• Populisme et Démocratie sont-ils conciliables ?

         Les notes prises en cours de séance par Daniel Soulat peuvent être lues dans le commentaire n° 4  (voir ci-dessous).

    Pour lire le texte sur le site avec statistique des pages lues 


  • Commentaires

    1
    Pierre M.
    Dimanche 11 Mars 2018 à 00:05

    Ne voulant pas aborder le fond de la question (le populisme) avant qu'il n'en soit débattu, je voudrais pourtant élever ici une protestation solennelle, au nom de tous les idiots passés, présents et futurs, contre l'appréciation dépréciative qui transparait dans le texte qui a été porté à notre connaissance. Ce serait un "homme restreint dans son intelligence" !

    J'en appelle à l'un des Idiots les plus célèbres, le prince Michkine, personnage attachant, d'une bonté et d'une honnêteté exemplaires, mais qui avait seulement quelques problèmes de santé aujourd'hui parfaitement maîtrisés par la science médicale. Socrate lui-même était considéré plus ou moins comme un idiot par le grand Aristophane, son contemporain, qui a consacré une de ses remarquables comédies pas la meilleure il est vrai ("Les nuées") à le caricaturer prêchant comme un idiot dans un panier perché ! En fait je ne suis pas sûr qu'il le traitait d'idiot mais c'est tout comme. En fait, je pense que le terme grec, concernait plus la différence culturelle et sociale, que la différence intellectuelle : un idiot n'était pas un débile, mais un individu qui n'était pas imprégné de la culture dominante.De même qu'un barbare était celui qui parlait mal le grec. On dirait aujourd'hui un prolétaire ou qqch comme ça.

    D'ailleurs le préfixe idio- n'a aucune connotation péjorative : on le trouve dans idiome, idiosyncrasie, etc. Il signifie ce qui appartient en propre à un individu.

    Le statut d'idiot est parfois considéré comme un honneur. J'en veux pour preuve telle Grande Ecole formant des ingénieurs agronomes, dans laquelle les étudiants suivaient ce cursus ascendant : bizut, sous-hypo, crétin, abruti, puis idiot. Idiot étant donc le summum de leur parcours estudiantin.

    Alors halte au racisme anti-idiot.

    Idiots de tous pays unissez-vous.

    L'idiot de service.

    Pierre

    2
    brouard
    Dimanche 11 Mars 2018 à 16:35

    Bravo pour la démonstration !!!

    Mais je trouve bizarre que l'auteur saute directement de la période grecque (quelques siècles avant J-C) à Fabius et Macron, comme s'il ne s'était rien passé pendant 2 000 à 2 500 ans...

    Or pendant ces deux mille ans, nous avons vécu sous le régime de la Chrétienté, une façon de vivre très fraternelle (aimons nous les uns les autres, tendons la joue gauche, haro sur les riches - il est plus facile pour un chameau de passer dans le chas d'une aiguille que pour un riche d'entrer au Paradis -, etc...) et quel en est le bilan après 2 000 ans d'application ?

    Il me semble évident que ce bilan n'est pas brillant, et que si le prophète Jésus revenait aujourd'hui voir comment ses disciples ont appliqué son enseignement, il serait évidemment horrifié !!!

    Quel rapport avec le populisme et la démocratie ? Evident, car le bonheur et le partage entre tous les hommes sur terre est loin d'être gagné, alors qu'il devrait régner naturellement si on avait tous ensemble appliqué les principes généreux et universels du christianisme...

    A discuter...

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    3
    daniel
    Mardi 20 Mars 2018 à 19:03

    en réponse à Sylvain; en deux pages, la densité est déjà forte, j'ai essayé de montrer que la séparation entre les élites et les "demeurés ou idiotès" date déjà depuis 25 siècles, de plus, j'ai essayé de montrer que la fracture entre émancipés et enracinés est au coeur des pro ou anti mondialisation, de surcroît la séparation entre 1/3 de connectés et les deux autres tiers qui ne le sont pas renforce une fracture en France qui s'élargie.

    il faudra attendre le compte rendu qui a été établi, pour voir la multitude d'opinions contradictoires, pour ma part je n'abonderai pas dans l'ostracisation d'une partie de la population, et ne monterais pas les uns contre les autres, voir la conclusion du texte d'introduction et le futur compte rendu envoyé aux présents pour amendement.

    charge à chacun d'apporter son opinion, c'est l'objet d'un débat au sein du café débat ou sur ce blog.

