• Mondialisation : faut-il réguler, et comment ?

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    1
    Dimanche 22 Octobre 2006 à 00:17

     



    Réponses de Jean-Marc :



     



    Jean-Jacques : "il manque à ton analyse la dimension " temps "."



     



    Jean-Marc : Au contraire, j'ai analysé plusieurs millénaires…


    Au contraire, j'ai analysé plusieurs millénaires…

     



    Jean-Jacques : "…l’éventail des salaires va se réduire considérablement. Ce fut le cas au début de l’intégration de l’Espagne, du Portugal et de la Grèce dans l’Union Européenne."



     



    Jean-Marc : Il ne faut pas confondre l'intégration de l'Espagne (quelques dizaines de millions de personnes) avec l'intégration de la Chine et de l'Inde (populations de l'ordre du milliard dans les deux cas). L'arrivée en continu depuis quelques temps (et ce n'est pas fini…) de centaines de millions de Travailleurs sur le marché mondial déstabilise le marché de l'emploi et tire les salaires et les conditions de travail vers le bas (loi de l'offre et de la demande).


    Il ne faut pas confondre l'intégration de l'Espagne (quelques dizaines de millions de personnes) avec l'intégration de la Chine et de l'Inde (populations de l'ordre du milliard dans les deux cas). L'arrivée en continu depuis quelques temps (et ce n'est pas fini…) de centaines de millions de Travailleurs sur le marché mondial déstabilise le marché de l'emploi et tire les salaires et les conditions de travail vers le bas (loi de l'offre et de la demande).

     


    L'arrivée de nouveau Travailleurs pourrait être bon pour l'économie, car cela pourrait créer de la demande (nouveaux consommateurs). Le problème est que, trop souvent, il y a substitution d'emplois correctement payés par d'autres très mal payés. C'est-à-dire que, au lieu de fabriquer en Europe on fabrique en Chine. C'est déshabiller Pierre pour habiller Paul. Nos ouvriers qui étaient à peut près correctement payés perdent leurs emplois. Ils sont remplacés par de la main d'œuvre mal payée et se contentant de mauvaises conditions de travail. De plus en plus de professions vont subir le même sort que les ouvriers (opérateurs dans les centres d'appels, ingénieurs etc.)


     


     



    Jean-Jacques : "Je dirai donc ici que ce qui est inéluctable, c’est la fin de la mondialisation."



     



    Jean-Marc : Permet moi de te dire, Jean-Jacques, que tu rêve un peu… Même si le problème du pétrole peu ralentir la mondialisation côté transports et circulation de biens (et encore, avec les solutions de remplacement, ce n'est même pas certain), côté circulation d'idées et de cultures ce ne sera pas le cas. Par ailleurs, le manque de pétrole n'empêchera pas d'avoir beaucoup de services immatériels à l'étranger (centre d'appels, services financiers, bureaux d'études etc.) Et puis, nous ne sommes qu'aux balbutiements de la conquête de l'espace…


    Permet moi de te dire, Jean-Jacques, que tu rêve un peu… Même si le problème du pétrole peu ralentir la mondialisation côté transports et circulation de biens (et encore, avec les solutions de remplacement, ce n'est même pas certain), côté circulation d'idées et de cultures ce ne sera pas le cas. Par ailleurs, le manque de pétrole n'empêchera pas d'avoir beaucoup de services immatériels à l'étranger (centre d'appels, services financiers, bureaux d'études etc.) Et puis, nous ne sommes qu'aux balbutiements de la conquête de l'espace…

     



    Jean-Jacques : "Autre remarque, sur tes propositions cette fois. Tu proposes de TOUT réguler par les taxes, et, singulièrement, les droits de douane. En économie capitaliste " normale ", c'est-à-dire même pas " ultra-libérale ", cela ne fonctionnera pas.



