• C.R du débat du Samedi 27 Juin 2017 : la charité apporte un soulagement, mais est-ce la solution?

     

                 La France, pays « charitable » ?

    C’est du moins ce qu ‘en dit l’ »Histoire Mondiale de la France », de P. Boucheron (Seuil), qui date cette tendance à 1954, et de l’appel à la radio de l’abbé Pierre, qui aurait déclenché, plus tard, dans notre République, toutes tendances confondues, les « french doctors » de Médecins sans frontières, et Médecins du Monde, A.T.D quart monde, les Restos du Cœur de Coluche, le Téléthon, et bien d’autres associations. Il a même été proposé de remonter plus loin et de voir dans les lois sociales de 1936 une tendance de notre Républiqueà la charité, mais cela a été contesté : ce serait plutôt une « conquête »…

    En tous cas,   depuis 1945, il a été reconnu que l’Etat  doit aider les précaires, ce qu’il fait  : RSA, Sécu, CMU, AME, etc. Pourtant, cela ne peut être suffisant :  par exemple, en ce moment, nous avons en France des réfugiés sans papiers, dont l’Etat ne peut par définition pas s’occuper, et que nous ne pouvons pas laisser mourir de faim !

     

    Charité versus solidarité.

    La charité consiste à s’occuper de qui vous est cher. C’est un mot employé par l’Evangile, et c’est pourquoi cela dérange ceux qui sont athées. Pourtant, si les chrétiens emploient volontiers ce mot que Saint Paul utilise souvent, et qui évite l’ambigüité du mot amour (philae, eros et agapé), ils n’en sont pas propriétaires. Et puis ce mot a des relents désagréables, et certains ont du mal à se libérer du mépris pour les pauvres, générés par des réflexions, entendues chez des « bonnes âmes », comme « ces objets sont trop bien pour eux », ou encore « on vient me manger dans le main », ou encore du paternalisme, qui a précédé l’Etat « providence » créé en 1945.

     Les athées et agnostiques préfèrent le mot « solidarité ». Pourtant, ce dernier terme a un sens légèrement différent, dans la mesure où il ne suppose pas de relations personnelles entre l’accueillant et l’accueilli (« bénéficiaire » pour les restos du cœur) ; c’est un mot volontiers employé par les responsables politiques.

    La charité ne s’adresse pour certains qu’aux personnes en état de détresse, comme par exemple aux victimes de l’incendie de Londres, ou de la guerre en Syrie. Et c’est vrai que nous voyons souvent des cas de détresse, comme celle, au Moyen Age, de ce pauvre qui a apitoyé Saint Martin. Pourtant, la mendicité est parfois interdite dans nos villes.

     Pour certains, la charité, contrairement à la solidarité,  s’adresse au prochain, quel qu’il soit, qu’il fasse partie de son clan ou non : l’écoute, la sympathie et l’empathie sont ses qualités principales, applicables à tout le monde. Elle l’aidera par tous les moyens, et pas seulement matériels : une présence humaine, une aide à retrouver du travail, à sortir d’une dépression, ou simplement à partager un repas ou une activité….

               Il est vrai que « faire la charité » à une personne qui n’a rien demandé humilie cette personne !

    La       La charité profite autant à l’accueillant qu’à l’accueilli : c’est une constatation que tous les bénévoles font.

    Elle concernerait plus le niveau personnel ou associatif, la solidarité étant plus l’apanage de l’Etat.

     Enfin la charité, dans sa version moderne, ne fait rien sans l’assentiment de la personne aidée : « jamais sans toi ».

     Les aides « solidaires » ou « charitables » peuvent être à très court terme (par exemple au « Samu social » ou aux « Restos du cœur »), ou à plus long terme comme la recherche d’un travail.

     En conclusion de ce paragraphe, tous les présents étaient pour la solidarité, chrétiens ou pas. Mais les chrétiens croient qu’ils devront rendre compte de leurs actes pour  « entrer au paradis » (dit par un athée, le paradis n’étant plus un mot d’actualité dans les Eglises).

     

    La solidarité.

     La solidarité, avons nous dit, est organisée par l’Etat, en Europe Occidentale, plus qu’aux USA ; c’est, si l’on veut, un paternalisme d’Etat. Le cas de l’Allemagne est spécial : il existe un impôt de solidarité, récolté par l’Etat et reversé aux œuvres caritatives de la religion indiquée par le contribuable (pas d’impôt pour un athée).

     Mais la solidarité est elle bien gérée ?

