• C.R. du 17 Oct 2029 De la nécessité du pardon

     

    Compte-rendu personnel du débat du 17 Oct. 2020.

     

                                De la nécessité du pardon. 

     

    Le débat a tourné autour du pardon d’une part de personne à personne et d’autre part de nation à nation.

     

                                       Le pardon individuel.

     

    La personne ayant commis une offense grave envers une autre personne doit impérativement reconnaître sa faute et faire preuve de repentir pour être pardonnée. Dans le cas des attentats islamistes, les revendications de leurs auteurs ne font montre d’aucun remords ou regret il ne peut donc y avoir de pardon de la part de la ou des victimes.

     

    Au lendemain de l’attentat du Bataclan au cours duquel la compagne d’Antoine Leiris trouve la mort, celui-ci écrit une lettre ouverte : « Vous n’aurez pas ma haine ». Dans le même ordre d’idée, on pense à Sophie Pétronin, otage récemment libérée, et dont le travail a été tout au long de ses quatre années de réclusion de prendre de la distance afin, a-t-elle déclaré, de ne pas se laisser « cogner » par la haine et se faire du mal. Une femme dont le fils avait été tué par un jeune homme qui conduisait une voiture volée et sans permis, a pu, à la suite d’un long cheminement intérieur, pardonner au meurtrier de son fils et le rencontrer dans sa prison. Si la douleur était toujours aussi vive, elle a vécu plus sereinement car elle s’était libérée de la haine et de la colère qui la détruisait.  

     

    Le pardon pour l’offenseur nécessite qu’il reconnaisse ce qui s’est passé.

     

    Le pardon est un don, et par le fait même, il profite à l’offenseur comme à l’offensé.

     

    Mais serions-nous capables de pardonner si quelqu’un touchait à l’existence de nos enfants ou petits enfants ? Autre question sans réponse :  Qu’aurions nous fait, pendant la guerre de quarante, aurions-nous résisté on non ? Une intervenante a parlé des propos antisémites tenus par son père après la guerre, et des soupçons qui la traversaient quant à l’attitude qu’il avait pu avoir pendant l’occupation. Elle portait de ce fait et depuis son enfance un fardeau de honte, de doutes.   

     

    Les attentats actuels sont insupportables. Pour certains, ils sont la preuve qu’il n’y a pas de liberté de penser en France (point très contesté !). Mais ils sont dus au fait que certains sont dans une situation où ils se sentent obligés soit de se soumettre et de subir, soit de cogner. Le problème est de leur trouver un moyen honorable de se sortir de la soumission.

     

    La Justice n’accorde le pardon de la société qu’une fois la peine accomplie. Elle rend ses verdicts sans précipitation, pour ne pas être dominée par l’émotion. Quand la Justice n’est pas passée, comme c’était le cas pour les policiers Français qui ont organisé la rafle du « Vel d’hiv » en 1942, la faute non pardonnée peut accabler toute la vie, ce qui fut le cas pour beaucoup de ceux qui ont été concernés.

     

    Le pardon est-il une notion chrétienne ? En tous cas ce n’était pas une notion Grecque ou Romaine.

     

     

     

    Le Pardon de Nation à Nation.

     

    D’emblée, il a été dit que le pardon ne pouvait être qu’individuel. Et pourtant, pour beaucoup, force est de constater qu’il est également très important de Nation à Nation.

     

    Ce n’est pas seulement le résultat de discours de chefs d’Etat, qui peuvent souvent cacher des intérêts économiques.

     

    Question importante : sommes-nous responsables des méfaits de nos ancêtres ? Il est possible de répondre non, pour ne pas dénigrer notre « roman national » cependant ces ancêtres nous ont transmis un héritage très riche, mais aussi des zones d’ombre qui ne doivent pas être occultées.

     

    Deux cas principaux ont été cités :

     

    La réconciliation Franco-Allemande.

     

    Les Allemands ont fait un gros travail de contrition après les exactions commises pas le nazisme, qui avait l’approbation d’une forte majorité d’entre eux ; il est vrai qu’il était difficile de s’opposer au phénomène collectif de cette époque.

     

    C’est ce travail qu’avait bien compris Barbara (la chanteuse, qui était Juive) au cours d’un séjour à Göttingen.

