• C.R. du 22 Janvier 2022. Dieu est-il une énigme, une personne, ou … « il n’existe pas » ?

     

    C.R. personnel du débat du 22 Janvier 2022.

     

     

     

                Dieu est-il une énigme, une personne, ou … « il n’existe pas » ?

     

     

     

    Nous étions 11 personnes en visu.

     

    Nous avons longuement discuté sur ce qui peut amener à croire en Dieu, ou pas. Et nous avons parlé beaucoup de la religion catholique.

     

     

     

    Une critique de deux participants pour commencer : le titre de l’introduction ne correspondrait pas au texte, ce qui a été contesté par son auteur, voir un commentaire sur ce compte rendu.

     

     

     

    Ce qui peut amener à croire en un Dieu?

     

     

     

    --La beauté de la nature, et sa perfection. La Science a dévoilé une partie des aspects de cette perfection, si bien que Dieu pourrait être identifié à un « principe créateur «, ou encore une « puissance créatrice » ; dans ce cas, ce principe  comprendrait le hasard : Dieu « jouerait aux dés », contrairement à ce que pensait Einstein.

     

    --Cette perfection du Monde ne pouvant pas être créée par l’Homme (qui est imparfait), il y aurait donc nécessité d’envisager quelqu’un ou quelque chose au-dessus de lui.

     

    --L’immensité de l’univers, avec l’énergie énorme dans le cosmos, ce « Tout » comparé à notre humble condition de « poussière qui retournera en poussière », vivant sur une toute petite planète microscopique.

     

    --Le besoin d’expliquer  pourquoi et comment  cet univers existe : cf. le grand horloger de Voltaire ; mais qui ou quoi a créé cet horloger ? La nécessité de la présence d’un créateur convainc facilement les enfants de moins de 10 ans de même qu’il convainquait  les humains vivant il y a un siècle ou plus, notamment ceux du Moyen-Age .

     

    --Cette question : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

     

    --Chacun serait amené à rechercher Dieu dans son cœur (Rousseau).

     

    --Le besoin d’un tuteur qui nous amène à accepter l’Inconnu.

     

    --Le besoin de justice, surtout présent dans les religions monothéistes et non dans la mythologie Grecque.

     

    --Le besoin de morale, d’une possibilité de vivre la fraternité et l’égalité (selon Alain Badiou). La Philosophie répond aussi à ce besoin.

     

    --Le besoin de transcender le quotidien, de s’élever au dessus des contingences  matérielles.

     

    --L e besoin de trouver une égalité de destin entre les Hommes

     

    --Le besoin de calmer ses frayeurs, notamment devant la mort. On a tendance à plus croire  en Dieu les jours de tonnerre que par temps calme.

     

    --L’admiration des œuvres d’art, et notamment des cathédrales.

     

    --La possibilité moderne de se faire sa propre religion. Par exemple, la croyance en une vie après la mort s’estompe même chez les « croyants ».

     

     

     

    Ce qui peut éloigner de la croyance en un Dieu?

     

     

     

    --Les scandales dans les Eglise, et notamment dans lEglise catholique de France (nombreux abus sexuels dénoncés en  2021), et d’autre part son organisation interne (célibat des prêtres, femmes exclues de la prêtrise…).

     

    --Le fait que les religions diviseraient plus qu’elles relieraient les Humains.

     

    --La difficulté de prendre contact avec Dieu.

     

    --Si Dieu existait, pourquoi n’interviendrait-il pas pour sauver les Hommes ? Oui, mais l’Homme a été créé libre,  libre de faire le Bien ou le Mal(qui est ce que l’on ne voudrait pas qu’on vous fasse)..

     

    --Le manque d’intérêt pour la question.

     

     

     

    La religion catholique.

     

     

     

    Il a beaucoup été question de cette religion, la majorité des présents en étant soit des fidèles, soit en y ayant été élevés.

     

    Les participants ont été d’accord pour ne pas confondre le texte de l’Evangile, de ce que les Hommes en ont fait.

     

     Les dogmes de l’Eglise ont été critiqués, ils seraient « à revoir », notamment ceux concernant Marie.

     

    Le point central de l’Evangile concernerait la fraternité et l’amour ; cependant, ne serait-il pas préférable de mettre l’accent sur la paix, comme le faisait l’abbé Pierre, qui sortait les miséreux de leur malheur, et préparait un monde plus pacifique. Comme disait Saint Benoît : »il faut d’abord se préoccuper des faibles ».

     

    --Jésus recommandait avec insistance de se détacher des biens matériels, et de la recherche de puissance et de prestige.

