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                 La France, pays « charitable » ?

    C’est du moins ce qu ‘en dit l’ »Histoire Mondiale de la France », de P. Boucheron (Seuil), qui date cette tendance à 1954, et de l’appel à la radio de l’abbé Pierre, qui aurait déclenché, plus tard, dans notre République, toutes tendances confondues, les « french doctors » de Médecins sans frontières, et Médecins du Monde, A.T.D quart monde, les Restos du Cœur de Coluche, le Téléthon, et bien d’autres associations. Il a même été proposé de remonter plus loin et de voir dans les lois sociales de 1936 une tendance de notre Républiqueà la charité, mais cela a été contesté : ce serait plutôt une « conquête »…

    En tous cas,   depuis 1945, il a été reconnu que l’Etat  doit aider les précaires, ce qu’il fait  : RSA, Sécu, CMU, AME, etc. Pourtant, cela ne peut être suffisant :  par exemple, en ce moment, nous avons en France des réfugiés sans papiers, dont l’Etat ne peut par définition pas s’occuper, et que nous ne pouvons pas laisser mourir de faim !

     

    Charité versus solidarité.

    La charité consiste à s’occuper de qui vous est cher. C’est un mot employé par l’Evangile, et c’est pourquoi cela dérange ceux qui sont athées. Pourtant, si les chrétiens emploient volontiers ce mot que Saint Paul utilise souvent, et qui évite l’ambigüité du mot amour (philae, eros et agapé), ils n’en sont pas propriétaires. Et puis ce mot a des relents désagréables, et certains ont du mal à se libérer du mépris pour les pauvres, générés par des réflexions, entendues chez des « bonnes âmes », comme « ces objets sont trop bien pour eux », ou encore « on vient me manger dans le main », ou encore du paternalisme, qui a précédé l’Etat « providence » créé en 1945.

     Les athées et agnostiques préfèrent le mot « solidarité ». Pourtant, ce dernier terme a un sens légèrement différent, dans la mesure où il ne suppose pas de relations personnelles entre l’accueillant et l’accueilli (« bénéficiaire » pour les restos du cœur) ; c’est un mot volontiers employé par les responsables politiques.

    La charité ne s’adresse pour certains qu’aux personnes en état de détresse, comme par exemple aux victimes de l’incendie de Londres, ou de la guerre en Syrie. Et c’est vrai que nous voyons souvent des cas de détresse, comme celle, au Moyen Age, de ce pauvre qui a apitoyé Saint Martin. Pourtant, la mendicité est parfois interdite dans nos villes.

     Pour certains, la charité, contrairement à la solidarité,  s’adresse au prochain, quel qu’il soit, qu’il fasse partie de son clan ou non : l’écoute, la sympathie et l’empathie sont ses qualités principales, applicables à tout le monde. Elle l’aidera par tous les moyens, et pas seulement matériels : une présence humaine, une aide à retrouver du travail, à sortir d’une dépression, ou simplement à partager un repas ou une activité….

               Il est vrai que « faire la charité » à une personne qui n’a rien demandé humilie cette personne !

    La       La charité profite autant à l’accueillant qu’à l’accueilli : c’est une constatation que tous les bénévoles font.

    Elle concernerait plus le niveau personnel ou associatif, la solidarité étant plus l’apanage de l’Etat.

     Enfin la charité, dans sa version moderne, ne fait rien sans l’assentiment de la personne aidée : « jamais sans toi ».

     Les aides « solidaires » ou « charitables » peuvent être à très court terme (par exemple au « Samu social » ou aux « Restos du cœur »), ou à plus long terme comme la recherche d’un travail.

     En conclusion de ce paragraphe, tous les présents étaient pour la solidarité, chrétiens ou pas. Mais les chrétiens croient qu’ils devront rendre compte de leurs actes pour  « entrer au paradis » (dit par un athée, le paradis n’étant plus un mot d’actualité dans les Eglises).

     

    La solidarité.

