• La patience, un bien ou un mal?

  • Commentaires

    1
    DANIEL
    Dimanche 17 Octobre 2021 à 18:37

    I/ Pour moi le temps ‘Chronos’ est dominant lorsque l’on évoque la patience. Par ailleurs,  l’individu est à situer par rapport à la société et ses interactions.

     

    Je distinguerai, la patience comme forme d’attente :

     

    Voulue, choisir le bon moment  è Kairos. Le désir est aussi une attente à faire durer, car une fois satisfait, le désir disparaît.

     

    Ne dit-on pas, ‘laisser du temps au temps’, il faut être patient, et laisser faire les choses (don Quichote Cervantès) ?

     

    Subie, par exemple en attendant les résultats, et là le temps paraît long.

     

    Ne dit-on pas ‘tuer le temps’ (on s’occupe pour se distraire afin d’échapper à l’ennui) ?

     

    II/ Local et Global : Géopolitique de la mondialisation :

     

    Nous devenons dépendant, et ce qui venait de l’étranger nous vient à manquer, il s’en suit que le temps ne nous appartient plus, nous ne sommes plus maîtres des horloges, nous subissons le bon vouloir de nos fournisseurs.

     

    III/ La science et les connaissances :

     

    Nous ne prévoyions pas d’avoir aussi rapidement des vaccins contre la    covid 19 è très bonne surprise, ils sont arrivés plus tôt que prévu.

     

    Elle prend du temps et mobilise de la persévérance :

     

    J’ai connu une période d’attente très longue pour savoir ce que j’avais comme maladie, et je me répétais « patience, persévérance, espérance ».

     

    A noter, que les malades sont appelés des patients par leurs médecins.

     

    IV/ Individus et société avec ses interactions :

     

    Etre dans une file d’attente, c’est du temps de perdu, et peut conduire à de la violence, ou pour certains profiter pour discuter ou réfléchir..

     

                Dans notre société, tout s’accélère, exemples :

     

    La communication, avec les tweets de 140 puis 280 caractères en octobre 2018, conditionnent l’expression.

     

    L’expression orale, commence et  bien souvent tronquée par ‘voilà’.

     

    Internet et les moteurs de recherche è développe les réflexes pour répondre sans réfléchir et réduire le temps de réponse ‘intantanéité’.

     

                Livre de Bill Gates ‘Le travail à la vitesse de la pensée’ 1999

    Pour mémoire, le 20/5/2012 a eu lieu un CD La tyrannie de la vitesse serait-elle un phénomène de notre temps ?

    V/ Conclusion : mes remarques au regard de la conclusion de Michèle :

    Patience positive : permettra avec le temps d’atteindre le but en vue.

    ð  Ma remarque, un but (finalité) est une intention, exemple : supprimer les pertes de grains liées aux rats.

    ð  Un objectif (ou moyen d’atteindre son but), exemple : construire de nouveaux greniers. Ceci doit être précis, mesurable, explicite, et comporter un délai (donc positionné dans le temps).

    ð  On est donc dans de l’actif è l’attente est un frein, sauf pour le Kairos et le Désir.

    Patience négative : résignation face à une situation bloquée.

    ð  On est dans le passif è arrêt de l’action, éventuellement réfléchir.

      • Pierre M.
        Mardi 19 Octobre 2021 à 11:59

        Petit commentaire  au commentaire de Daniel à propos kairos (καιρός).

         Comme il l’indique nous en avions débattu en 2012, il n’est donc pas nécessaire d’y revenir. A la différence du chronos, le temps physique qui s’écoule, c’est en quelque sorte un « temps instantané ». Il intéresse les philosophes qui se préoccupent de la question (Bergson, Heidegger), certains psychanalystes comme Jung avec son concept de synchronicité, voire des scientifiques postulant l’existence d’une dimension temporelle orthogonale au temps courant.

        Mais il n’a que peu de liens avec la notion de patience qui se réfère à l’écoulement du temps (« patience et longueur de temps… »). Par contre il pourrait sans doute convenir à la philosophie chinoise dont la langue ne distingue pas les temps de notre conjugaison et qui sait interpréter les simultanéités (voir leur antique YI Jing divinatoire).

    2
    Pierre M.
    Mardi 19 Octobre 2021 à 11:01

    Petit désaccord mineur sur la chronologie de l’émergence des questions d’alimentation et de faim.

    Cette question a toujours été une des premières préoccupations des Nations Unies : création en 1945 à Rome de la FAO dont la devise est Fiat panis  (« qu’il y ait du pain », sous-entendu « pour tous »). Cette question demeure très actuelle puisque vient de se réunir le 29/09 dernier le Food system summit sous l’égide des Nations Unies. Ce n’est qu’un nouveau jalon dans une longue démarche qui, cette fois, positionne l’agriculture au cœur du développement durable à l’échelle de la planète.

     

    Accord total sur la conclusion distinguant patience positive et patience négative. 

    Mais il faut opérer une distinction civilisationnelle. Elle montre que nous ne sommes pas naturellement portés à pratiquer cette patience positive.

     

    - La pensée occidentale assimile patience à souffrance  (ou au mérite que l’on a de surmonter cette souffrance).

    Cela apparaît dans le vocabulaire : le verbe grec παθεῖν comme le verbe irrégulier latin pati, qui a le même radical, signifient souffrir, supporter endurer. Voir par exemple la Passion du Christ.

    Aux citations positives on aurait pu ajouter celle-ci

    « On dit que la patience c’est la vertu des ânes… » (Voltaire, lettre à d’Amilaville, 1767).

     

    - Dans la pensée orientale la patience est une vertu

    * En Inde, pour les bouddhistes c’est l’une des dix vertus (ou perfections).

    * En chinois le sinogramme 耐心 (nàixīn), se compose de deux éléments : nài qui signifie supporter, endurer et xīn le cœur. Ce n’est pas une oppression, c’est une propriété du cœur.

     

    De très nombreuses citations appuient cette façon de voir :

    « Si quelqu'un t'a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre ». (Lao-Zi)

    « La patience est le pouvoir ; avec le temps et la patience, la feuille de mûrier devient une robe de soie. » (Mencius)

    « Il ne sert à rien d’étirer les jeunes plants pour les faire pousser » (???)…

     

    Máo Zédōng, l’impatient, voyait dans le confucianisme l’incarnation de tout ce qui retardait le progrès. D’où les catastrophes du Grand Bond en Avant et de la Révolution culturelle. Aujourd’hui le régime communiste renoue avec ses racines millénaires : il serait étonnant que la Chine se lance dans une guerre pour récupérer Hong-Kong ou Taiwan : elle va simplement attendre patiemment que cette réunification inévitable se produise, tout en poussant ses pions. Dans leur politique internationale les Chinois pratiquent le jeu de go.

    On peut trouver une analogie occident/orient avec stratégie du chien/stratégie du chat : le chien non dressé suit une piste, le chat patiente et saisit l’occasion quand elle se présente. 

     

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