     



    Jean-Marc : Dans mon système, je taxe d'un côté (importations) et je détaxe de l'autre (le travail). Globalement, les prélèvements restent d'un montant inchangé. J'irais même plus loin : mon système relançant l'économie, à taux de prélèvement égal, cela donnera plus d'argent ; il y aura également moins de pauvres puisque les gens trouveront plus facilement du travail correctement rémunéré. Et là, selon que l'on est de droite ou de gauche on peut soit baisser les prélèvements, soit augmenter les prestations sociales (ou même faire les deux).


    Dans mon système, je taxe d'un côté (importations) et je détaxe de l'autre (le travail). Globalement, les prélèvements restent d'un montant inchangé. J'irais même plus loin : mon système relançant l'économie, à taux de prélèvement égal, cela donnera plus d'argent ; il y aura également moins de pauvres puisque les gens trouveront plus facilement du travail correctement rémunéré. Et là, selon que l'on est de droite ou de gauche on peut soit baisser les prélèvements, soit augmenter les prestations sociales (ou même faire les deux).

     


     



    Les réponses complètes de Jean-Marc sont sur le blog :



    http://ecomondiale.over-blog.com/


     


    2
    Dimanche 29 Octobre 2006 à 18:54

    bonjour,


    nous habitons à la campagne - plus de vaches que d'habitants- mais nous avons un café philo dont je m'occuppe : l'atelier d'échanges s'appelle "Kess Kin' Né ?", patois des gens qui s'interpellent sur le trottoir ; et ça marche.......... une moyenne de 20 personnes tous les mois.......

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    3
    jean-jacques
    Mardi 17 Juillet 2012 à 09:24

    Comme je ne pourrai être présent samedi, je te mets ci-dessous quelques commentaires sur ton texte, que j'aurais préféré faire en direct et de manière interactive...


     


    Après lecture de ce texte, je voudrais faire quelques remarques. La principale, qui entraîne toutes les autres, c’est qu’il manque à ton analyse la dimension « temps ».


    En effet, cette mondialisation que tu considères comme « quasi-inéluctable » se traite différemment selon qu’on réfléchit à court terme (disons à 10 ou 15 ans) ou à long terme (15 à 50 ans). Pourquoi ?


    A court terme, cette mondialisation qui se caractérise entre autres, dans ses mauvais aspects, par des délocalisations vers les pays à bas salaires et des aberrations dans la fabrication des produits et dans le commerce international (voir par exemple l’histoire des 50000 tonnes de poulet importés de GB à NL, alors que NL en importe 30000 de GB…, ou encore du circuit des pièces détachées avec montage partiel entre différents pays avant commercialisation), va se poursuivre un moment encore.

     



    Puis viendront des éléments régulateurs naturels très forts qui vont la stabiliser puis la faire régresser. A long terme, à partir de 2050 au plus tard, elle disparaîtra ou sera redevenue marginale. Parmi ces éléments régulateurs, il y en a deux qui sont  évidents :


    -          le premier peut être discuté, mais il se fonde sur l’expérience du passé : dans une économie mondialisée pratiquant largement la libéralisation des échanges, l’éventail des salaires va se réduire considérablement. Ce fut le cas au début de l’intégration de l’Espagne, du Portugal et de la Grèce dans  l’Union Européenne : trente ans après, le niveau des salaires dans ces pays a quasiment rejoint celui de la moyenne européenne, et pas par un nivellement par le bas comme tu le dis ou le crains ; c’est un processus qui est en route pour les pays nouvellement admis et qui va se dérouler, selon toute probabilité, de la même façon. En ce moment, les économies des anciens pays de l’Union en souffrent un peu, par des délocalisations intra-européennes vers l’Est et des migrations de travailleurs dans l’autre sens, mais en fait moins qu’on ne pourrait le craindre. Je te renvoie pour cela au dernier numéro spécial de « Alternatives économiques » intitulé : « Les chiffres de l’économie 2007 » où par exemple, page 75, il est clairement expliqué que la France est très attractive pour les entreprises étrangères, c'est-à-dire pour des délocalisations en sens inverse…Ou alors, c’est que tu es pour le refus de tout changement : pas de délocalisations d’entreprises françaises à  l’étranger, et pas d’envahissement de notre industrie et de nos services par des firmes étrangères. Dans ce cas, en effet, fermons nos frontières et vivons donc en autarcie, si on le peut !


