• L'instinct et l'intelligence : une réponse à l'adaptation ?

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    1
    Pierre M.
    Jeudi 20 Septembre 2012 à 17:29

    Instinct ? Intelligence ? J'avoue ne pas trop savoir ce que c'est. Et j'espère que ce prochain Café-Débats éclairera ma lanterne. En tout cas ce ne sont pas des catégories scientifiques qu'on peut définir et quantifier. Le fameux QI est une foutaise !

    Celui qui a certainement saisi avec le plus de pertinence la portée autoréférentielle du concept d'intelligence est encore l'inoubliable Fernand Reynaud : "je suis intelligent puisque je suis douanier". Comme l'a indiqué Jean-François Richard, qui fut prof. à Paris VIII, l'intelligence est une fonction par laquelle l'homme a essayé de se définir dans l'échelle des êtres, entre la divinité et l'animal, entre l'ange et la bête. Ce n'est pas une réalité tangible. Comme l'instinct, c'est plus une notion psychologique qu'une catégorie scientifique.

    D'ailleurs si on se reporte à l'origine des mots – c'est une interprétation un peu personnelle dont je ne garantis pas la totale pertinence – le mot intelligence vient du latin intellěgo (je discerne, comprends), lui-même issu de inter (entre) et de lěgo (je ramasse, recueille, notamment par les oreilles ou par la vue et, donc, je lis). Ce qui indique clairement à mon sens le caractère descriptif et non explicatif de ce phénomène (l'expression "lire entre les lignes" me semble en être une bonne illustration). Il s'agit de la mobilisation et de la mise en œuvre d'un ensemble de moyens ou de compétences pour faire face à une situation donnée. De même l'instinct, du latin instinctŭs, signifie (voir ce bon vieux Gaffiot) impulsion ou inspiration. En bref, intelligence comme instinct désignent ou plutôt décrivent, sans en expliquer les causes, des capacités ou des comportements des individus, pas nécessairement humains d'ailleurs.

    La première des conséquences de ces observations est qu'il est difficile de faire la part que ce qui est intelligence et de ce qui est instinct. La seconde est que l'on ne saurait se cantonner à cette grossière dichotomie : intelligence = humains, instinct = animaux. Bien plus, des scientifiques, comme par exemple le britannique Anthony Trewavas, se sont intéressés à l'intelligence des plantes, c'est-à-dire à la capacité de ces  végétaux à analyser une situation (stress hydrique ou autre), à y réagir, à communiquer avec leurs congénères et même à anticiper les situations défavorables.

    Enfin, je rappellerai ce que j'ai déjà signalé il y a peu dans un autre message, événement qui n'est pas sans incidence sur notre débat : les différentes neurosciences cognitives ont réalisé des progrès considérables sur la compréhension du fonctionnement du cerveau et de la genèse de la pensée. En témoigne le texte de la courte "Déclaration de Cambridge sur la conscience" (The  Cambridge Declaration on Consciousness) signée le 7 juillet dernier par un groupe d'éminents scientifiques de ces disciplines. La conscience ne serait pas l'apanage des animaux possédant un néocortex comme les mammifères.

    http://fcmconference.org/img/CambridgeDeclarationOnConsciousness.pdf 

    Que reste-t-il de nous pauvres animaux humains si on nous dénie notre "hominitude" ?

    2
    soulat
    Vendredi 21 Septembre 2012 à 10:04

    Citons Henri Bergson : il y a des choses que l’intelligence seule est capable de chercher, mais que, par elle-même, elle ne trouvera jamais. Ces choses, l’instinct seul les trouverait, mais il ne les cherchera jamais. Instinct et intelligence, représentent deux solutions divergentes également élégantes, d’un seul et même problème.


     


    Pour ma part, l’adaptation peut être source de progrès, mais peut être source de régression, en effet le caractère adaptatif de l’individu peut le conduire vers le mieux ou vers le moins bien.


     


    Pour étayer cette remarque, je ferai appel au paradoxe de la modernité : plus cela s’accélère, plus grand est le besoin d’avoir des freins puissants, plus les sociétés et entreprises sont confrontées à l’urgence de maîtriser le changement des mœurs et des techniques, plus les individus se contentent de s’y adapter. Ne serait-ce pas là de la résignation ?


     


    A l’opposé de l’adaptation, je rajouterai la citation de Gandhi « soyez vous-même le changement que vous voulez voir dans le monde ».


     


    Voyons également ce que disait Victor Hugo : « l’instinct c’est l’âme à quatre pattes, la pensée c’est l’esprit debout », « la raison c’est l’intelligence en exercice, l’imagination c’est l’intelligence en érection » ceci dans Tas de pierres. Cela devrait susciter des réflexions au cours du café débat.


     


    Au-delà de l’intelligence et de l’instinct, il y a un autre élément qui peut répondre à la question de Claude, c’est l’INTUITION. Sentiment irraisonné, non vérifiable qu’un évènement va se produire, que quelque chose existe (on dit l’intuition mathématique », alors que l’instinct serait du ressort de l’impulsion innée automatique qui régit le comportement des individus.


     


    Pierre Janet distingue trois formes de l’activité : l’instinct, l’habitude, et la volonté.


     


    Nous verrons la notion d’habitude dans un futur débat.

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