     

    --La religion chrétienne est née dans une partie du monde presque désertique, ce qui est difficilement transposable dans des régions du globe tempérée.

     

    --Une religion aurait la valeur de ses textes fondateurs. Cependant l’Evangile , comme autres textes fondateurs, pourrait, et même devrait, être critiqué : il a été écrit par des hommes, qui comme tels sont imparfaits. Cependant, si les textes fondateurs pourraient être critiqués, le « mode opératoire » (les conduites préconisées) qu’ils préconisent ne devraient pas l’être.

     

     --L’Evangile mettrait l’accent sur la paix. Cela a été contesté : Jésus y dit par exemple: »je ne suis pas venu amener la paix, mais le glaive »(dans Matthieu). Mais on trouve peu de trace de violence dans les paraboles

     

    --L’Evangile montre Jésus comme un être fragile (voir l’Evangile de Noël) et non pas le puissant messie, le roi que les Juifs attendaient et qui rendrait la justice.  Il montre à certains Hommes leurs propres violences  et génère en eux une honte salutaire.

     

    -- Ayant voulu débarrasser la religion de ses oripeaux, il finit sur une croix sans essayer de fuir.

     

    --Loin d’être misogyne, il était ami avec des femmes, qui avaient un statut inférieur à celui des hommes à cette époque. L’Eglise Catholique ferait bien d’en tirer les conclusions et d’accepter de bouger à ce sujet .

     

    L’Eglise catholique a aussi été critiquée pour sa richesse immobilière, et son occupation de l’espace urbain, qui n’est plus en relation avec le taux d’occupation des Eglises.

     

     

     

    En conclusion une phrase célèbre d’un athée : « Je t’aime oh éternité ! » (Nietsche). Cette éternité à laquelle nous participons tous pour quelques  petites dizaines d’années….

     

     

     

    Compte–rendu personnel rédigé par Benoît Delcourt.

     

     


  • Commentaires

    1
    Mardi 25 Janvier 2022 à 10:27

    Il m'a été reproché que le texte d'introduction ne correspondait pas à son titre. Je dirais que c' n'est vrai qu'en partie: il y était question de l'énigme de la création dans 90% des lignes, et dans les 10% restant du "il n'existe pas", avec la position de Sartre et les "matérialistes". C'est vrai que j'ai "oublié" de traiter l'image d'un Dieu personnel.

    2
    Pierre M.
    Mardi 25 Janvier 2022 à 14:53

    Le CR fait de la séance montre toute la richesse de ces échanges. Dommage pour celles et ceux qui, comme moi, n’y ont pas participé.

    Sans commenter toutes ces affirmations, il en est une pourtant qui me semble fausse : ce qui pourrait amener à croire en un Dieu unique serait « le besoin de justice, surtout présent dans les religions monothéistes et non dans la mythologie Grecque ».

     

    La notion de justice n’a rien à faire avec la religion. On sait qu’un petit d’homme dès 10 ou 12 ans connait déjà le sentiment de la justice (ou plutôt de l’injustice). Pour Platon (la  République) c’était une des quatre vertus fondamentales à côté de la sagesse, du courage et de la tempérance. C’était même la première des quatre. Il est vrai qu’il lui donnait un sens qui n’est plus le nôtre : la vraie justice est celle qui est celle de la nature, celle qui consacre le droit du plus fort.

    Pour Aristote la justice est tout aussi importante : elle consiste en l’accomplissement d’actions justes qui nous permettent de cultiver l’amitié et de vivre en société. Il n’y aurait pas besoin d’institutions judiciaires si les  hommes se comportaient justement. L’essentiel de son Ethique à Nicomaque est consacrée à ce thème, où il distingue notamment justice universelle et justice particulière, justice distributive et justice réparatrice.

    Enfin aucun peuple n’a été plus empreint de justice que les Romains, polythéistes, puisque qu’on leur doit encore aujourd’hui les fondamentaux de notre droit positif écrit.

      • Mardi 25 Janvier 2022 à 16:20

        Merci de ton commentaire. Un C.R. essaye de ne pâs donner d'avis, il essaye de répéter ce qui a été dit en séance. Ta remarque est tout à fait pertinente.

    3
    Pierre M.
    Samedi 12 Février 2022 à 11:18

     « Imaginez, avec John Lennon, un monde sans religion. Pas d’attentats suicides, pas de 11 septembre, pas de 7 juillet*, pas de croisades, pas de chasse aux sorcières, pas de Conspiration des poudres, pas de partition de l’Inde, pas de guerres israélo-palestiniennes, pas de massacre de musulmans serbo-croates, pas de persécution de juifs « déicides », pas de « troubles » en Irlande du Nord, pas de « crimes d’honneur », pas de télévangélistes au brushing avantageux et au costume tape-à-l’œil, cherchant à tondre les gogos en leur vidant les poches…  Imaginez, pas de talibans pour dynamiter les statues anciennes, pas de décapitations publiques des blasphémateurs, pas de femmes flagellées pour avoir montré une infime parcelle de leur peau ».