    -          le second ne peut pas être discuté : il s’agit de la fin du pétrole. A l’horizon 2050, quand il n’y aura plus de pétrole à consommer sur Terre, ou que son prix sera devenu trop élevé, on consommera naturellement sur place ce qu’on produira sur place. On cessera de consommer en hiver des fraises californiennes transportées par avion, et on recommencera à fabriquer près de chez soi les produits de première nécessité : habillement, chaussures, petit électroménager, etc. Et je pense que ce sont les pays les moins avancés, qui n’ont pas connu le luxe et le gaspillage des pays « avancés », qui s’en sortiront le mieux. Je dirai donc ici que ce qui est inéluctable, c’est la fin de la mondialisation.

     




     


    Autre remarque, sur tes propositions cette fois. Tu proposes de TOUT réguler par les taxes, et, singulièrement, les droits de douane. En économie capitaliste « normale », c'est-à-dire même pas « ultra-libérale », cela ne fonctionnera pas. Les industriels sont tous contre l’accumulation des taxes dont ils sont l’objet, et devant la levée de boucliers que ces mesures entraîneraient, aucun gouvernement ne sera en mesure d’imposer un tel système. Il faudrait en outre que TOUS les gouvernements soient d’accord entre eux, ce qui n’est pas le cas, loin s’en faut. En effet, celui qui ne jouerait pas le jeu serait gagnant par rapport aux autres, on ne pourrait jouer que gagnant-perdant et non gagnant-gagnant.

    Je juge donc ces propositions utopiques, d’autant que pour les mettre en œuvre il faudrait le faire à deux niveaux : à l’OMC d’une part, et comme cet organisme et « en panne » et ne régule plus rien depuis un certain temps, il ne faut pas en attendre des miracles ; à Bruxelles d’autre part si l’Europe veut agir seule contre tous à ses frontières, et comme tu le sais, tous les pays européens ne sont pas d’accord entre eux sur ce point. A tout le moins, les discussions dureraient tellement longtemps que la mondialisation aurait sans doute commencé à  régresser naturellement avant qu’on soit arrivé à un accord dans le sens que tu souhaites...


    Par contre, ce qui pose problème réellement, c’est le capitalisme financier mondialisé et tout ce qui tourne autour. Je te suis assez volontiers dans tout ce que tu en dis, je ne m’étendrai donc pas. De ce point de vue, la taxe Tobin sur les capitaux spéculatifs serait une bonne chose, et je pense que les discussions se poursuivent actuellement sur ce sujet même si on n’en parle pas beaucoup.


    Juste un point d’importance cependant : la fixation du taux de change des monnaies. Si la Chine est si attractive, ce n’est pas tellement parce qu’un chinois travaille plus en gagnant moins qu’un ouvrier européen, même si c’est vrai, mais parce que le taux de change du yuan en euros ou en dollars est fixé artificiellement par un accord tacite entre les chinois et les américains.  En effet, si un kilo de pain coûte l’équivalent de 10 centimes d’euro en Chine, avoir un salaire de 80 euros par mois permet à un chinois de se nourrir et de vivre tout à fait correctement. « Il n’y aurait donc qu’à » porter ce taux de change à sa valeur normale, et une grande partie des délocalisations en Chine ne se ferait plus, tout comme les exportations de Chine vers l’Europe et le reste du monde seraient rendues plus difficiles. Mais il y a tellement d’intérêts en jeu pour que cela ne se fasse pas qu’on a peu de chance de voir s’appliquer cette solution « simple », du moins dans l’immédiat.

     


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