•   Ce texte a été créé à la suite de l'exposé d'Évelyne Berger et de Francine Colette : "Qu'est-ce que l'accomplissement personnel". Évelyne ayant demandé si quelqu'un voulait bien présenter une expérience sur la maladie, j'ai accepté, et vu les débats, j'ai proposé d'écrire un texte présentant la conscience réflexive qui est le moteur de l'accomplissement personnel.

         Mais avant d'aborder cette conscience, définissons ce que sont les mondes extérieur et intérieur, connais-sance nécessaire à la compréhension de ce qu'est la conscience réflexive.

    Le monde extérieur désigne tout ce qui est concret et extérieur au corps humain. Ce monde nous est offert, en état de veille, car perçu par nos cinq sens. En font également partie l'anatomie et la physiologie de notre corps dont les sensations pénètrent dans le champ de la conscience (mal au genou, au ventre... ; avoir faim ou soif, avoir la sensation d'étouffer, l'envie de pleurer...). Ici les pensées sont évidemment intérieures à l'esprit mais ce qu'elles représentent sont bien à l'extérieur de celui-ci, d'où le nom.

    Le monde intérieur désigne l'esprit humain, spirituel par essence, immatériel et incorporel. Ce qualificatif de spirituel, comportant deux acceptions, couvre deux réalités de la vie : la première représente le principe pensant en général, à savoir la vie psychique, c'est-à-dire les vies affective et intellectuelle, c'est la partie consciente du psychisme. La seconde représente la partie inconsciente du psychisme et la nature intime de l'être humain (son âme pour les chrétiens). Ce second monde est ce qu'il y a de plus profond dans l'esprit humain, de plus secret aussi. Pour preuve le contact avec lui n'est ni direct, ni spontané car il n'est pas perçu, comme le monde extérieur, par des sens spécifiques. Il faut aller le "chercher". Monde intérieur car les pensées le concrétisant sont de toute évidence intérieures à l'esprit et les objets* de ces pensées sont cette fois également intérieures à l'esprit puisqu'elles traitent du contenu de l'esprit lui-même. Ce monde ne devient intelligible que grâce à la conscience réflexive et à l'intelligence. La plupart des gens n'entrent plus en contact avec le monde intérieur du fait de l'influence du matérialisme primaire* dans lequel nous fait vivre la société actuelle, matérialisme qui n'a rien à voir avec les doctrines matérialistes de la philosophie.

    *Objet = pensée présente dans la conscience sur lequel le sujet* porte son attention pour effectuer des opérations de l'esprit.

    *Sujet = être pensant utilisant les mécanismes de pensée pour effectuer des opérations de l'esprit sur l'objet de pensée.

    *Matérialisme primaire : état d'esprit caractérisé par la recherche des jouissances, des biens matériels et de l'argent, qui se contente des aspects extérieurs, de la partie superficielle des êtres ou des choses.

     

    La nature a doté l'homme de la potentialité qui suit, qui traduit où nous en sommes dans notre évolution spirituelle. Il s'agit de rayonnements qui renseignent sur l'intensité des énergies émises par l'être humain traduisant les différents niveaux de vie atteints par lui. Cette potentialité se nomme l'AURA qui est la manifestation lumineuse des sept corps le constituant. Le premier étant le corps physique, il sert de base aux six autres corps dits subtils, s'emboitant à la façon des poupées russes, qui se manifestent chacun par un halo de lumière. Ces six corps, invisible à l'œil nu, sont en partant du corps physique : l'aura éthérique ou aura vitale qui décrit la vitalité physique du corps humain et donne des indications sur la gestation des maladies ; l'aura astrale ou aura émotionnelle qui décrit l'état émotionnel de l'individu ; l'aura mentale qui traduit l'activité mentale consciente de l'être humain (un mental bien structuré est déjà un beau résultat pour l'accomplissement de SOI) ; l'aura causale nous met en rapport avec le monde des causes premières, lesquelles font de l'être humain ce qu'il est. Les trois dernières auras traduisent la vie psychique : le MOI conscient et le MOI inné (connaissance du caractère, du tempérament, des aptitudes, des dons...) pour l'aura mentale, le MOI profond ou inconscient personnel et les déterminations générales (la conscience, la volonté, la mémoire, l'intuition,...) de la race humaine pour l'aura causale. C'est là que s'arrêtent la plupart des démarches d'accomplissement. La conscience réflexive, l'intelligence de la raison et celle du cœur sont très impliquées dans cette démarche. Les deux dernières : l'aura de vitalité divine et l'aura d'esprit divin sont le résultat d'une extraordinaire montée en puissance des énergies d'amour, d'abnégation et de volonté. La dernière conduit à la sagesse des hindous, des bouddhistes, des mystiques, des soufis... Mais pour extraire cette potentialité de sa latence, il faut l'avoir découverte, connaître son existence, en avoir compris l'importance : elle renseigne sur la qualité de nos deux vies spirituelles, et avoir le désir et la volonté de s'engager dans ce chemin malaisé de découverte et d'approfondissement de la connaissance de notre être intérieur, source de l'accomplissement de soi.