    4
    daniel
    Lundi 26 Mars 2018 à 10:13

    En guise de CR du café débat du 17/03/2018, pour ne pas prendre parti, compte tenu de multiples commentaires contradictoires, je m’en tiendrais qu’aux prises de notes ci-dessous.

    1/ Jean-Pierre : La démocratie doit tenir compte de toutes les idées et opinions donc conciliable même avec la démagogie. Les décisions dans un milieu contradictoire c’est compliqué. La représentation du peuple est importante. Les critiques sont nombreuses, mais il n’y a pas de bonnes propositions. Le système  représentatif ou constitutionnel actuel marche à peu près.

    La Suisse fonctionne plutôt bien, il y a une grande prudence dans les choix économiques. Le social est conservateur. Ce ne sont pas uniquement des banques, il y a pas mal d’industries.

    2/ André : La Suisse résiste au populistes et voient à long terme, depuis deux siècles ils fonctionnent bien, ce n’est pas forcément transposable en France.

    Les populistes promettent tout et ne voient qu’à court terme.

    En démocratie il faut du courage pour assumer ses décisions. Il faut une éducation qui prépare à la citoyenneté raisonnable.

    La Suisse est un bon exemple de démocratie.

    3/ Claude : il y a bien une distinction entre le peuple inculte et l’élite éduquée, et alors ? La démocratie en France n’est pas si mal que cela, il y a deux chambres et le pouvoir judiciaire. Nos représentants font venir des experts pour éclairer des sujets très complexes.

    4/ Jean Claude : Il y a une vague populiste dans de nombreux pays, dans les médias il y a plusieurs articles sur ce sujet, le point commun c’est l’émigration. Le peuple est méfiant vis-à-vis des élites. Il faut une analyse sur le terrain, pour savoir ce qui se passe dans la tête des gens. A l’évidence, il y a un malaise, le citoyen est méfiant de ses élites. Ce phénomène vient-il du peuple, ou cela concerne-t-il de la manière dont nous sommes gouvernés ?

    En Suisse, c’est le populisme triomphant, souveraineté au niveau des communes il y a le principe de subsidiarité, les communes le font, sinon elles se regroupent en canton. Les gens votent lorsqu’ils ont un avis, ils ne laissent pas les politiques décider. C’est le pays d’Europe où il y a le plus d’étrangers, pourquoi est-ce compatible ? L’explication est que pour être citoyen Suisse, c’est le Maire de la commune qui désigne un groupe de citoyens Suisses, ils vont aller interroger le candidat qui doit être en Suisse depuis cinq ans, voir ses voisins, pour devenir citoyen du village. C’est le peuple qui gère l’émigration, ils feront un rapport au Maire avec avis favorable ou non. La Suisse a beaucoup d’étrangers, il y a des conditions pour devenir citoyen Suisse, le peuple a des attitudes responsables. Est-ce du populisme ?

    5/ Michèle : en Suisse, on ne garde que les riches, la Finlande est le pays réputé comme étant le plus heureux, et c’est là où il y a le plus d’émigrés. Il faut un phénomène de masse pour faire passer ses idées. Non il ne faut pas craindre le populisme, il faut l’écouter.

    6/ Mamadou : en Suisse il y a beaucoup de comptes bancaires étrangers avec de la fraude fiscale, la Suisse n’est pas un exemple.

    La démocratie c’est le fonctionnement le moins pire du monde. Parmi les pays qui siègent à l’ONU il y a (Chine, Russie, USA) là où il y a du populisme, conséquence de la démocratie et de ses défauts.

    La votation est intéressante car proposée sur des sujets précis. Il n’y a que des chauffeurs de bus français, les Suisses ne veulent pas être chauffeurs de bus. Il y a une grosse pénurie de main d’œuvre en Suisse.

    Les trois tiers de la répartition de la population en France sont bien identifiés, et expliquent bien le score du FN aux élections.

