucette » (puis-je me permettre l’expression) le débat fut riche, animé, intéressant.

    Aussi je remercie chaleureusement tous ceux et toutes celles qui y ont participé. A très bientôt pour d’aussi agréables rendez-vous. En attendant je souhaite à tous les amis du Café Débat, de très bonnes fêtes de fin d’année.

    Charlotte Morizur (19 décembre 2023)

     



    [1]Lire ou relire le texte de Pierre Marsal « peut-on s’inspirer de la sagesse des plantes ? » Avril 2022

    [2]Un thème sur la démographie nous étant promis pour bientôt nous n’avons pas davantage entamé ce sujet, très important, qui n’a été développé que succinctement au cours du débat. 


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  •  

    C.R. du 2 Décembre 2023.   La famille qu’est-ce que c’est? 

    Nous avons beaucoup parlé de l’évolution de la famille depuis le début du 20ème siècle.

    Au début de ce siècle, les règles de la vie en  famille étaient bien définies : le père était le chef de famille, il avait l’autorité, le pouvoir; la mère s’occupait du ménage et des enfants et ces derniers n’avaient pas beaucoup le droit de donner leur avis. L’honneur de la famille était sacré, les « devoirs conjugaux » plus que conseillés (!). Le père était là notamment pour séparer les enfants pré-ados de la tutelle maternelle (?). Evidemment, il y avait des abus : tel père qui gardait les vaches dans la montagne avait tendance à exagérer son autorité familiale! Cette ancienne organisation semblerait même générer quelques regrets! Pourtant, cette autorité dans la famille était bien souvent pesante. La famille était plus que maintenant l’endroit où l’enfant était protégé, l »est elle encore? Etant bien entendu que la protection signifie toujours une perte de liberté.

    En tous cas, la famille, qui reste la cellule de base de la société, n’est plus soumise à des règles identiques pour tout le monde, et on voit par exemple de familles organisées de différentes façons:  parents mariés, ou pacsés, familles recomposées, homosexuelles, etc…

    En fait, ce qui a bouleversé cette situation tient à deux choses : les enfants mouraient souvent en bas âges, et corrélativement, les femmmes accouchaient en moyenne de cinq enfants, , dont deux seulement survivaient. De plus, l’ère des robots domestiques (surtout après 1945) a beaucoup simplifié le travail dans la maison et aussi a imposé l’urbanisation de la société, de par l’efficacité des machines agricoles. En conséquence, les femmes de la « classe moyenne », qui généralement « ne travaillaient pas » n’avaient plus grand-chose à faire et donc  se sont mises au travail, occupant des postes qui étaient autrefois réservés aux hommes. Autre caractéristique de la vie moderne : la durée allongée des études, les enfants restant plus longtempsà la chage des parents. La vie de famille a donc été bouleversée, et les hommes ont mis beaucoup de temps (trop!) à comprendre qu’il fallait s’adapter ; la mutation n’est pas encore terminée.

    Maintenant, la femme n’a plus besoin de la permission de son mari pour ouvrir un compte en banque, ou pour voyager avec ses enfants, comme c’était encore le cas en 1970.

    Il a beaucoup été question de l’importance de l’internet dans la vie de famille. L’internet favorise l’isolement, notamment des adolescents, puisque les rapports y sont virtuels, les commentaires faits sous des pseudos, donc anonymes. Il favorise beaucoup le harcèlement scolaire, (menaces par réseau social par exemple) bien que le harcèlement était déjà présent autrefois. Or l’isolement était autrefois combattu comme néfaste à la société. D’autre part , l’internet a souvent pris la place des parents pour l’acquisition des valeurs par les adolescents, si bien que ces derniers n’ont plus tellement de repères. Il favorise l’immédiateté (réponse immédiate à toute question), voir l’ »infobésité ». Bon, l’internet a parfois bon dos : est-il vraiment responsable dans les penchants égoïstes, hédonistes, paresseux des jeunes gens ?

    La famille traditionnelle n’est plus l’ unique possibilité : on voit des familles recomposées, des tribus même, où des couples séparés contribuent à des « tribus » communes, où l’on ne sait plus qui sont les parents de qui. Et le modèle du mariage d’amour a bien montré ses limites : la passion amoureuse n’est en général pas durable, il va falloir gérer le quotidien, les habitudes, ce qui a peu de chose à voir avec la passion initiale. Sans doute faudrait-il que les parents discutent plus avec leurs  ados de la nécessité, pour former un couple durable, de se mettre d’accord entre fiancés sur les fondamentaux de la vie commune, en se méfiant des passions passagères.

    Le livre du philosophe Allemand Hartmut Rosa a été cité : »Pourquoi la démocratie a besoin de la religion ? ».