     

                Il n’en est pas de même en Autriche, où, par exemple, on peut être obligé de prendre son petit déjeuner sous la photo d’un grand père SS, et où un des présidents (Kurt Waldheim) était un dirigeant nazi quand il avait vingt-cinq ans (au sortir de l’adolescence, on est plus facilement excusable).

     

    La colonisation, et la « repentance ».

     

    Cette repentance doit être faite avec une parfaite connaissance de l’Histoire, de toute l’Histoire, et d’autre part en évitant de juger de façon simpliste les comportements de nos aïeux qui vivaient à une autre époque et n’avaient pas nos connaissances.

     

    Cela dit, la colonisation s’est installée dans le mépris des « indigènes » et de leur culture. A cette époque, les colonisateurs étaient formatés par les « scientifiques », qui pensaient qu’il y avait des races supérieures. Quel dommage que la France n’ait pas su installer une bonne relation, fondée sur la réciprocité avec les arabes !

     

    Il est vrai que les atrocités dans ces guerres coloniales n’étaient pas d’un seul côté. Cependant, rien qu’au décompte des victimes, qui étaient 10 à 20 fois plus nombreuses chez les « indigènes » que chez les colonisateurs, que ce soit pour la période de la guerre d’Algérie ou pour ce qui l’a précédée (massacre de Sétif le 8 Mai 1945) on voit bien qu’il y avait un déséquilibre dans l’horreur. Il est donc important de faire repentance pour que, comme dans les relations interpersonnelles, il puisse y avoir un avenir dégagé de ce passé de violences.

     

    Mais il n’est pas question de nier les efforts et la bonne conduite de beaucoup de colons, et de fonctionnaires Français, notamment des instituteurs, qui ont eu des relations fraternelles avec les indigènes.

     

    Pourtant, la repentance ne consiste-t-elle pas à tendre la joue droite quand on vous a frappé la joue gauche ? Et d’autre part, ne risque-t-elle pas, si on s’y « scotche », de favoriser la haine ?

     

                                                       CONCLUSION

     

    Le pardon est un acte d’humanité et durant ces deux heures de débat il a été question de faute, remords, pardon, repentir, compassion… bref de tout ce qui pétrit l’âme humaine. Il est plus généreux et courageux de pardonner à l’homme qui a été blackboulé par tout les malheurs du monde que de faire la cour à celui qui par naissance ou fortune a été préservé de la malédiction de la faute.

     

    LES ÂMES : elles sont fragiles souvent et doivent être traitées avec générosité, bienveillance, douceur. On ne vernit pas un bois malade, on le traite en profondeur.

     

     

     

    C.R personnel rédigé par Benoit Delcourt et Charlotte Morizur. 

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Pierre M.
    Mardi 20 Octobre 2020 à 16:14

    Bonne introduction au débat et riche compte rendu.

    Je voudrais réagir seulement sur un point de détail présenté dans ce CR : le pardon aurait été une notion ignorée de Grecs et des Latins.

     

    En réalité il n’y a pas de société humaine viable sans compensation, réparation. Ainsi le don, est-il compensé par le nécessaire contre-don, comme l’a bien montré l’anthropologue Marcel Mauss. A contrario la faute peut être compensée par le pardon. Cette compensation peut prendre toutes les configurations, matérielle, formelle, symbolique, à l’identique…

     

    Le pardon existe donc dans toutes les sociétés, y prend des formes différentes et obéit à des exigences différentes. C’est la condition de dénouement des crises. Il passe souvent par la simple reconnaissance de la faute, sans nécessairement manifestation de regret. La littérature grecque (Homère, Sophocle) fourmille d’histoires de ce genre.

     

    Côté romain, Sénèque avait écrit un livre adressé à Néron, de Clementia, dans lequel à partir d’exemples historiques (la clémence d’Auguste envers Cinna qui avait pris les armes contre lui), il montre que c’est la clémence qui est la marque d’un bon chef. La clémence et non la générosité, la miséricorde, la pitié ou la compassion. Le bon stoïcien (Sénèque se rattachait à cette mouvance) ne pardonne pas. Il y a une forme de condescendance dans cet acte.

     

    Notre système judiciaire, très marqué de droit romain, procède de cette tradition (droit de grâce, amnistie).

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