    En Angleterre, Londres n’a pas voté le Brexit, par contre les régions industrielles ont voté le Brexit.

    Au départ le populisme est lié au chômage, à l’éducation, au manque de formation, au développement de la compétitivité.

    7/ Josette : Populisme c’est un mot qui m’énerve, mot à la mode, mot fourre tout, ne veut rien dire, mot flou. Les migrants peuvent susciter de la peur, réaction ‘tu es populiste c'est-à-dire raciste’.

    Daniel, autrement dit, populisme serait donc le sobriquet par lequel les démocraties perverties dissimuleraient vertueusement leur mépris sur le pluralisme.

    8/ André : quel est le meilleur système, c’est compliqué. En Suisse le peuple a le courage et l’intelligence d’affronter les problèmes qui seront résolus au long terme.

    9/ Randi : Mot populisme c’est tout ce qui ne va pas dans le sens de l’idéologie dominante, c’est du populisme. Populisme façon de faire de la politique aujourd’hui on est plus dans un régime oligarchique ce qui engendre un fossé entre le peuple des classes moyennes et l’élite (oligarchie financière). Le populisme c’est la défense des intérêts du peuple, la démocratie c’est le gouvernement du peuple. La démocratie c’est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, actuellement il a des représentants. Actuellement ce n’est plus le pouvoir législatif qui propose des lois, c’est le gouvernement et le Président qui les proposent. La démocratie représentative n’est plus une démocratie, le pouvoir est tenu par une petite élite, le populisme vient de là.

    Daniel : Serions-nous dans une démocrature ?

    10/ Jean Pierre : Nous sommes dans une oligarchie. Il faut bien la choisir, pouvoir la critiquer. Ce qu’il faut aussi, c’est pouvoir en changer. Il faut « travailler » assez pour se faire une opinion valable dans notre monde complexe. Le populisme n’est pas une idéologie. La problématique c’est comment gérer notre complexité.

    11/ Jean Claude : Populisme et dictature, aux USA par exemple c’est une démocratie et il y a une dictature de la justice, et actuellement une vague de populisme.

    12/ Claude : Faire la séparation entre les faits et les opinions, les politiques expriment des opinions. Par rapport aux émigrés j’ai des limites, les craintes sont légitimes.

    13/ Daniel : A ce stade du débat, je rappelle les deux questions en fin de texte d’ouverture de séance :

    -       La question de savoir comment et dans quelle mesure le « peuple » est associé à son propre gouvernement est évidemment centrale ;

    -       Réfléchir au développement d’une démocratie post électorale, puisque les résultats des élections présidentielles du 8 Mai 2017 ont été sur 47 millions d’inscrits :

    12 millions d’abstentions soit   25,5%

    4   millions blancs ou nuls soit   8,5%

    Ce qui réduit à 31 millions de votes comptabilisés

     

    Candidate Le Pen a obtenu 10 millions de votes soit 33,3%

    Candidat Macron a obtenu 21 millions de votes soit 66,6%

    Ceci renforce que le phénomène populisme ne repose pas tant sur le vote protestataire que sur la réserve abstentionniste, signe d’un peuple qui continu de se diviser, et de s’interroger sur les mutations contemporaines de la citoyenneté et du rapport aux politiques.

    14/ Catherine : Avant de répondre à ces questions, je voudrai renforcer ce qui a été dit dans le texte, nous avons un tiers de ‘connectés’ qui s’accommodent de la mondialisation’ et deux autres tiers  qui sont disqualifiés et sont dans la crainte, ils ne se sentent pas bien à leur place et se sentent délaissés. La société doit aller vers le mieux, et non vers le moins bien.

    15/ Claude : je ne suis pas du tout d’accord avec cela.

    16/ Mamadou : La démocratie est bien en France, malgré tout il y a des ordonnances qui ne vont pas dans son sens.

    17/ Claude nouveau parmi nous : Il faut revenir à l’identité nationale, il faudrait faire payer les abstentionnistes, compter les votes blancs, nuls, permettre aux migrants de voter avec leur carte de séjour.