    Il a été aussi question de la surcharge de travail dans notre société. Pour tous les postes à responsabilité, le nombre d’heures de travail n’est pas limité, et comme ces postes à responsabilité augmentent en nombre (?), la durée du travail augmenterait en France, ce qui aurait des conséquences néfastes sur la famille.

    Benoît Delcourt, avec l’aide de Daniel Soulat.

     

                                                                


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  • Les crises des temps modernes sont-elles de graves menaces pour notre modèle civilisationnel ? (invitation à la prospective)

     

    En dépit de changement d’horaire, dû aux risques de chahut pendant la retransmission d’un match de rugby, la séance a réuni 16 participants, dont deux nouveaux.

     

    Comme de coutume, le sujet proposé a été peu abordé : les diverses thématiques qui y étaient présentées ont surtout provoqué de nouveaux questionnements et des réponses diverses. Pour autant ce ne fut pas moins intéressant et animé.

     

    La démarche prospective, même si elle fut quelque peu oubliée, a nécessité quelques éclaircissements. La prospective « science de l’homme à venir » dont le concept assez récent a été formulé – un intervenant l’a cité –par Gaston Berger, s’oppose aux autres méthodes de prévision, mathématiques notamment, en ce qu’elle est interdisciplinaire et introduit des paramètres qualitatifs. Ce sont les Américains qui, les premiers, en firent usage à la fin de la dernière guerre mondiale.

    Il n’y a pas une seule méthode : les principales sont la méthode Delphi, celle des scenarios. Ce qui était proposé ce jour était beaucoup plus limité : à partir d’un thème particulier, tenter de relever les faits porteurs d’avenir et essayer, bien modestement, d’en tirer des conséquences. Mais, alors que ce texte se voulait seulement factuel, la plupart des intervenants l’ont jugé trop pessimiste.

     

    Principaux sujets abordés (regroupés de façon thématique), questions, réponses

    1. Un des principaux problèmes des temps à venir est la recherche permanente de l’équilibre entre consommation et population en croissance, Malthus l’avait bien vu. On devrait pouvoir compter sur les ressources de la mer.

    Il est vrai que Malthus s’était trompé. Bien plus, l’économiste danoise Ester Boserup, avait démontré au siècle dernier que, par le jeu de la pression démographique, la population est une richesse. A noter qu’elle s’était beaucoup préoccupée du rôle des femmes. On peut juger de la validité de sa thèse lorsqu’on observe qu’aujourd’hui la puissance et le rayonnement d’un Etat est très lié à l’importance de sa population (Cf. Inde).

    S’agissant des femmes, on insiste sur l’importance de leur éducation.

     

    2. Le concept de crise doit être explicité. Ce n’est pas nécessairement un événement négatif, c’est en tout cas une rupture, une mutation, attendue ou non, D’ailleurs on cite souvent le terme chinois qui traduit ce concept : wēi jī qui se décompose en deux caractères wēi qui signifie « danger » et pour « opportunité ».

     

    3. Tous les humains n’ont pas les mêmes responsabilités dans les crises. Chaque Américain pèse plus que bien d’autres pour ce qui concerne la consommation de ressources (énergie en particulier).

     

    4. Les vraies crises de notre temps ne sont pas économiques mais culturellesC’est là une vérité qui gêne (voir ci-après § 5). En premier lieu il faut donc dénoncer l’ignorance. Sont cités également, en vrac, le travail aliénant, la recrudescence de dépressions chez les jeunes, les complications administratives françaises, ainsi que leurs contraintes (comme toujours est citée l’obligation vaccinale que quelques-uns réprouvent),  les contraintes communautaires européennes, l’ultralibéralisme, les excès de la normalisation, la prégnance de réseaux sociaux, la culture de l’individualisme...

    On insistesur la complexité du monde moderne qui ne permet pas de comprendre la situation présente. Est évoquée aussi la question de la responsabilité de l’homme, érigée en principe par Hans Jonas.

     

    5. L’accent est mis sur le spirituel et le culturel. Sur la question des valeurs. La question est posée « Qu’est-ce qui fait d’un bébé un homme » (une féministe pure et dure pourrait ajouter « une femme »). C’est un processus très complexe. A titre d’exemple, on cite un point de vue énoncé par le sociologue Henri Mendras qui expliquait le comportement cyclothymique des Russes par la façon dont ils étaient emmaillotés bébés, très serrés, provoquant périodes de contraintes suivies d’heureuses libérations.

    Le comportement des êtres humains dépend donc largement du contexte culturel. Y a-t-il choc des cultures ? En tout cas il n’y en a pas une qui soit supérieure à l’autre. Différence ne veut pas dire supériorité. Et pourtant elles sont très différentes : citation est faite des  4 ontologies de Philippe Descola. Il y a en tout cas des difficultés de compréhension mutuelle.