    D'ailleurs ce qui précède a été pressenti de longue date. HEGEL a compris que « la maxime du  connais-toi toi-même n'a rien à voir avec une simple invitation à l'étude du caractère et du tempérament de l'individu par lui-même, mais qu'elle constitue un appel à un effort de réflexion pour parvenir à une connaissance de ce qu'il y a d'essentiellement vrai en l'homme ». Hegel ajoute : « la tâche de se connaître soi-même, imposée aux Grecs par l'oracle d'Apollon doit être considérée comme une loi absolue de l'esprit lui-même ». Quant à JUNG il a écrit que l'être humain doit libérer son esprit des maladies psychologiques qui entravent son évolution, et que la connaissance de la vie intérieure doit être la recherche essentielle de toute une vie.

     

    Maintenant venons-en à la conscience réflexive. Cette conscience est la plus essentielle pour réaliser l'accomplissement de soi au delà de l'aura mentale. Elle est à la fois :

    primo, conscience de second niveau des consciences de premier niveau (conscience psychologique, morale, collective...). La conscience réfléchie "travaille" pour toutes les consciences de premier niveau. La conscience réflexive a pour mission, pendant l'élaboration des pensées par la conscience réfléchie ou pendant l'accomplissement des actes du sujet par cette même conscience, de contrôler les opérations de celle-ci, et même de corriger ses pensées et ses actes en cours d'exécution. Autrement dit le sujet fixe en même temps son attention élargie sur l'objet de pensée de la conscience réfléchie et sur l'objet de pensée de la conscience réflexive. On aperçoit son utilisation, par exemple chez les hommes politiques quand ils prononcent un discours et qu'ils ne veulent pas commettre d'impairs en parlant. Ils sont automatiquement amenés à parler plus lentement car ils exécutent deux opérations de l'esprit de niveaux différents, la première, de premier niveau : parler ; la seconde, de deuxième niveau, contrôler les mots que l'orateur emploie pendant qu'il prononce son discours (ce qui évite de faire des lapsus par exemple).

    - deuzio, conscience exclusive de la partie inconsciente du psychisme et de la nature intime de l'être humain. La conscience réflexive n'a aucun contact avec le monde extérieur, toutes ses opérations se produisant dans l'esprit, c'est la seule conscience qui a le pouvoir de pénétrer à l'intérieur de l'esprit humain pour atteindre : 1. la partie inconsciente du psychisme qui dissimule entre autre le moi inconscient  (caractère, tempérament, aptitudes,...non découvertes), les déterminations particulières de l'être humain (type d'intelligence, type de sensibilité, la conscience, la raison, l'intuition...) et les maladies psychologiques contenues dans l'inconscient personnel ou le ça de Freud, etc. 2. La nature intime qui cache les caractères généraux spécifiques : l'amour (aimer quelqu'un et non quelque chose), les principes fondamentaux de la morale, l'aura... La nature demande, avant de pouvoir pénétrer la nature intime de l'être humain, de se libérer des problèmes psychologiques importants qui entravent la vie, qui empêchent de la développer. La conscience réflexive ne peut pénétrer l'inconscient du psychisme qu'à partir de la prise de conscience de signaux émis par cette entité (lapsus, rêve, comportements anormaux, résistances,...). Ces signaux atteignent le champ de la conscience sans toutefois franchir un seuil d'intensité suffisant à partir duquel la conscience réflexive peut les saisir et les amener à la claire conscience. Sauf si le sujet fait intentionnellement attention à ces signaux et les capte, point de départ de la recherche des causes des maladies psychologiques. Toutes choses aidant à libérer l'esprit et parvenir à l'accomplissement de soi.

    La conscience réflexive ne peut fonctionner que si l'humain a le désir et la volonté de se découvrir, de ne pas vivre exclusivement dans le monde extérieur. Pour mettre en œuvre cette conscience il devra s'impliquer pleinement dans cette réflexion particulièrement profonde.

    Ce qui précède atteste que cette conscience réflexive est primordiale à l'accomplissement de SOI pour peu que l'être humain ait de l'ambition pour lui-même, non pas pour réussir dans la société et risquer de vivre dans l'illusion, mais pour réussir sa vie intérieure et vivre authentiquement sa vie.

