• Qu'en-est-il du conflit entre générations ?

  • Commentaires

    1
    Jean-Jacques
    Mardi 17 Juillet 2012 à 09:21

    N'ayant pu assister au débat, c'est sans doute avec retard que je réagis au texte de Jean-Paul, et sur des points qui ont été sans doute abordés en réunion.

    Tout d'abord, qu'est-ce qu'une "génération" ? Tu sembles l'assimiler à une année ou une période de naissance d'un individu : la "génération 68", les "baby-boomers", etc. Je ne suis pas d'accord avec cette définition, puisqu'il s'agit de conflit entre classes d'âge. Je dirais plutôt qu'il y a la génération des grands-parents, des parents, des enfants, des petits enfants. Insensiblement, au fur et à mesure qu'on avance en âge, on passe d'une génération à une autre.

    C'est le conflit entre les parents et les enfants, celui entre les "vieux" et les "jeunes" qui est important, pas le fait qu'on soit né après la guerre ou en 1968. Pourquoi ? Parce que dans un cas on est dans une certaine mesure libre de ses choix de vie, alors que dans l'autre, comme tu le soulignes, on ne choisit pas sa date de naissance.

    Certes, l'époque dans laquelle on vit a une influence importante, mais si on te suit, il serait légitime d'opposer les soixantehuittards et la génération d'avant ou d'après. Mais pourquoi pas alors les comparer avec ceux d'avant la guerre de 14, ou celle de nos ancêtres du 17 ème siècle ? Il y a donc là plutôt une question de contiguïté de générations dans des époques voisines, et pas de référence forte à la période dans laquelle on vit.

    Je ne comprends pas en effet l'avalanche de reproches faits aux "soixante huitards" (voir le débat ici même sur ce sujet) au soi-disant détriment des générations d'après, alors que leur comportement était beaucoup plus le reflet de l'époque que celui de leurs qualités propres. Chacun vit avec son temps, et il appartient de la même façon à chacun de se comporter en exerçant sa faculté de juger et son esprit critique, qui sont des qualités assez indépendantes de la période dans laquelle on vit.

    Ceci étant dit, je trouve en effet ton papier un peu trop orienté vers la lutte des classes que vers celle des générations, et pas du tout intéressé par le conflit normal entre les parents et les enfants.

    Je pense que le débat a dû être animé...

    2
    Pierre
    Mardi 17 Juillet 2012 à 09:21

    N'ayant pas pu non plus assister à la séance en question, et voyant que Jean-Jacques vient de réagir, je pense qu'il n'est peut-être pas trop tard non plus pour m'exprimer. Brièvement.

    On ne peut pas nier l'existence de groupes sociaux différenciés (les ordres de la société féodale, les États lors de la Révolution, les classes sociales popularisées par le discours marxiste, etc.). Ils ont toujours existé et existeront toujours (la gens romaine, la "famille" mafieuse, etc.). Il est normal que ces groupes soient en conflit d'intérêt permanent. Les conflits entre générations c'est autre chose, car ils se manifestent aussi – et peut-être surtout – au sein de ces groupes eux-mêmes.

    Mais eux aussi ont toujours existé et existeront toujours, car il y aura toujours des divergences d'intérêt,  de valeurs esthétiques ou d'exigences morales entre individus de générations différentes  (quelle que soit la signification qu'on donne à ce terme de génération). La littérature et l'histoire fourmillent d'anecdotes ou de mythes qui s'y rapportent (c'est Antigone s'opposant à Créon, c'est la fameuse querelle des Anciens et des Modernes au XVIIe  siècle…). Très souvent – pas toujours – ce conflit se croise avec  des comportements (conservateur, voire réac du coté des anciens, progressiste, voire anarchisant du coté des plus jeunes qui n'ont rien à perdre et tout à espérer).

    Ces conflits sont normaux, utiles dans une société dynamique : ce sont les moteurs de l'histoire. Il y a problème lorsque l'histoire s'emballe (sous l'effet de l'accélération du progrès technique) comme c'est le cas dans notre société post-industrielle : les repères changent sans cesse, de sorte qu'il y a de moins en moins de points de rencontre possible entre personnes de générations différentes. L'expérience des "anciens", même lorsqu'ils étaient contestés, n'était pas pour autant sans valeur. Aujourd'hui cette expérience est dévalorisée. C'est particulièrement frappant (peut-être même dramatique) dans les familles issues de l'immigration dont les parents ont été brutalement transplantés d'une civilisation rurale à notre monde contemporain. La trajectoire du savoir, de la connaissance, de l'expérience, qui jadis se transmettait des anciens aux jeunes, au moins pour une grande part, est totalement inversée (exemple des jeunes collégiens confrontés à des parents plus ou moins illettrés). C'est un bouleversement culturel considérable qui n'est pas sans conséquences dans la vie sociale.

                                                                                                              Pierre 

    3
    Jean-Paul
    Mardi 17 Juillet 2012 à 09:21

    Nous n'allons pas refaire le débat. Il y a des notions simples et Jean-Jacques fait mine de ne pas les comprendre. On ne change pas plus de génération quand on avance en âge que l'on ne change de sexe. Comme il est dit dans le texte, ne confondons pas génération et classe d'âge. La notion de génération est floue comme l'est celle de la classe sociale. Les génération nées avant 1955 constituent l'immense majorité du public du café-débat et cela explique en partie la tournure prise par le débat lors de la séance. Seule la première phrase parle du conflit des classes et on aurait tout autant pu parler de la lutte entre les genres et personne n'en a parlé.

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