• Douter, remettre en question serait-il devenu un affront, un abus, un acte complotiste ?

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    1
    Daniel
    Dimanche 11 Avril 2021 à 07:52

    I/ Commentaires et remarques relatives au texte de Josette :

    Josette fait part de son ressenti, elle expose une critique de l’air du temps une forme de ‘doxa’ (ensemble des opinions reçues sans discussion, comme évidentes, dans une civilisation donnée …), cela me paraît une bonne description. Lorsqu’elle évoque l’observation de faits, de comportements, ou d’expressions qui font la société, et comme elle le souligne, ‘un esprit de division, de séparation est entretenu’, cela me fait penser à Hobbes ‘la guerre de tous contre tous’, là également c’est bien imagé, puisque nous sommes de plus en plus dans un climat de défiance. Pour mémoire voir le café débat du 28 Mai 2016.

    II/ Analyse et compléments de commentaires :

    1/ Précisions pour éviter des confusions : Il est nécessaire d’expliciter les différents termes :

    Complot : Par extension, projet plus ou moins répréhensible d'une action menée en commun et secrètement.

    Conspiration : Une conspiration est soit une entente secrète entre plusieurs personnes en vue de renverser un pouvoir établi, soit une organisation en vue d'attenter à la vie ou la sûreté d'une personne d'autorité.

    2/ Contexte : Le monde est de plus en plus régi par des suspicions, des rumeurs, des fausses informations, ensemble d’éléments ayant la propension à brouiller la vue,  les idées, les opinions, ce qui conduit à la perte de confiance, et vivre dans la défiance. L’idéologie dominante de l’étatisme aboutit à ce que les citoyens attendent trop de l’Etat, et comme les gouvernants ont perdu la confiance de leurs électeurs, un climat de défiance s’est installé.

    3/ Comment apparaît un complot : Dans une situation de bouleversement qui paraît inexplicable,  le soupçon émerge, laissant place à des rumeurs, allant même jusqu’à inquiéter un pays en faisant régner la peur, le meilleur exemple est la 5e colonne en Espagne avec un ennemi fantasmé et invisible pour inquiéter le pays.

    Le complotisme est de voir une causalité, là où il n’y a qu’une concomitance (phénomènes qui se rejoignent en même temps, coïncident), or tout ce qui ressemble à une série causale est immédiatement rendu au hasard. Une corrélation est un lien statistique, sans qu'on se demande quelle variable agit sur l'autre. Une causalité est un lien qui affirme qu'une variable agit sur une autre. Ainsi, tenter de démontrer une théorie en additionnant des statistiques et en comparant des courbes ou des cartes peut être trompeur si la démonstration n’est pas accompagnée d’une étude rigoureuse. Le raisonnement complotiste ne laisse aucune place au hasard.

    La pandémie met le monde dans l’incertitude propice au complot, associé à une frustration de perte de contrôle, lutte contre l’impuissance. Le moindre détail est interprété, voire déclenche une paréidolie (causée par la tendance naturelle à assimiler des perceptions nouvelles à celles déjà connues et répertoriées, on croit voir ou entendre), donc sous tendu par de la croyance, ce qui conduit à dire que les meilleurs produits sont ceux attendus par le cerveau, car il y a ce que l’on appelle le principe de négativité dans la cognition. Notre cerveau est câblé pour faire attention au danger, parce qu’un danger est une vraie information qui pourrait nous menacer.

    Ce qui prime dans ces discours n’est pas l’idée du complot, mais la lecture apocalyptique de la réalité. Le mode de fonctionnement du complotisme est bien souvent l’interprétation qui commande le fait, la contamination entre l’univers de la fiction et celui de la réalité, l’importance du ‘tout se passe comme si’.

    Les esprits crédules, les personnes croyant aux sciences occultes manifestent et adhèrent davantage aux théories du complot. Le complotisme fait disparaître le doute qui sauve et ouvre la voie à des certitudes qui tuent (EPI vaccin).

    Le grand succès du complotisme tient à sa capacité de regrouper des personnes perdues, grâce aux communautés face book notamment, et les séduire en invoquant qu’ils veulent défendre le bonheur de tous et le salut du monde, avec cette promesse ils ont envie de croire car très angoissés.

    4/ La principale problématique à affronter lors d’un complot : C’est de démêler le vrai du faux.

    5/ En dehors de l’approche complotiste, il y a les lanceurs d’alerte, bénéfiques pour faire prendre conscience de situations étouffées, ces lanceurs d’alerte sont protégés depuis  (Le droit français prévoit déjà des procédures de signalement spécifiques à certains secteurs, ainsi qu’un dispositif de signalement et de protection des lanceurs d’alerte plus général introduit par la loi Sapin II. Le droit français doit cependant désormais évoluer pour tenir compte des dispositions de la directive européenne du 23 octobre 2019. ), les amalgamer avec les complotistes serait dangereux, et constitue un risque, en plus du risque de neutraliser les journalistes d’investigation.

    6/ Risque important : beaucoup s’alarment également de la menace que pourrait faire peser à long terme, pour la démocratie, la banalisation d’une culture dite de la ‘post vérité’ dans laquelle la prise en compte des réalités factuelles dans la détermination de l’intérêt général deviendrait secondaire.

    7/ Déconstruire la désinformation et les théories conspirationnistes complotistes

    Les enseignants peuvent accompagner leurs élèves dans un travail de réflexion et de mise à distance critique des informations qu'ils reçoivent et diffusent, en questionnant leur usage des médias, en particulier les réseaux sociaux.

     

    8/ L'apport de l'éducation aux médias et à l'information (EMI) et de l'esprit critique 

    L’éducation aux médias et à l’information met l’accent sur la capacité des élèves à analyser l’information et la source dont elle émane.  EMI « Une connaissance critique de l’environnement informationnel et documentaire du XXIe siècle. »

     

    9/ Conclusion : Il apparaît que nous sommes dans une situation de lutte des classes, où le complotisme serait une arme contre l’idéologie dominante ? La priorité est de distinguer les croyances des connaissances, face à ces sujets lourds, il faut être formé à une pédagogie, à une psychologie, à une déontologie et à une éthique du débat. Ne pas mépriser les individus qui sont dans une attitude de doute, recréer un climat de confiance.

     

    Comme déjà évoqué dans le café débat du 28 Mai 2016 Peut-on construire une société en ayant un climat de défiance ? : ‘Ce serait donc le rôle des institutions de redonner du sens et de la confiance aux individus : l’exemplarité des élites avec leur leadership, le rôle de l’éducation, du civisme, contribueraient à la confiance du corps social entre soi et en soi.’ Ceci irait dans le sens des propos du Président de la République le 14 Juillet 2013 « Reprendre confiance, ne pas céder au dénigrement de nous-mêmes, au pessimisme, à une forme de résignation ».

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