     


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  • Descartes parle de « l’intuition évidente et la déduction nécessaire ». Romain Rolland précise : « C’est à l’intelligence d’achever l’œuvre de l’intuition », en accord avec Henri Poincaré :« C’est avec la logique que nous prouvons et avec l’intuition que nous trouvons ».

    L’intuition et le raisonnement logique sont deux propriétés différentes et complémentaires de l’esprit humain. Nous savons aujourd’hui que la première a son siège dans le cerveau droit, la seconde dans le cerveau gauche.

    Définition (largement empruntée à Wikipedia)

    L'intuition est un mode de connaissance, de pensée ou de jugement, perçu comme immédiat; c'est une faculté de l'esprit. Le domaine de l'intuition est large : il concerne aussi bien la connaissance proprement dite (représentation du monde) que les sentiments (sur les choses ou sur les personnes) ou les motivations (à agir). Le mot provient du latin intuitio, désignant un regard intérieur, de tueor, regarder.

    L'intuition semble être immédiate du fait qu'elle paraît opérer sans user de la raison ni de la pensée verbale, et est généralement perçue comme inconsciente: seule sa conclusion est alors disponible à l'attention consciente.

    De plus, l'intuition prend souvent la forme d'un sentiment d'évidence quant à la vérité ou la fausseté d'une proposition. On aura par exemple l'intuition que telle idée ou action, tel sentiment, est juste, sans savoir pourquoi. Néanmoins, il est fréquemment possible de rationaliser une intuition a posteriori.

    Les caractéristiques de l’intuition sont donc : l’immédiateté, le mécanisme inconscient, l’absence de recours au raisonnement logique et au langage, le recours aux sens et/ou aux souvenirs, à ce qui est enfoui dans l’inconscient. L’intuition s’impose à la conscience comme une évidence. (Au contraire, le raisonnement logique comporte une succession temporelle de déductions conscientes à support verbal).

    Comment fonctionne l’intuition ?

    L'intuition puise sa pertinence dans les perceptions de nos sens, qui peuvent être très fines et très complexes (par exemple concernant les expressions de visage ou de voix) et/ou dans des souvenirs enfouis dans l'inconscient. Les intuitions sont des sortes de synthèses instantanées résultant d'informations que nous mémorisons et de perceptions que nous n'avons pas conscience d'enregistrer. Elles font donc appel à la mémoire et à la sensibilité. La construction soudaine de ces synthèses ne fait pas appel au raisonnement, à une quelconque analyse. On sait, quelque chose s’impose à nous. C’est le résultat d’une multitude d’indices accumulés dans le cerveau à notre insu.

    C’est « quelque chose […] qui se passe en bruit de fond, quand on arrête de triturer sa pensée et qu’on lâche prise. Cette petite voix tient compte de votre personnalité, de vos aspirations, de vos goûts, de vos souhaits, de vos compétences, et vous conduit ainsi à prendre des décisions qui vous conviennent ». Béatrice Millêtre

    Quelques exemples.

    Je rencontre une personne que je ne connais pas. Elle me parle. Très vite je ressens un malaise, je sens que c’est quelqu’un à qui je n’ai pas envie de faire confiance. (Ou l’inverse, le coup de foudre par exemple). Sur quoi peut se fonder un tel sentiment ? Sur le regard, le ton de la voix,… Mon expérience, le plus souvent inconsciente dans un tel cas, m’a appris à interpréter ces éléments que perçoivent mes sens.

    L’intuition d’un étudiant de classe prépa dans la résolution d’un problème de math. Il est entraîné sur un grand nombre d’exercices, à les résoudre rapidement. C’est encore de son expérience que va surgir son intuition de choisir telle voie plutôt que telle autre.

    L’intuition scientifique. On trouve dans l'histoire des sciences de nombreux exemples de découvertes apparemment surgies de nulle part. C’est une idée nouvelle, un regard totalement neuf sur un problème. Une telle intuition suppose une large culture dans le domaine, éventuellement dans les domaines voisins. C’est au croisement de ces connaissances que surgit l’intuition, par des connexions auxquelles personne n’a jamais pensé, qui se font à l’insu de l’auteur. L’intuition ne surgit jamais dans le néant. Pour qu’elle advienne, il faut lâcher prise sur la construction logique, ne pas réfléchir volontairement, laisser voguer sa pensée. Remarque : il n’est pas rare que deux scientifiques aient la même intuition conduisant à la même découverte alors qu’ils n’ont aucun contact entre eux. Pourquoi ? Parce que l’état des connaissances en est arrivé à un point où cette idée nouvelle peut germer.