    La Suisse est dans un système protectionniste, elle n’a pas participé à la deuxième guerre.

    En Belgique le vote est obligatoire.

    18/ Michèle : Signale l’existence de  CNDP Commission Nationale du Débat Public et des conférences de consensus.

    19/ Claude :

    20/ André : Pour voter il faut une opinion et cela nécessite un travail, la démocratie ne tombe pas du ciel.

    21/ Daniel : Pour information, en France sur la carte d’électeur, il est inscrit : ‘voter est un droit, c’est aussi un devoir civique’.

    22/ Jean Pierre : Pour la phase post électorale, les résultats de sondage dépendent de la nature de la question posée.

    23/ Gérard : Populisme et démocratie sont difficilement conciliables, puisque, les populistes sont égocentriques, la démocratie défend tout le monde, gros problème en démocratie on laisse s’exprimer ceux qui ne savent pas.

    24/ Claude :

    25/ Claude nouveau dans le CD : voir les Etats Africains.

    26/ Randi : Je me pose des interrogations quand j’entends que le système démocratique actuel est satisfaisant, notamment au regard du nombre des abstentions, des votes pour le FN. Ne serait-ce pas opportun de réformer les institutions, et engager des votes d’initiative populaire.

     

     

                                                                                                                          Soulat Daniel

     

    Nota : il y avait 22 personnes, dont 4 nouvelles (2 jeunes hommes, une jeune femme, un homme plus âgé).

     

    5
    Pierre M.
    Mardi 27 Mars 2018 à 00:07

    Pourquoi tant de détestation ? Le terme "populisme" est aujourd'hui très négativement connoté. Est-ce la désaffection à l'encontre des mots en –isme ? Mais ceux qu'on qualifie de populistes sont souvent des "anti-ismes". Est-ce que tout ce qui rappelle le Peuple, le "populo" est quelque chose de méprisable ? Condescendance de l'élite ?

    Mot récent, il désigne une réalité vieille comme l'histoire des civilisations : l'appel, le recours, la flatterie au "Peuple". Tous les Grecs illustres, comme Alcibiade, y ont sacrifié pour s'élever dans la Cité. Et à Rome, le difficile équilibre entre patriciat et plèbe était institutionnalisé (tribuns du peuple) ou acheté (distributions d'argent ou de pain : congiaires, frumentationes).

    En tout cas il y a là une dérive historique, car les populistes russes ou américains du dix-neuvième siècle passaient plutôt pour des démocrates, réformistes voire humanistes. Quant aux populistes sud-américains tels que Getulio Vargas au Brésil ou Peron en Argentine, au siècle dernier, s'il est vrai qu'ils ont pris quelques libertés avec les régimes soi-disant démocratiques qui ont précédé leur accession au pouvoir, ils ont satisfait à beaucoup de revendications sociales du "peuple" au nom duquel ils agissaient. En tout cas ils n'ont rien de commun avec les sanglantes dictatures militaires qui ont sévi au siècle dernier sur ces pays. Ils ont aujourd'hui encore leurs nostalgiques. C'est probablement en cela qu'on peut les qualifier de populistes.

    En France nous n'avons pas connu pareils mouvements. L'engouement envers le général Boulanger était dû au désir de revanche contre l'Allemagne (et à l'ambiguïté de son discours), envers Poujade au mécontentement des commerçants et artisans (et à la véhémence de son discours) : plus de la démagogie inaccomplie que du populisme.

    En définitive, c'est quoi le populisme ? Sans doute une expression fourre-tout qui qualifie au lieu d'expliquer. Qu'y a-t-il en effet en commun entre les gauchistes de tout poil, les néo-fascistes et nationalistes d'extrême-droite et les nouveaux mouvements dont l'émergence a surpris : les Partis Pirates scandinaves, les Indignés espagnols et le Mouvement 5 Etoiles italien ? Des ressemblances sur certains points, mais que de différences. Assiste-t-on à une rupture des clivages politiques traditionnels ? Devant la décrépitude éthique et politique qui ravage nos élites, il n'y a pas lieu de s'étonner. Mais quel dommage de galvauder ces qualificatifs (populaire, populisme) liés au beau nom de Peuple

     

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