• Compte-rendu du débat du 1er février 2014 : " Mon corps m'appartient-il ? "

    Dans ce compte-rendu, j’ai essayé de classer les arguments de façon logique, et non chronologique. B.D.

    Beaucoup d’interventions ont eu trait aux termes du titre : mon corps, et : m’appartient-il ?.

    Mon Corps.

    Est-ce la totalité de moi-même, et dans ce cas on pourrait dire : je suis un corps, ou bien faut-il, comme les Judéo-Chrétiens, y ajouter l’âme, le « souffle de vie » ? Suis-je simplement une machine, dont la science d’ailleurs pourra peut-être prédire toutes les réactions dans le futur (triste perspective pour certains).

    Le corps devait, chez les pharaons égyptiens, être préservé en son entier (moins les viscères quand-même), car il était l’Homme tout entier, voué ainsi à l’éternité.

    Dans le cas de transplantations d’organes, qui est finalement la personne transplantée ? Et cette « trans-humanité », cet « homme augmenté » qu’on nous prédit pour bientôt, faut-il les désirer ? Dans le même ordre d’idées, un scoop nous a été livré : l’immortalité du corps serait pour 2035 (!????!!!????).

    Le corps est de toutes façons le seul moyen de contraindre une personne, en l’envoyant par exemple faire la guerre contre sa volonté.

    Eternelle question, qui se posait peut-être déjà du temps de Néandertal : quel est ce corps ? Je ne l’ai pas créé, je ne l’ai pas non plus acheté, mais, tout de même, j’en ai hérité.

    Faut-il comprendre dans le corps le « corps énergétique », de volume plus grand, et comprenant l’ « aura » ? Faut-il parler des 1014 cellules, ou ajouter les bactéries dix fois plus nombreuses ?

    Le corps fonctionne pour une part à notre insu, mais à nous de le gérer, en utilisant l’autonomie « gagnée » pendant l’enfance, et dont les « enfants placard », privés de toute relation avec d’autres Hommes, sont privés.. Une addiction est une perte partielle de cette autonomie.

    Le corps fonctionne par interactions entre ses différentes composantes, ainsi qu‘avec les autres personnes.

    Les Hommes se croient les seuls à avoir un corps ; mais les plantes en ont un aussi, avec des capacités complexes, elles aussi !

    Dans les cas de viol et aussi d’excision, on peut parler de « corps volé » (volé, violé, presque le même mot).

    Dans la conception chrétienne du corps, ce dernier ne peut-être que le siège d’épreuves. Mais cette conception est-elle encore d’actualité chez les chrétiens ?

    Enfin, une personne atteinte récemment d’un violent accident de santé, nous a fait part des souffrances que peut générer un corps. Il a par la suite insisté sur l’importance de la conscience.

    M’appartient-il ?

    Est-ce que je peux être propriétaire et propriété à la fois (si je pense que mon corps physique est « moi ou je » et que ce corps m’appartient et uniquement à moi) ? Si le propriétaire supposé est différent de la chose possédée – où est-ce qu’il est ce propriétaire, le moi, l’essence de l’homme ? Certains pensent que l’essentiel de l’homme n’est peut-être pas physique, mais esprit, âme, énergie vitale et ou spirituelle, conscience, pensée, mémoire, une histoire personnelle…

    La notion d’appartenance peut être vue du point de vue juridique, avec son « usus, fructus et abusus» (utilisation, usufruit et même abus).

    Nous appartenons non seulement à nous, mais à notre famille, notre parti, à la nature toute entière que nous contemplons parfois avec tant d’émotion, qu’on soit ermite ou non ! La conscience de participer à un « tout » est mise en avant par, notamment, les bouddhistes.

    Appartenons-nous à nos proches ? Ne vaudrait-il pas mieux dire que nous en avons une certaine responsabilité ? De toute façon, il convient de les protéger lors de notre mort.

    A la notion d’appartenance a été opposée celle de liberté, qui serait, d’après une personne, extrêmement limitée : nous ne serions donc pas du tout libres de notre corps. Cela était en tout cas vrai il y a un siècle au déclenchement de la Grande Guerre.

    Les personnes qui acceptent de ne plus s’appartenir, celles qui « s’abandonnent » (dans les bras du Seigneur par exemple, ou dans ceux d’un gourou), ne peuvent finalement pas garantir des « bonnes mœurs », l’Histoire récente l’a montré.

    Puis-je faire ce que je veux de mon corps après ma mort ? Mes enfants n’ont-ils pas leur mot à dire ? Puis-je négliger leur souhait possible de venir poser une fleur sur ce qui reste de moi (tombe ou urne) ? A ce propos, une anecdote drôle a été racontée, à propos de deux hommes ayant successivement vécu avec une femme, et se retrouvant, contre leur gré, tous les trois dans le même caveau ?

    Et ai-je le droit de prendre consciemment la décision de me suicider sans penser aux traumatismes que cela peut engendrer autour de moi ?

    Sur la question de l’euthanasie, une personne nous a parlé de la gratitude qu’elle avait envers un médecin qui avait aidé son mari à mourir. Il a été aussi dit que la loi « Léonetti » (2005) était insuffisante, en ce qu’elle donne au médecin, et non au référent du malade, pourtant consulté quand il existe, la décision de faire une sédation (endormissement pour ne pas faire souffrir, et qui peut déboucher sur la mort). Mais il a été dit qu’une légalisation de l’euthanasie, d’abord « exceptionnelle » avant de ne l’être plus, déboucherait sur des abus sordides. Le cas de la Suisse, de la Hollande et de la Belgique ont été cités. Les avis sont partagés donc.

    La question de l’avortement, que l’Eglise d’Espagne voudrait faire interdire dans ce pays, a été également évoquée. En faisant remarquer que pour une femme, ce n’est jamais une décision anodine, l’accent a été mis sur la contraception. La question philosophique a été posée : Ai-je le droit de disposer d’un corps qui grandit en moi ? Et d’autre part, la femme appartient-elle dans ce cas, à elle-même, ou à l’espèce humaine ?

    Benoît DELCOURT.


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