•         Résumé personnel de la séance du 1er Décembre 2018.

                              « Notre civilisation peut-elle s’effondrer ?

     

                                                             (Benoit Delcourt et Pierre Renard)

     

    Les réactions ont été de deux sortes : d’une part les dénégations de la responsabilité de l’industrialisation sur le réchauffement climatique et de l’épuisement des ressources  naturelles, et d’autre part sur la méthode à utiliser pour éviter cet effondrement.

    1.              Les dénégations.

    Sur le réchauffement climatique.

    Certains ont émis l’hypothèse que les scientifiques du GIEC étaient sous influence politique. Par ailleurs, les prévisions des scientifiques seraient parfois faussées : celles du « club de Rome (vers 1970)  n’ont pas anticipé le phénomène des gaz à effet de serre (ce dernier n’a été dénoncé que vers 1995).

    Le livre de Pablo Servignes envisage cet effondrement comme certain, il est trop à charge, et donc manquerait de raisonnement scientifique.  Il y aurait des choses positives non signalées dans ce livre, et les besoins alimentaires de l’Humanité seraient assurés au moins jusqu’en 2100.

    . Cependant, le réchauffement depuis 1950 de 1° à la surface des océans, de 2° à celle de  la terre ferme, et de 4 ° au pôle Nord, ne peut s’expliquer que par l’industrialisation. Et les  effets sur le niveau de la mer, sur les ouragans et les sécheresses sont maintenant palpables.

     

    Sur l’épuisement des ressources naturelles.

    Là encore, les prévisionnistes du Club de Rome se sont trompés, qui annonçaient  l’épuisement des ressources de pétrole pour 2010. Trois facteurs ont été débattus:

    _l’amélioration du rendement des moteurs thermiques, notamment ceux des automobiles,

    _l’accroissement  continu du nombre de voitures dans le monde, (en France nous en sommes à 39 millions ; pour le monde, cela va bientôt dépasser le milliard), lié à la fois à l’accroissement démographique mondial (facteur 4 entre 1960 et 2025), et à l’augmentation du niveau de vie des pays émergents.

    _les nouvelles sources de pétrole, notamment le « gaz de schiste », présent dans beaucoup de puits déjà exploités pour le pétrole liquide.

     

    Malgré ces dénégations, et vu l’augmentation démographique, le caractère limité de notre planète et l’influence toxique des énergies fossiles sur le réchauffement climatique, il semble néanmoins indispensable   de se tourner vers d’autres sources d’énergie :

    -          les énergies renouvelables intermittentes, tels que le solaire et l’éolien qui ont pour inconvénient de ne pas pouvoir être stockées ; de ce fait ces sources ne produisent sur une année que 20 % de la puissance installée. Et par ailleurs elles consomment des ressources rares (dans les cellules photo électriques et les aimants).

    -          Les bio énergies (bois, biomasse, bio gaz), prometteuses mais en phase de décollage et pas toutes renouvelables.

    -          Le nucléaire, lorsque les problèmes de sécurité et de déchets auront été résolus.

     

      

       A côté de l’épuisement des ressources fossiles, il faut parler :

       --de l’épuisement des sols,

       --de la disparition de 80% des insectes en trente ans, qui a pour conséquence celle de beaucoup d’oiseaux. Disparition des hannetons, raréfaction des papillons, et même des abeilles.

       --de l’épuisement des ressources maritimes. 

     

    2 Méthodes à utiliser pour éviter l’effondrement.

    Pour certains, il n’y a pas de problème :

     L’humanité a toujours connu des hauts et des bas, et aux bas succèdent les hauts, et les problèmes sont faits pour être résolus ! Il y a eu par exemple des épidémies de peste (1348), finalement surmontées, et plus récemment d’Ébola, rapidement éradiquée.

     Dans le même ordre d’idées, il y a eu la chute  de l’URSS, du la crise au Venezuela, et au du Zimbabwe, dues à des Etats défaillants. Dans ces trois cas,  l’effondrement n’était dû qu’à la mauvaise gouvernance des états ; il ne s’agissait pas d’effets  matériels et planétaires.

    Quant à la montée des eaux, ce serait simple pour certains : il faudrait remonter les digues aux Pays-Bas,  et en créer au Bengladesh et dans toutes les îles concernées (????).