     

    6. Comment mieux se comprendre ? Faut-il parler la même langue ? Une langue unique comme l’espéranto ? Pas réaliste. Chaque langue a son propre génie. Umberto Eco à « La recherche de la langue parfaite » montre qu’il n’y a aucune qui puisse traduire la totalité de l’expression humaine : l’impérialisme de l’anglais fait dégénérer cette langue. A la limite, pour lui, ce serait peut-être le langage des Aymaras, peuple indigène de Bolivie, qui serait le plus pertinent !

    En tout cas, si le bi- voire le multilinguisme est une chance, la langue française est un trésor qu’il nous faut préserver. Trésor en mutation dans le temps et dans l’espace. On peut regretter que nos responsables politiques n’en soient pas conscients (baisse des moyens des Alliances Françaises : on croit des investissements industriels ponctuels plus efficaces que l’investissement à long terme dans la culture. Ce n’est pas le cas des Chinois (Instituts Confucius).

     

    7. Enfin certains s’interrogent sur ce qui peut nuire à notre culture, à notre civilisation. Inévitablement la focale est dirigée vers le problème de l’immigration. Les avis sont assez tranchés.  On estime que tout migrant doit se plier aux règles du pays qui l’accueille. Mais n’y en a-t-il pas qui le refusent et deviennent des ennemis de notre civilisation ? C’est sans doute une minorité qui s’applique à détruire nos valeurs, mais on ne peut l’ignorer. Pourtant il ne faut pas tirer une règle générale de quelques cas particuliers : pour un Al Capone aux USA combien d’Enrico Fermi ou de Frank Sinatra ? C’est souvent un enrichissement culturel pour le pays d’accueil.

    Aléatoire et risquée, l’émigration est rarement un choix. Dans le passé le moteur en fut la famine (les Irlandais qui ont donné les Kennedy à l’Amérique), la pauvreté (les Italiens en Amérique du Sud,) De nos jours encore les guerres et la famine. Dans certains cas, comme en Afrique où existe le système de la tontine, les villageois se cotisent et donnent ainsi les moyens à l’un de leurs jeunes de s’expatrier, à charge pour lui de faire bénéficier à son village d’une partie des revenus qu’il pourrait tirer de son expatriation. Souvent nécessaire pour la survie de communautés, elle est très risquée et nécessite confiance et courage.

     

    P. M. 16/10/2023

     

    Note complémentaire

     

    Un participant habituel (Bruno) ne pouvant pas être présent à la séance avait envoyé ses observations par anticipation. Compte tenu de la densité des échanges, il n’avait pas été possible de les discuter. Les voici présentées ci-dessous, accompagnée (en italiques)pour la seconde de quelques commentaires de l’animateur du débat (PM)

     

    1°) - ... les crises ou les catastrophes ne sont pas toutes de même nature : Il y en a qui sont naturelles, d'autres résultent des ambitions des hommes, ou de leur manque de prévoyance. ...

     

    2°) - Dans la deuxième partie "Invitation à la prospective", tu sembles supposer que le réchauffement climatique est inéluctable ...

    Mais c'est désespérer de la sagesse humaine. Le réchauffement peut être contenu dans des limites supportables si les gens aisés de la planète, qui sont souvent aussi des diplômés des universités et capables de comprendre les impacts de leur mode de vie, admettent la démesure du mode de consommation matérielle qu'ils ont atteinte, et comprennent que des limites doivent être posées à notre parc mécanique. On doit faire un usage à la fois plus sobre et plus convivial de ces outils mécaniques. Le bonheur est-il dans la multiplication des machines, ou dans les bonnes relations avec notre entourage humain ? Nous sommes face à un problème éthique, et c'est sur ce plan que nous devons interpeler nos concitoyens les plus aisés, en raison des responsabilités qu'ils exercent dans la société. 

     

    Certes on peut essayer de compter sur la sagesse des êtres humains. Quoique… Une chose est bien connue de tous les économistes et/ou psychologues, c’est la préférence pour le court terme. C’est encore plus vrai pour les hommes politiques. Les modestes engagements pris à l’unanimité de la COP21 de 2015 (conférence de Paris) de Paris n’ont pas été tenus. 

    Et,  tous les spécialistes le savent (Jean Jouzel par exemple) : c’est le stock actuel de CO2 et non le flux qui provoque ce réchauffement : même si nous n’émettions plus rien, le mal est fait. Évidemment il sera plus ou moins préjudiciable selon l’importance des émissions futures. En tout cas le réalisme n’engendre pas le pessimiste : l’espèce humaine est très résiliente. 

     

    P.M. 17/10/2023


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