    Je dois prendre une décision importante (choix d’un métier, choix d’un conjoint,…). J’ai tourné et retourné les arguments sans parvenir à me décider. J’arrête d’y penser, je vais me distraire, je me repose au calme : tout à coup la décision s’impose à moi, je ne peux pas l’expliquer. C’est mon moi profond qui parle, dont une partie n’est pas accessible à ma conscience (l’inconscient).

    Intuition et empathie

    Empathie : Habileté à percevoir, à identifier et à comprendre les sentiments et les émotions d'une autre personne tout en maintenant une distance affective par rapport à cette dernière.

    Cette habileté est fondée sur une bonne sensibilité. Des sens bien affûtés sont donc en commun à la base de l’empathie et de l’intuition concernant les relations humaines. C’est la raison pour laquelle on parle d’intuition féminine, car culturellement les femmes développent souvent davantage leur sensibilité. Il n’y a pas de différence au départ entre hommes et femmes à cet égard.

    Peut-on faire confiance à son intuition ?

    Une intuition demande à être vérifiée. C’est alors que le cerveau gauche reprend la main avec le raisonnement logique, l’enchaînement des arguments, la pesée du pour et du contre, etc. L’intuition de l’étudiant ne le dispense pas de faire la démonstration. Les intuitions scientifiques vont donner lieu à des vérifications, des expériences, parfois à des modèles nouveaux construits pas à pas.

    Quand il s’agit de sympathies, de choix de vie, c’est plus difficile car la démonstration n’existe pas. On pourrait imaginer de se faire aider par des professionnels à décrypter ces messages personnels de l’inconscient tels « C’est juste ce que je cherchais ». Pour certains psychologues, écouter son intuition permet de prendre des décisions en adéquation avec ses aspirations, son identité et son environnement.

    L’intuition est d’autant meilleure qu’elle est moins polluée par le raisonnement au moment où elle surgit.

    Sommes-nous égaux devant l’intuition ?

    Non. De même qu’on est droitier ou gaucher, certains sont plus « cerveaux droits » c’est-à-dire intuitifs (10 à 30% ?) et d’autres plus « cerveaux gauches » c’est-à-dire logiques à vision analytique. Les conséquences semblent importantes dans la vie courante. En effet l’école utilise essentiellement le raisonnement, la construction logique, la verbalisation, opérations traitées par le cerveau gauche. Les « cerveaux droits » sont en difficulté scolaire et se croient bêtes car ils y réussissent mal, pourtant ils sont très créatifs. Un apprentissage peut leur permettre de mieux utiliser leur cerveau gauche. Réciproquement il existe de ateliers pour développer son cerveau droit afin d’être plus intuitif1.

    En conclusion les deux hémisphères du cerveau ont leur utilité et ils savent communiquer. Peut-être notre culture a-t-elle un peu oublié l’intuition…

    1 Cf. la vidéo d’une psychologue spécialiste de la question Béatrice Millêtre. Elle conseille l’association d’un cerveau droit et d’un cerveau gauche qui, s’ils se connaissent bien et ont confiance l’un dans l’autre, peuvent donner une équipe très performante. http://www.dailymotion.com/video/x8t3qv_les-hemispheres-droits-ces-gens-dou_tech

     

                                                                                                                                                                                                                 Marie-Odile DELCOURT

     


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  •                 Le mythe de Cassandre est-il d’actualité ?

     Attention le débat débutera à 15h30 au lieu de 16h30.

                 Cassandre était la fille de Priam, roi de Troie. Elle était très belle, ce qui n’échappa pas au dieu Apollon qui la harcelait sexuellement comme on dit maintenant.  Il lui accorda le don de prophétie qu’elle accepta, sans pour autant se donner à lui.  Alors Apollon lui cracha dans la bouche (charmant !) pour l’empêcher d’être comprise, car si elle pouvait toujours prévoir les catastrophes, jamais elle ne serait  crue,  on la penserait  folle ou on ne la comprendrait  pas. C’est ainsi que, entre autres choses, elle avertit gentiment son frère Paris du danger qu’il y avait à kidnapper la belle Hélène, et plus tard, qu’elle essaya en vain de dévoiler la ruse du cheval de Troie.

    Revenons à l’époque moderne. Quand on se réfère au mythe de Cassandre, on laisse en général l’impossibilité de se faire comprendre, pour ne retenir que la prophétie négligée par le commun des mortels.