    Voici ce qu’écrivait Richard Dawkins, professeur à Oxford, mondialement connu pour ses travaux sur l’évolution et la génétique (Pour en finir avec Dieu, Robert Laffont, 2008, 426p.). Il est à l’origine du concept de « gène égoïste » et l’inventeur de la « mémétique », discipline qui essaie de montrer le processus quasiment viral de la diffusion des idées dans la société.

    Qu’on soit croyant, incroyant ou mécréant, la lecture de cet ouvrage incite à se poser beaucoup de questions.

     

    * 7 juillet 2005, date des attentats suicides à Londres.

    4
    Samedi 12 Février 2022 à 12:10

    Il n'y a pas que les religions qui ont un problème avec la violence! Regarde bien le 20ème siècle et ses 100 millions de mort violente (Hitler, Staline et Mao n'étaient pas spécialement religieux!). Et regarde aussi l'"épopée Napoléonienne", qui faisait suite à la Révolution Française. Napoléon et les révolutionnaires n'étaientt pas spécialement dévots, bien au contraire.

    Dire que si on supprime la religion, on supprime la guerre, ne me semble pas très pertinent. On peut quand même dire que les religions ont un problème avec la guerre.

    5
    Pierre M.
    Samedi 12 Février 2022 à 23:37

    Je ne fais qu'apporter un témoignage de Richard Hawkins. Il ne se réduit pas à cela. Par exemple, toujours dans son livre (p. 243), il cite le grand cinéaste Luis Buñuel : « Dieu et la Patrie sont une équipe imbattable ; ils battent tous les records pour l’oppression et l’effusion de sang ». Cela va un peu dans ton sens.

    Et, puisque tu évoques Hitler et de Napoléon, voilà ce qu’il écrit un peu plus loin, citant les Propos de table d’Adolf Hitler (p. 287) : «  Peut-être était-il (Hitler) de l’avis de Napoléon pour qui la religion est un excellent matériau pour endormir les gens ordinaires… ».

    Mais je ne vais pas citer toutes les pages de ce livre.

      • Dimanche 13 Février 2022 à 22:10

        Tu écris: "Je ne fais qu'apporter un témoignage de Richard Hawkins."

        Oui, mais quand on fait une citation sans commentaire, c'est qu"on est d'accord avec cette citation. Donc cela doit être ton cas! Moi, je fais un commentaire, je donne mon avis, c'est cela le débat!

        Pour faire court: citation sans commentaire vaut approbation.

         

    6
    Pierre M.
    Lundi 14 Février 2022 à 11:11

    Ce que je pense ou ce que je ne pense pas n’a aucun intérêt pour la collectivité.

    Je ne cherche pas à convaincre, mais à donner des arguments pour nourrir cette question. Par formation je les recherche surtout du côté scientifique. Est-ce ma faute si les relations entre science et religion ont toujours été difficiles.

    J’aurais pu citer d’autres incroyants ou mécréants célèbres, Laplace, Thomas H. Huxley inventeur du mot agnosticisme, B. Russell, Einstein, Hawking, etc. J’aurais pu citer Freud -- mais la psychanalyse n’est pas une science à en croire Popper – qui a commis une véritable « déclaration de guerre » à la religion, selon le terme d’un de ses correspondants, en publiant « L’avenir d’une illusion » en 1927 : pour lui la croyance en Dieu n’est qu’un « accomplissement de souhaits humains sans rapport avec la réalité ».

    Du côté des grands scientifiques croyants, on ne peut pas ignorer Teilhard de Chardin qui a essayé de concilier sa foi et ses connaissances, mais ce fut au prix de propositions qui ont failli le rendre suspect aux yeux de sa hiérarchie (le point oméga).

     

    Quant à moi, je le répète, mon point de vue n’a aucun intérêt. Mais puisque je suis interrogé je dirai seulement que je doute. Ce qui néanmoins me questionne c’est le fait qu’il peut exister des peuples qui peuvent se constituer sociétés organisées et durables sans avoir besoin du concept de Dieu.

     

     

    7
    Pierre M.
    Mercredi 16 Février 2022 à 23:30

    Rappel d'une citation de Marguerite Duras, entendue ce jour dans l'émission "La Grande Librairie" (16/02/2022) : "Je bois parce que Dieu n'existe pas".

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