• Peut-on être heureux au travail?

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    1
    daniel
    Jeudi 13 Octobre 2016 à 12:37

    Très bon texte d’André dans lequel on ressent du vécu.

    Mon analyse et commentaire : Après la période tragique de suicides répétitifs dans le monde du travail, plusieurs chercheurs et organismes se sont penchés sur le sujet, ils évoquent le bien être au travail par opposition au mal être. Dès 2010, un indicateur IBET (Indicateur de Bien Etre au Travail) a été conçu, d’ailleurs, rappelons que l’ergonomie est la discipline qui s’intéresse aux activités de travail, elle vise :

    -          La compréhension des interactions entre les humains et les autres composantes d’un système de travail.

    -          L’optimisation de la performance globale des systèmes de travail et du bien-être des personnes.

    A noter que les études menées avec l’indicateur IBET, montrent que le secteur tertiaire est le plus névralgique.

    Pour ma part, j’évoquerai donc des remarques sur le bien être au travail, celui-ci ne serait-il pas :

     On connaît son métier, on aime le faire, on sait ce que l’on attend de nous, on a confiance en soi et envers les autres, on est connu et reconnu, il y a un collectif de travail, on met en œuvre ses compétences, on a la satisfaction du travail bien fait, on a de l’autonomie, il y a peu de conflit, il y a des arbitrages et des décisions, on a une maîtrise sur la gestion des activités dans le temps et de leurs priorités, il y a adéquation entre charge et potentiel, on a la capacité d’agir et de faire face aux évènements, il y a une culture d’entreprise et une éthique.

     Un collectif de travail, c’est un ensemble d’individus dotés d’un état d’esprit de cohésion, il est caractérisé par l’échange, l’apprentissage, l’entraide, le soutien, la solidarité, la considération, la reconnaissance des collègues et de la hiérarchie, en dehors de la synergie il apporte donc un soutien social, il favorise la capitalisation d’expériences et des connaissances.

    Le collectif protège l’individu

    Le collectif de travail est l’instance qui permet de faire face à ces difficultés. La transmission de ficelles, de tours de main, de façon de se situer par rapport aux objets, aux outils, à la hiérarchie et aux collègues réduit tâtonnements et conflits. Elle permet l’intégration des nouveaux. Elle procure le sentiment d’une orientation commune et constitue le ciment de la solidarité. Le collectif est donc lié à l’existence des règles partagées, qui orientent les arbitrages face aux dilemmes de l’activité, qui protègent contre l’échec et permettent de na pas porter seul le poids du travail. Le sentiment de communauté ainsi créé constitue une défense très efficace vis-à-vis des attaques extérieures. Le fait que l’orientation de l’individu soit légitimée par le collectif protège sa santé mentale : ce qui est mis en cause, ce n’est pas lui personnellement, c’est une position commune. Le collectif défend donc la santé de ses membres dans la mesure où il pousse à ce que le débat social ne porte pas directement sur des questions de personnalités mais sur des questions qui dépassent le niveau individuel, sur des questions d’organisation du travail.

    Les différentes distances (physique, communicationnelle, professionnelle, organisationnelle) combinées, vont à l’encontre des différents apports de la co-présence et de la construction de collectifs de travail. Elles génèrent par la même occasion, de l’isolement.

    On ne peut parler de travail sans évoquer le professionnalisme, Le Boterf le définit comme la conjugaison de quatre éléments qui touchent la personne, le métier et le rapport à l'environnement :                  

    -          C'est l'équilibre personnel humain et la contribution à la dynamique collective

    sociale, permettant des interrelations et une communication de qualité ;                                                                                                                          

    -          C'est la maîtrise du métier, au point d'en être une référence sur la totalité ou l'une

          ou l'autre partie, liée à la qualité de service élaborée avec et pour le client sur la

          durée ;                                                                                                                         

    -          C'est la capacité d'apprendre, d'innover, de créer et capitaliser du savoir, de le 

          transmettre en interne et dans les réseaux ;       

    -          C’est savoir s’engager, prendre des initiatives, faire des propositions, s’impliquer  

    entreprendre.

    Le management assure son rôle : " Prendre en charge  un groupe de travail, en lui donnant les moyens collectifs et individuels de progresser vers un meilleur équilibre efficacité  / confort, au service de la politique de l'entreprise concurrentielle ou de l'organisation de service public. ".

    Sans oublier d’avoir un rôle de pédagogue, ni de négliger la conversion du savoir tacite en savoir explicite, pour laquelle les cadres moyens jouent un rôle clef. Ce sont eux qui synthétisent le savoir tacite des travailleurs de la base et des cadres anciens, le rendent explicite et l'incorporent dans les techniques et les produits nouveaux. Enfin créer et animer un collectif de travail.

    Le professeur Karasek a mené des études sur les risques psycho-sociologiques au travail, il a déterminé une matrice de mesure du stress professionnel, avec en croisement de chacune des lignes et colonnes : une demande psychologique forte ou faible, une latitude décisionnelle forte ou faible, donnant lieu selon les cas de figure à du travail actif, tendu, détendu, passif.

    Le travail tendu étant la zone critique aboutissant dans certains cas au burn out. 

    La culture d’entreprise est un véritable atout si se trouvent réunis :

    ·         La volonté et la conduite d’un dirigeant, dans laquelle il engage sa vision et son leadership ;

    ·         L’engagement actif des membres de l’entreprise pour entrer volontairement dans une remise en cause de leurs habitudes et de leurs modes opératoires, qui implique à son tour une modification de leur cadre de valeurs de références.

    On reconnaît un leader à sa capacité à faire changer la culture d’entreprise, en contraste avec un dirigeant qui serait seulement un « manager » ou un gestionnaire.

    Tout ce développement assez long mais raccourci provenant d’un travail personnel mené à la retraite, sur les conditions de performances durables, montre que les Nouvelles Technologies de l’Information et de Communication, conduisent à des impacts aboutissant à du mal être au travail, par : manque de collectif de travail, sur sollicitations, isolement, non maîtrise des entrées de charge, générant un emballement du système conduisant à un phénomène d’entropie.

    Mon point de vue, est que l’on peut avoir des satisfactions au travail, mais être heureux c’est autre chose.

    Pour ma part, j’ai eu des satisfactions lors de mon travail en entreprise, mais le contexte de concurrence, de compétitivité, de performance, abouti à des difficultés et conflits, une sur saturation provoquée par les différentes sollicitations via les systèmes d’informations, rythme accéléré du à la surcharge de travail et des plannings tendus, la perte de relations humaines issue de l’emballement du système et une culture d’entreprise qui est passée de « audacieux, chaleureux, visionnaire », à « fiable, proche, enthousiaste » et un management par les indicateurs de performance et de profitabilité. Etre heureux au travail c’est autre chose, et on ne peut ne pas se rappeler la pancarte « le travail rend libre », autre sujet.

     

        « Enfin, à la retraite, je travaille à être heureux, c’est le plus beau des métiers. »

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