    Quelques exemples de prévisions catastrophiques prévues, mais laissées de côté avant qu’elles se réalisent :

        Robespierre prévoyait en 1792, que si la Révolution continuait la guerre étrangère, c’était la porte ouverte à la dictature militaire ; bien vu, mais pas cru par la Convention.

        Daladier applaudi à son retour de Munich (1938) qui s’écrie : « Ah! les cons ! » .

        Delors demandant qu’on mette un frein à l’annonce des réformes en 1981.

        Des scientifiques spécialistes du climat et autres écologistes sonnant le tocsin pour la sauvegarde de la planète : ils seront marginalisés, voire ridiculisés, pendant plus de trente ans, et ce n’est pas complètement fini….

        Le médecin chinois qui, au début de la pandémie de la Covid, tira la sonnette d’alarme et fut mis en prison où il mourra, précisément du virus !

         Sur la guerre en Ukraine, « Sbig » (Sbigniew Sbresinski), secrétaire d’Etat de Jimmy Carter, après l’effondrement de l’U.R.S.S., avait prédit qu’il y aurait des problèmes avec l’Ukraine, et ne semble pas avoir été écouté.

         Du point de vue économique, il doit bien y avoir des spécialistes qui ont sonné l’alarme avant la crise de 2008, mais le grand public auquel j’appartiens n’en a pas eu connaissance Commentaire de Charlotte à la relecture : Philippe Dessertine, invité de l’émission C dans l’air avait averti du danger des subprimes quelques temps avant la crise. Je me souviens très bien de sa grande inquiétude qu’il nous faisait partager ce soir-là ainsi que de ses avertissements par écrits !

        L’extrême droite prévoit en France et même en Europe un envahissement par les musulmans, qui aboliraient la « chrétienté » et auxquels il faudrait se « soumettre » (Houellebecq dans « Soumission », Zemmour, Le Pen). Oui, mais les chrétiens eux-mêmes, ne se revendiquent plus en « chrétienté » depuis longtemps, et la lutte contre le djihadisme est bien au programme de notre armée et de notre police. Donc le danger existe (il y a eu des attentats), mais on  croit à ce danger, ce qui n’était pas le cas des Troyens à propos du drôle de cheval introduit dans leur ville.

     Je pense qu’au cours du débat de nombreux autres exemples seront produits.

         Il est vrai qu’il est difficile de prévoir l’avenir. Si nous pouvions le faire, les problèmes politiques seraient vite résolus, et nous n’aurions aucune raison de nous chamailler !  Mais la vie serait insipide ; elle ne l’est pas, remplie qu’elle est de joies et de peines. Cependant si l’avenir n’est jamais sûr, la sagesse veut qu’on essaie de se prémuniser contre les drames possibles.

    Une remarque : on ne trouve pas de « Cassandres « dans les dictatures ; pareil pour les institutions qui ne donnent la parole qu’à leurs dirigeants. Pour la bonne raison que la liberté de s’exprimer n’est alors pas acceptée. C’est ainsi que pratiquement toutes les religions manquent cruellement de « Cassandre », bien qu’elles puissent, rétrospectivement, comprendre et regretter leurs erreurs, voire même les corriger pour l’avenir…

              Ce mythe contient par ailleurs des sous-entendus qui ne m’étaient pas apparus au premier abord, mais qui posent question. La mythologie Grecque propose une description symbolique de la condition humaine, qui mérite d’être prise au sérieux. Trois questions me sont venues à l’esprit :

               Pourquoi avoir choisi une femme pour incarner l'allégorie de la voix  qui alerte des dangers et que les Hommes ne veulent pas entendre ?  Les femmes seraient-elles plus tournées vers le futur que les hommes, de par leur rôle primordial dans la naissance de la génération suivante ? A contrario, les hommes manqueraient-ils généralement de sérieux dans la gestion de la politique, qui leur était réservée au temps d’Homère ? (Par exemple ils n’ont vu que du feu au subterfuge du cheval de Troie).

               Pourquoi cette punition de ne pouvoir protéger ses proches contre les drames prévus ? Apollon voulait-il se venger d’être rejeté, et empêcher Cassandre d’en aimer un autre, homme ou dieu ? Car on ne s’unit pas avec une personne qui prévoit le pire.

              Apollon profite de sa condition divine pour « harceler » Cassandre. N’avons-nous pas là l’image détestable des mâles qui profitent de leur position sociale supérieure pour être violents avec les femmes ? Les hommes auraient-ils cette façon de se comporter dans leurs gènes?  Cela serait grave.

      Voilà quelques réflexions à propos de ce mythe qui, à mon avis, est tout à fait d’actualité.

     

                                                             Benoît Delcourt Le 11 Mars 2023

     


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