                Certains ont des doutes. En premier lieu, elle ne marche que si les agents de l’Etat font bien leur travail.

                 Et puis le problème est que la personne aidée ne sait pas d’où vient cet argent qu’on lui donne, et ne peut dire merci ! En plus, le nombre d’aides différentes peut être important, et on se peut se perdre dans toutes ces aides accordées, qu’il faudrait recenser personne par personne (le sont elles ?).

     En plus trop de solidarité aboutit à de l’assistanat, à donner du poisson plutôt qu’à enseigner la pêche, ce qui n’est pas le but recherché !

     

     Question : la solidarité s’étend elle à tous les êtres humains ? Il est à remarquer que le nombre de personnes ayant faim dans le monde n’a pas augmenté depuis 1945, alors que le nombre d’humains a doublé.

     Le premier devoir de solidarité de l’Etat est de trouver du travail à tout le monde. Pour cela il doit s’occuper autant de la production (« l’offre ») que de la redistribution (« la demande »). C’était le cas pendant les « 30 glorieuses », mais cela ne l’est plus, suite à la compétition entre les différents quartiers du « village planétaire ». Depuis une dizaine d’années, la France a créé bon nombre d’emplois, contrairement à ce qui a été dit,  mais pas assez pour compenser l’arrivée supplémentaires de candidats au travail.

      Il faudrait que l’humanité travaille plus en coopération (cf. Airbus) qu’en compétition (cf. délocalisations)!

     Faudrait-il que les retraités abandonnent certains privilèges liés à leur génération très chanceuse ?  En tous cas, généralement, ils ne gardent généralement pas tout leur argent pour eux, et aident leur famille en cas de besoin.

     La solidarité, comme la charité s’étend elle aux animaux ? On peut être ému par les souffrances des bébés phoque, le sommes nous pour la sole que nous grillons dans notre poêle ?

    Conclusion d’André : pour aider quelqu’un, il faut d’abord  avoir de l’estime pour elle. La solidarité n’est pas nouvelle : on peut en trouver des traces dans le préhistoire, en direction d’handicapés. Enfin il est important de connaître la culture de l’autre.

     Conclusion de Bruno : pour le logement, il faudrait permettre de fabriquer des logements précaires, malgré le barrage de certaines communes. Enfin, n’y aurait-il pas trop de pêcheurs (sachant pêcher donc) pour une réserve de poisson limitée ?

     

    Compte rendu rédigé par Benoît Delcourt

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    charlotte
    Mercredi 21 Juin 2017 à 11:51

    PETITE RECTIFICATION A PROPOS DE SIANT MARTIN : il est né quelques 150 ans avant  la chute de l'Empire Romain Occidental, et donc nous ne sommes pas encore au Moyen-Âge. Saint Martin  s'est converti très tôt au christianisme et, s'il fut un soldat chargé par Rome de contrôler le bon ordre de la citée, il consacra sa vie aux principes de la chrétienté. On le représente souvent tranchant son manteau en deux pour en donner une partie à un miséreux transi de froid. Il ne l'a pas tranché dans le sens vertical comme on peut le voir sur les images ou sculptures qui le représentent : l'Empire fournissait à ses soldats une cape,  très ample afin de  faciliter la tenue à cheval et les soldats pouvaient - à leurs frais - doubler cette cape d'une fourrure cousue à grands points ;   ainsi  s'enlevait-elle facilement lorsqu'arrivaient les beaux jours. C'est donc dans le sens de l'épaisseur que Saint Martin divisa son manteau et il donna la fourrure au pauvre homme.

    Que l'homme ait demandé de l'aide ou que Saint Martin l'ait aidé spontanément, cela n'ait point dit dans la chanson, mais est-ce important ? Cet acte de "générosité"  (je n'ose pas dire de charité) parmi beaucoup d'autres,  a marqué les esprits.

     

    Saint Martin était évêque de Tours et c'est là qu'il fut enterré.  Sa tombe fut protégée par une clôture en or massif que jamais personne n'osa profaner... jusqu'à ce que François 1er, qui avait besoin d'argent pour sa guerre d' Italie, la fit arracher et transformer en pièces d'or. (ça, je l'ai appris d'une maîtresse d'école, une religieuse, qui vouait toute son admiration à Saint Martin.) (A vérifier donc !... mais les religieuses ne mentent pas, c'est bien connu !)

     

     

    2
    charlotte
    Mercredi 21 Juin 2017 à 20:38

    Houps ! Cela "n'est" point dit dans la chanson... Veuillez me pardonner.

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