• Retraites : le recul de l'âge légal est-il vraiment nécessaire ?

  • Commentaires

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    soulat daniel
    Mardi 17 Juillet 2012 à 09:22

    ok sur le fait que l'espérance de vie augmente de 1,4 an tous les 10 ans, ce qui conduit à augmenter la durée du temps de retraite avec un coefficient pondérateur supérieur à 100% tous les ans, pour arriver à de l'ordre de 106% dans 20 ans et 117% dans 40 ans (estimation) si on restait à iso âge de départ en retraite. Comment équilibrer recettes/dépenses ? Mais d'après le thème initial "la réforme des retraites est-elle un enjeu de société ?", si l'on revient à la définition enjeu (ce que l'on risque de gagner ou de perdre au niveau entreprise, société, etc), et société (ensemble d'individus qui partagent des normes, des conduites, des valeurs communes, une culture, se rapporte à des moeurs et coutumes partagés, et qui interagissent en coopération, ce qui nécessite des choix d'organisation sociale).

    l'enjeu de société pourrait être abordé sous deux angles "comment les différentes générations vont elles cohabiter (économiquement et humainement), l'examen de la pyramide des âges montre une évolution à la hausse jusqu'en 1972, je pense que l'aspect "dépendance" est à inclure dans cet enjeu de société.

     

    2
    Pierre
    Mardi 17 Juillet 2012 à 09:22

    Satisfaction et frustration. Tels sont les deux sentiments éprouvés à la suite de la séance du 4 décembre dernier.

    Satisfactiond'entendre une parole qui tranche avec la vulgate habituelle, généreusement épandue par les médias dominants. Et pourtant, aujourd'hui que la loi est votée, on n'entend plus grand monde oser prétendre que ce sont là des mesures équitables et économiquement efficaces à terme. Son exposé aborde de façon intéressante la question des retraites : j'en retiens en particulier la démonstration que, la crise étant un des éléments essentiels du déséquilibre prévisible des régimes des retraites (on parle de 20 milliards en 2010), il est anormal de faire reposer le poids de son rééquilibrage sur la seule rémunération du travail.

    Je dois dire que je suis outré de ces contre-vérités qui nous ont été assénées tout au cours du débat politique. À croire que nos responsables (de droite comme de gauche, il faut le dire) sont bornés ou – pire mais peut-être plus vraisemblable – nous prennent pour des débiles. Ce qui m'indispose surtout c'est ce fameux ratio actifs cotisants/retraités qui devrait tomber à 1,2 en 2050 (un peu moins de 2 aujourd'hui). Et alors ? Raisonner en ces termes fait totalement abstraction des gains de productivité du travail. Imaginons qu'en 1900 on ait dit à un Français qu'un siècle plus tard, il n'y aurait plus en France que 3  ou 4 % d'actifs agricoles (au lieu de la moitié de la population), que leurs dépenses alimentaires seraient de 13 ou 14 % de leurs dépenses (au lieu de 60), il aurait soit pensé que c'était impossible, soit  paniqué devant l'annonce d'une famine épouvantable. Et pourtant c'est la réalité, et globalement dans notre pays on n'a jamais eu une alimentation si abondante, saine  et variée qu'aujourd'hui.

    Le conseil d'Orientation des retraites (COR) estime lui-même que la productivité du travail peut augmenter de 1,5 % par an, ce qui donne un doublement du PIB, en euros constants, en 46 ou 47 ans. En 2050 il serait multiplié par 1,8.  On peut très bien faire passer la part du PIB consacré aux retraites de 13 % (actuellement) à 15 ou 16 % (ce qui équilibre les comptes) tout en conservant de substantiels gains de productivité pour d'autres fins (rémunération du capital, augmentation du pouvoir d'achat, et même – pourquoi pas ? – diminution de la durée du travail). On peut raisonner de la sorte aussi pour la future bombe incendiaire des dépenses de santé et de dépendance. Il est possible de vérifier aisément cela par un "calcul de coin de table" que je ne reproduis pas ici. La seule question qui vaille est celle-ci : combien notre société accepte-t-elle de consacrer à ces différents objectifs. Le reste n'est que "cuisine" comptable. C'est en fait une question de société. Nous y voilà !

    Frustration. La question posée "la réforme des retraites est-elle un enjeu de société ?" n'a pas du tout été abordée. Pourtant c'est de la réponse à cette question,  quelle est  la nature de la retraite ?, que doivent jaillir les solutions. La tendance actuelle, à droite comme à gauche (voir le discours marxiste ou néo-marxiste ou l'analyse de Bernard Friot) est de considérer que la retraite est un travail, différé pour les uns, réel pour les autres. Tant qu'il en sera ainsi il est logique que les autres sources de revenu ne paient pas de cotisation : ainsi les revenus financiers n'ouvrent pas droit à la retraite et sont taxés par ailleurs. Sous un autre aspect, celui de son fonctionnement, la retraite s'apparente aujourd'hui à un système d'assurance : l'assurance du "risque" d'être toujours vivant à l'heure de la retraite !

    On peut avoir d'autres conceptions que je ne détaillerai pas ici, car elles nécessitent de longs développements. Quelques pistes de réflexion cependant.

    1° Il faut interroger l'histoire et se demander dans quels buts ces systèmes ont été créés (les premiers en France, dans la marine de guerre, au XVIIe siècle je crois). Probablement pas pour des raisons de charité ou de justice sociale. Qu'on se souvienne par exemple de l'histoire de la rémunération des militaires (outre le salaire, c-à-d. la ration de sel indispensable à la vie, donnée à chaque soldat), et notamment des octrois aux légionnaires romains de terres conquises, spoliations à l'origine du droit de propriété foncière. C'était dans une optique de paix sociale (éviter que les soldats ne se révoltent) et de colonisation (en fixant des "soldats laboureurs"). Plus compétents que moi pourraient certainement y répondre.

    2° Il faut maintenant s'interroger sur les finalités que pourraient avoir aujourd'hui le versement de subsides à des personnes inactives, ayant ou n'ayant pas exercé une activité salariée. C'est une question qui est  indissociable d'une réflexion éthique qu'il nous faudrait avoir. Je laisse ici la question en suspens. Sauf peut-être pour affirmer qu'à mon sens le simple fait d'être un humain ouvre des droits. Et que l'obligation faite à la société de pourvoir aux besoins de celui-ci, sans égard à son statut économique et social, mais bien sûr en fonction des possibilités de cette société, devrait figurer au nombre des droits de l'homme (sans oublier ses devoirs). Cela ouvre évidemment de toutes autres perspectives sur ce dossier, tant sur les retraites, que sur celui de la santé et de la dépendance. C'est à la redéfinition d'un nouveau Contrat social qu'il faudrait œuvrer.

    Mais je n'ai ni le temps ni la place pour détailler plus avant.

    Pierre (05/12/2010) 

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