• L'intelligence est-elle innée?

    L’intelligence est-elle innée ?

     

    Quand on se pose une question de cette nature, on a toujours besoin, avant d’essayer d’y répondre, de bien définir de quoi on parle.

     

    Nous avons ici deux termes à préciser : l’intelligence ; et ce qui est inné

     

    L’intelligence

     

    L’intelligence est un concept flou. Cependant, la définition la plus générale pourrait être celle-ci :

     

    L'intelligence est l'ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle. C'est aussi l'aptitude de l'être vivant à s'adapter à des situations nouvelles, à découvrir des solutions aux difficultés qui se présentent.

     

    Cette définition est sans doute un peu abstraite. Essayons de détailler un peu.

     

    La première phrase veut dire qu’on est intelligent quand on apprend vite ce qu’on nous explique, quand on comprend vite. Par exemple, quand on dit « Il est fort en maths », cela veut dire que la personne a compris rapidement ce que le professeur a expliqué, et qu’il sait l’appliquer pour résoudre les équations et les problèmes qu’on lui pose. « Il est fort en histoire, en géographie » : c’est un peu différent. Il s’agit là surtout de mémoriser des faits, des évènements, et de savoir les mettre en relation. En langue et littérature, c’est aussi la mémoire pour l’orthographe et la construction des phrases, mais aussi une grande compréhension du contenu, de ce qui est raconté dans un texte ou un discours.

     

    Avec cette première analyse, on peut déjà déduire que la force de l’intelligence est liée :

    -       à la capacité de mémoriser

    -       à la facilité de mettre en relation des faits et des évènements

    -       à la rapidité mise à effectuer ces opérations

     

    On peut également considérer qu’il existe différentes formes d’intelligence, le fort en maths pouvant être incapable de s’exprimer correctement, ou le prix Nobel de littérature incapable de faire une addition…

     

    La deuxième partie de la phrase  est plus difficile à expliquer.

    Prenons l’exemple d’un singe qui a l’habitude de recevoir chaque jour une banane qu’on lui met dans sa main. Un matin, cette banane est mise dans une boîte transparente avec un couvercle à glissière. Son degré d’intelligence sera évalué par sa capacité à trouver une solution pour atteindre la banane et la manger (casser la boîte, ouvrir le couvercle, etc), et par la rapidité avec laquelle il le fera. C’est un exemple « d’adaptation à une situation nouvelle »

    Une autre manière de s’adapter consiste à savoir transposer des solutions connues dans un domaine donné, à un autre domaine. C’est souvent le cas en innovation technologique, avec les petits malins, les bricoleurs qui trouvent toujours un truc pour résoudre un problème technique donné. Souvenez-vous de la série Mc Gyver…

     

    Mais elle aboutit aux mêmes conclusions que précédemment : mémoire analogique, mise en relations de choses très différentes d’où sort la nouveauté, rapidité pour le faire.

     

    L’inné

     

    Quelque chose est inné quand on le possède à la naissance, c'est-à-dire quand on le possède en soi avant qu’on ait appris quoi que ce soit.

    Un caractère inné est donc lié à notre corps, à nos caractéristiques biologiques à la naissance.

    Il faut ici faire une différence entre ce qui est inné et ce qui est héréditaire. Un caractère héréditaire est transmis génétiquement des parents. Par exemple, si vos deux parents sont blonds, vous avez toutes les chance de l’être aussi. De même toutes les ressemblances entre parents et enfants.

    Par contre, un caractère inné peut être nouveau, c'est-à-dire ne pas exister ni chez le père ni chez la mère, et résulter d’un accident de naissance ou de grossesse (pour la majorité des handicaps), ou être le résultat d’un nouvel agencement physique au niveau du corps ou du cerveau. Par exemple, une santé de fer, alors que les parents sont chétifs et souvent malades, ou encore l’intelligence dans la mesure où on peut penser qu’elle résulte, en partie au moins, de la qualité des connexions des neurones entre eux.

     

    Discussion

     

    La controverse porte sur la proportion d’intelligence qui est due aux caractères innés et aux caractères acquis, et partiellement sur l’hérédité de l’intelligence. Aux extrémités nous avons les deux affirmations suivantes :

    -       l’intelligence est un caractère purement biologique. Il résulte de la qualité des connexions neuronales, du nombre de neurones, et de plusieurs autres paramètres d’ordre purement physiques qui nous sont fixés une fois pour toutes à la naissance ;

    -       tout le monde naît avec un bagage physique à peu près équivalent, ensuite la différence est due à la qualité de l’éducation reçue et de l’environnement dans lequel on vit.

