• Qu'est ce que "l'accomplissement personnel"?

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    Pierre Marsal
    Mardi 17 Juillet 2012 à 09:22

    L'intéressante séance d'avant-hier n'a pas permis d'apporter réponse à toutes les questions posées, notamment aux miennes. Je vais donc essayer de les reproduire par écrit. J'en profiterai pour résumer les remarques que j'avais formulées à l'écoute de la présentation et de la discussion qui a suivi.
    Questions : 1. Les objectifs et les méthodes du développement personnel me semblent ressortir de deux aspirations différentes, voire antithétiques. D'un coté, développer la puissance de son ego par la recherche et la valorisation de ses capacités (maîtrise de la pensée, développement d'une pensée positive, élargissement du champ de la conscience, etc.). À l'inverse, dissoudre cet ego (qui n'est qu'une illusion pour le bouddhisme) dans un plus vaste continuum (l'exemple de la vague, éphémère, dans la mer immense et permanente) : il s'agit alors de retrouver en nous la nature de bouddha que nous possédons tous, ou bien de rechercher la fusion, la communion, avec la divinité, à l'image des mystiques chrétiens ou musulmans (soufisme par exemple). Les méthodes employées sont parfois les mêmes, les techniques de méditation par exemple. Ces deux approches sont-elles conciliables ?
    2. S'il est vrai que tous les êtres humains ont un potentiel de réalisation de soi  plus ou moins égal, comment se fait-il que si peu d'entre eux s'en soucient ou arrivent à le valoriser ? Est-ce dû à de puissants obstacles culturels, sociaux, ou encore psychologiques ? Ou bien est-ce dû à l'ordre de priorité des besoins humains (pyramide de Maslow) ? Dans cette dernière hypothèse, seuls pourraient avoir accès à l'accomplissement personnel les "privilégiés", ceux dont les besoins primaires sont satisfaits (manger, boire, ne pas être exclu, etc.).
    Remarques : 1. Le développement personnel procède d'une conception positive de la nature humaine, capable de progrès. Vision que partagent, à titres divers, d'autres doctrines ou écoles de pensée (encyclopédisme, humanisme, marxisme,..). Mais ce n'est pas l'opinion de tous (p. ex. les cyniques ou les sophistes antiques, Voltaire contre Rousseau, Nietzsche, etc.) ; aujourd'hui encore sans aucun doute (la psychanalyse me semble-t-il).
    2. Peut-être faudrait-il distinguer l'approche pathologique de celle de l'accomplissement personnel : je veux bien que certaines techniques (sophrologie, yoga…) puissent avoir des effets thérapeutiques, mais il y a certainement danger à confondre les deux.
    3. Quand on considère les méthodes, on observe beaucoup d'emprunts à d'autres traditions culturelles. Parfois même un patchwork de techniques. Et encore il reste bien des champs de l'humanité qui sont peu ou pas pris en compte (le très riche univers du chamanisme par exemple). Pourtant, on peut se demander quelle est l'utilité d'emprunts qui ne sont que superficiels, de pratiques dont on ne retient que la technique ? Porter un habit en peau de léopard ne confère pas à son possesseur les pouvoirs de cet animal. À quoi aboutissent les techniques de méditation sorties de leur contexte spirituel (j'ai été très étonné d'apprendre à cette séance que la méditation soufie faisait partie maintenant du catalogue) ? À quoi servent les āsanas du yoga sans la prise de conscience de l'existence du prāna, que procure le qi gong (dont on a célébré hier en France la fête nationale !) dans l'ignorance du qi, équivalent chinois du prāna ?
    4. Je suis très réservé sur l'emploi du mot "science" par beaucoup d'adeptes de ces techniques. Car l'approche scientifique comporte un certain nombre de spécificités (rappel : p. ex. pour Popper la réfutabilité sert de démarcation entre sciences et pseudo-sciences). Mais cela ne les disqualifie pas pour autant : il n'y a pas de légitimité que dans ou par la science.
    5. Il faut également balayer les illusions que pourrait générer chez certains le recours à ces pratiques : elles peuvent nous aider à valoriser notre potentiel humain, mais elles ne feront jamais de nous ce que nous ne sommes pas. "Deviens ce que tu es" répétait Nietzsche. Déjà tout un programme !

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