     La solidarité, avons nous dit, est organisée par l’Etat, en Europe Occidentale, plus qu’aux USA ; c’est, si l’on veut, un paternalisme d’Etat. Le cas de l’Allemagne est spécial : il existe un impôt de solidarité, récolté par l’Etat et reversé aux œuvres caritatives de la religion indiquée par le contribuable (pas d’impôt pour un athée).

     Mais la solidarité est elle bien gérée ?

                Certains ont des doutes. En premier lieu, elle ne marche que si les agents de l’Etat font bien leur travail.

                 Et puis le problème est que la personne aidée ne sait pas d’où vient cet argent qu’on lui donne, et ne peut dire merci ! En plus, le nombre d’aides différentes peut être important, et on se peut se perdre dans toutes ces aides accordées, qu’il faudrait recenser personne par personne (le sont elles ?).

     En plus trop de solidarité aboutit à de l’assistanat, à donner du poisson plutôt qu’à enseigner la pêche, ce qui n’est pas le but recherché !

     

     Question : la solidarité s’étend elle à tous les êtres humains ? Il est à remarquer que le nombre de personnes ayant faim dans le monde n’a pas augmenté depuis 1945, alors que le nombre d’humains a doublé.

     Le premier devoir de solidarité de l’Etat est de trouver du travail à tout le monde. Pour cela il doit s’occuper autant de la production (« l’offre ») que de la redistribution (« la demande »). C’était le cas pendant les « 30 glorieuses », mais cela ne l’est plus, suite à la compétition entre les différents quartiers du « village planétaire ». Depuis une dizaine d’années, la France a créé bon nombre d’emplois, contrairement à ce qui a été dit,  mais pas assez pour compenser l’arrivée supplémentaires de candidats au travail.

      Il faudrait que l’humanité travaille plus en coopération (cf. Airbus) qu’en compétition (cf. délocalisations)!

     Faudrait-il que les retraités abandonnent certains privilèges liés à leur génération très chanceuse ?  En tous cas, généralement, ils ne gardent généralement pas tout leur argent pour eux, et aident leur famille en cas de besoin.

     La solidarité, comme la charité s’étend elle aux animaux ? On peut être ému par les souffrances des bébés phoque, le sommes nous pour la sole que nous grillons dans notre poêle ?

    Conclusion d’André : pour aider quelqu’un, il faut d’abord  avoir de l’estime pour elle. La solidarité n’est pas nouvelle : on peut en trouver des traces dans le préhistoire, en direction d’handicapés. Enfin il est important de connaître la culture de l’autre.

     Conclusion de Bruno : pour le logement, il faudrait permettre de fabriquer des logements précaires, malgré le barrage de certaines communes. Enfin, n’y aurait-il pas trop de pêcheurs (sachant pêcher donc) pour une réserve de poisson limitée ?

     

    Compte rendu rédigé par Benoît Delcourt

     

     

     

     

     


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  • Compte-rendu du café débat du 10 Juin 2017 :

     

    « Face à l'ambivalent pouvoir conféré par la connaissance,
    aurons-nous la sagesse d'en disposer pour le meilleur? »

     

    Connaissance.

               Ethymologiquement, connaissance signifie naissance avec ; c’est ainsi que je nais à la géométrie en apprenant les théorèmes de base. Et si je suis « né », je peux agir ! 

    Elle peut être livresque ou tirée du vécu. On ne peut la confondre avec l’avis de la majorité, mais de l’analyse des faits.

    Elle a trait aux sciences, certes, mais aussi aux arts et aux lettres, là où l’intuition joue un plus grand rôle, et où rien n’est « démontré ».      De ce point de vue, le cas de Pompidou, littéraire plus que scientifique, est exemplaire.

    Une image : la vérité est un cercle, et la connaissance est un polygone enfermé dans ce cercle, donc toujours de moindre surface !

    La connaissance et l’érudition sont liées. Pourtant l’érudition, une connaissance pour la connaissance, serait marginale, car volontairement découplée de l’action. C’st toute l’opposition entre « tête bien faite » (attribuée à Montaigne) et tête bien pleine (à Rabelais) ; un équilibre entre les deux semble souhaitable.