     

    En fait, comme toujours, la vérité est certainement quelque part entre ces deux positions extrêmes, qui ne sont pas réalistes :

    -       beaucoup de bébés naissent avec des handicaps physiques ou mentaux, lourds ou légers. C’est un fait. Donc, sans parler de handicap, on peut penser que tout le monde n’ayant pas le même cerveau avec le même nombre de neurones et de connexions, les facultés mentales potentielles ne seront pas de même qualité. Si votre nerf optique est abîmé, vous naîtrez mal voyant, et quoi que vous fassiez ensuite, jamais vous ne recouvrerez totalement la vue. Il en est de même pour les neurones : s’ils communiquent mal entre eux, vous risquez d’avoir une mauvaise mémoire, un raisonnement lent, des difficultés à parler, etc

    -       inversement, si vos parents vous laissent croupir dans un placard pendant votre enfance, quelle que soit la qualité de votre cerveau, jamais vous ne pourrez rattraper le retard pris pour parler, raisonner, effectuer des actes un peu complexes de la vie quotidienne, parce que ce sont des choses qu’on apprend étant petit et qu’on ne peut plus reconfigurer ensuite, malgré la « plasticité » du cerveau qui est aujourd’hui reconnue et qui caractérise sa capacité à réaliser certaines fonctions malgré la destruction des endroits où elles s’effectuent normalement,

    -       en usant d’une comparaison facile mais assez juste entre votre cerveau et un ordinateur, on peut dire que le cerveau à la naissance, c’est le « hard » de l’ordinateur, avec son disque dur, sa mémoire vive, son système d’exploitation câblé (le « Bios »). Ensuite, l’éducation y implante des logiciels (le « soft ») pour savoir manger, savoir parler, comprendre et interpréter le monde environnant, etc

    -       l’intelligence n’est pas un caractère héréditaire simple comme la couleur des yeux ou des cheveux qui sont portés par des gènes, mais le résultat d’un traitement sophistiqué  de l’information où interviennent d’une part les neurones et leurs connexions et d’autre part les informations venant du milieu extérieur (ouïe, vision, toucher, etc), brutes ou traitées grâce au langage et au raisonnement que nous donne l’éducation.

     

    Alors, qu’en est-il de l’intelligence ?

     

    Il semblerait que le consensus existe sur le fait que l’intelligence serait à 80% innée, mais pas forcément héréditaire. Il n’y aurait pas de « gène » de l’intelligence. Il n’y a pas d’hérédité des caractères acquis, en tout cas pas sur la durée d’une génération.

    De manière un peu provocante, on peut dire que :

    Si vous avez un excellent cerveau à la naissance, et une excellente éducation derrière, vous avez de bonnes chances d’être intelligent et de mieux réussir votre vie que les autres.

    Si vous avez un bon cerveau à la naissance, et une éducation ratée dans un milieu défavorisé ; vous pourrez vous en sortir, mais avec difficulté.

    Si vous avez un cerveau défectueux et une excellente éducation, votre intelligence ne sera pas miraculeuse et aura peu de chances d’être inventive et originale.

    Et bien sûr si votre cerveau est mal fichu et votre éducation aussi, vous risquez fort de ne rien comprendre à ce qui vous entoure…

     

    Enfin, l’être humain est un tout. L’intelligence n’en est qu’une des caractéristiques, il y en a bien d’autres. Parmi les plus proches de l’animal, il y a nos instincts, tous liés à la survie : se nourrir, se reproduire. L’intelligence est ce qui nous différencie le plus de l’animal.

    Parmi les autres, la personnalité joue un rôle essentiel, souvent aussi crucial que celui de  l’intelligence pour conduire sa vie : volonté, ténacité, ouverture,d’esprit, courage, etc

     

    Questions

     

    Trouver des exemples allant dans le sens de l’inné ou de l’acquis de l’intelligence

    Les différentes formes d’intelligence : lesquelles ?

    Comment devenir plus intelligent ? Les méthodes éducatives

    Commenter les papiers distribués

    Les tests de QI et la mesure de l’intelligence (quotient intellectuel)