     

    Connaissance et action.

     

    Il y a trois sortes d ‘attidudes :

             Ne pas savoir, mais agir (cela semble le cas de Donald Trump, le climato-sceptique) , savoir et ne pas agir (science fondamentale, institutions de l’ONU ou de l’Organsiation internationale du travail, sans moyens de faire appliquer les lois), et enfin savoir et agir (ingénierie).

    Cette ambivalence entre connaissance et action serait un avatar de l’opposition séculaire entre le « spirituel » et le « matériel ».

    Le manque de connaissances serait évident dans la défaite de 1870.

    Conjuguer Force et action est le meilleur moyen de dominer.

    La connaissance et l’action sont deux pouvoirs différents. On sait que dans un société équilibrée, il faut que le pouvoir (politique, dans l’action) soir équilibré par un contre-pouvoir, dont fait partie la connaissance : on ne peut faire ce qui est contraire à ce qu’on sait. Question : les politiques ont-ils des connaissances suffisantes ? Difficile à dire, mais en tous cas, un homme politique doit s’entourer de personnes qui ont ces connaissance!

             Le cas de deux diplômés en philosophie a été cité : l’un a choisi d’être avocat, l’autre chef d’entreprise. Qu’est ce que cela a à voir avec la philo ? Beaucoup ! Ce qu’ils ont appris dans ces études leur sert dans leur façon de défendre des mis en examen ou de gérer des humains. Ils sont passés, disent ils, de la théorie à la pratique.

     

              Les risques du savoir.

    Le savoir n’est pas sans danger. Exemple : le « couteau suisse » en Biologie, inventé par deux chercheuses (une Française et une Américaine) , qui permet de couper dans l’ADN les parties indésirables, et modifier ainsi le génome. Magnifique « avancée » (niveau prix Nobel), mais dont les risques d’eugénisme sont évidents, sans compter qu’on ne peut imaginer toutes les conséquences (une « commission d’éthique », comme on fait en France, serait elle un bon par-feu ?). Autre exemple plus lointain : la découverte par Fermi et ses étudiants, que les neutrons ralentis pouvaient amener à un réaction en chaîne, à la bombe atomique. Dans ces cas, l’excitation des scientifiques, bienvenue à première vue, n’exclut pas une utilisation inopportune de leurs résultats.

    Dans tous les cas, ces risques seraient liés à un climat de guerre, militaire (bombe atomique) ou économique (dividendes gigantesques).

    Les grecs connaissaient déjà ces risques : voire le mythe de Prométhée, puni pour avoir enseigné le feu aux humains(voir le texte d’introduction). Cependant, Prométhée est inséparable de son frère Epiméthée, qui avait oublié l’Homme dans sa distribution des dons aux divers animaux…Le mythe de Prométée se prolonge chez les chrétiens par la figure de « Lucifer », celui qui apporte la lumière, autre nom de Satan ! Et aussi de Léviathan, qui fait peur !

    Ce risque du savoir a été ressenti à toutes les époques : sous la révolution : «le peuple n’a pas besoin de savoir lire », « la République n’a pas besoin de savants » (Lavoisier) ; jusqu’en 1945, les femmes étaient exclues des études au delà du brevet ; dans certains pays musulmans, l’école ne sont que « coraniques » ; certains des Etats-Unis refusent l’enseignement du Darwinisme.

    Autre inconvénient : le savoir avance à une vitesse souvent plus grande que le droit. Par exemple, il semblait normal il y a une siècle d’arroser ses plantes avec l’eau du puits. Mais l’électrification a amené des pompes très puissantes, qui peuvent s’attaquer au niveau des nappes phréatiques. Il a fallu beaucoup de temps pour que créer une autorisation de pomper à ces vitesses, et des dégâts ont eu lieu pendant ce temps. Dans le même sens, il faudrait maintenant rationner l’utilisation des automobiles et des avions, pour limiter le réchauffement climatique : nous n’y sommes pas encore ! Une autre solution pour ce problème serait peut-être de limiter l’expansion démographique, comme proposé en 1972 aux USA.

     

                     Les bienfaits du savoir.

    Toutes les connaissances accumulées depuis un siècles ont permis d’éviter la famine à quelques milliards d’humains,  alors que la population de la terre a doublé ! Ce qui n’empêche d’ailleurs pas que 40% des humains soient mécontents de leur sort !

    Les actions les plus spectaculaires que nous connaissons sont liées à la réalisation de « projets », où l’on coordonne  les acquis de différents domaines, comme Airbus, ou, plus modestement les «robots cueilleurs de pommes »( pas encore tout à fait au point, paraît-il).

    Dans le même ordre d’idées, l’équipée de Rosetta n’aurait pas été possible sans  des connaissances approfondies dans beaucoup de domaines.

    Et puis le savoir engendre le savoir. Par exemple, la connaissance des planètes du soleil a permis la découverte de la dernière planète ; celle du tableau de Mendeleev a pemis de trouver d’autres éléments qui manquaient sur ce tableau…..

     

                  L’Education nationale.

    Cette institution a été très critiquée. Elle masquerait aux enfants la nécessité de faire des efforts pour apprendre, privilégiant l’aspect ludique qu’on constate chez beaucoup de sujets. (point contesté). Même, elle « priverait «  25% des enfants de savoir lire et écrire !

    Quand on a installé le protocole « qualité totale » chez Renault, les ingénieurs ont mis du temps à comprendre son utilité. (voir à ce sujet le commentaire détaillé n°2 tout en bas de cette page) Pourquoi n’y a-il pas un protocole similaire dans l’E.N. N’y aurait-il pas un nombre important de parasites parmi les enseignants (réaction : un être humain n’est pas une voiture !).

     

                      Les conditions de l’apprentissage scientifique.

    Une qualité primordiale est l’humilité : on n’avance en science que par des « coups de pied dans le derrière ».

    Il a été avancé que la science découlait du « bon sens », par opposition au « sens commun ». Vive contestation ! On ne pourrait pas dire que Newton ait résisté à l’accusation de sorcellerie, en exposant que les masses avaient  une action à distance, uniquement avec du bon sens ! Et quid de la physique moderne, qui est absolument contraire au bon sens, comme au sens commun ? (Sur ce point, lire le droit de réponse dans le commentaire n°1 de ce texte, en bas de cette page.)

    Plutôt que de bon sens, il a été proposé de mettre en avant la remise en cause de ce qu’on pensait jusqu’alors, recadrage souvent difficile. Il est même parfois nécessaire de lutter contre le formatage acquis par l’éducation.

    Il a été remarqué que l’apprentissage se fait maintenant aussi dans le cadre de l’entreprise.

     

                  Internet et la diffusion des connaissances.

    Internet semble un moyen extraordinaire pour la diffusion des connaissances….. pour ceux qui savent s’en servir. Pour les autres, ce serait plutôt le contraire, car sur ce réseau traînent des « fausses nouvelles » qu’un esprit critique peut éliminer. Or l’esprit critique est précisément ce que l’E.N. est chargée d’enseigner, et ceux qui n’ont pas réussi à l’avoir sont désavantagés.

    Ce problème n’est pas vraiment nouveau : au 15ème siècle, du fait de l’invention de l’imprimerie un peu avant, les connaissances sur la bible ont explosé, ce dont à profité Luther : des traductions de la Bible ont été faites par les protestants, qui n’étaient pas identiques à celles des catholiques. Mais cela ne profitait guère à la majorité des humains, qui ne savaient pas lire!(Sur ce point, lire aussi  le droit de réponse dans le commentaire n°1 de ce texte, en bas de cette page.)

     

    Dans sa conclusion, André Hans a regretté qu’on n’ait pas plus parlé du pouvoir de la connaissance.

                            Compte rendu rédigé par Benoît Delcourt

     

     

     

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