     

    Cependant, diverses actions ont été citées :

    Les efforts de recyclage, notamment des plastiques, et même de l’eau. En Belgique, une usine récupère l’or des vieux circuits électroniques.

    En fait, il faudrait se fixer comme règle de ne jamais dépasser la quantité d’énergie qu’on peut renouveler, ce qui nécessite un gros effort. La consommation d’énergies  fossiles est beaucoup trop forte actuellement.

    Se méfier des solutions faciles : une voiture électrique, bien que moins polluante et plus économe en consommation qu’une voiture thermique, demanderait également de l’énergie  pour sa production et son utilisation. Toutefois en France, la production électrique étant décarbonée, le bilan carbone de la voiture électrique resterait très favorable (étude publiée par Renault).  Une étude prévoit qu’en 2050, 48% des voitures seront électriques, 28% hybrides, et 34% thermiques.

    Repenser les  façons d’habiter, et de se transporter(le CO2 dû aux transports vient pour moitié des voitures, et pour le reste des camions, bateaux, avions). A ce propos, blablacar, beaucoup utilisé par les jeunes fait réaliser des économies. En Afrique, les voiture-taxis de « louage »  sont astucieuses : on ne démarre que quand la voiture est pleine.

     

     

    Plus généralement, la  gouvernance de la planète est à revoir. La démocratie est  le modèle qui semblerait le plus adapté, bien que très fragile. Mais  quelle est la constitution qui convient ? Est-ce la démocratie directe, où l’on demande en permanence aux citoyens leur avis (c’était possible pour les Grecs, qui étaient peu nombreux, mais déjà pas pour les Romains, qui élisaient les sénateurs, et se contentaient ensuite d’avoir leur bains et leurs jeux du cirque assurés).  Est-ce la démocratie représentative ? Encore faudrait-il qu’on n’élise pas des imbéciles, ce qui est malheureusement parfois le cas, y compris aux plus hauts postes !

    De toute façon,  la prévention de l’effondrement se heurte aux intérêts locaux ou nationaux. C’est par exemple la contradiction entre la lutte « contre la fin du monde » versus celle « pour la fin du mois » , d’actualité en ce jour de manifestations de gilets jaunes, ou encore : « on ne fait pas de l’écologie le ventre vide »(Lula). Et pourquoi ferions- nous des efforts en France alors que nous ne représentons que 0,9% de la quantité mondiale de CO2 émise dans l’atmosphère ? Le cas de l’Australie a été cité, qui a d’énormes réserves de charbon, bien plus importantes que sa consommation envisageable, et devrait donc ne pas l’utiliser, sauf qu’elle  exporte ce charbon pour boucler son budget. Ces conflits d’intérêts sont pour le moins difficiles, (peut-être impossibles ?), à résoudre.

     

    Et serait-il possible, dans ces conditions difficiles, d’éviter les guerres ?

     

    D’un autre côté, sommes-nous vraiment attachés à cette civilisation de consommation ?

     

    Rappelons pour finir l’histoire de l’arche de Noé. Dieu, voyant que l’Homme péchait trop, se résolut à noyer l’humanité dans le « déluge ». Mais il sauva un couple par espèce. Bien sûr, ce n’est pas historique, mais ce mythe pourrait préfigurer l’effondrement de notre civilisation, qui alors serait dû à l’impossibilité de surmonter l’ égoïsme.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          

      

     

     

     


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  •  

     C.R. personnel  du café débat du 10 Nov. 2018 :

     

                                                                    ( B. Delcourt.)

     

                        « La fraternité est elle une utopie? »

     

     

     

    La séance a tourné autour de deux définitions de la fraternité :

     

     

     

    1.    La solidarité.

     

     

     

    Quelques citations :

     

    « La fraternité, c ‘est donner ce qu’on a, mais aussi offrir ce qu ‘on est ».

     

    « Aimez vous les uns les autres » .

     

    « une démocratie doit être fraternelle, sinon c’est une imposture » (Saint- Exupéry).

     

    Ce serait aussi :

     

    --l’empathie, effort de s’intéresser à l’autre, éviter d’oublier qui il est.

     

    --la politesse, voire la galanterie.

     

     --au point de vue politique, les lois sociales (retraites, RSA, sécu, etc…).

     

    -- la réciprocité des relations, celle qu’on expérimente dans l’amitié.

     

     --les dons aux associations  caritatives, la participation à l ‘économie solidaire.

     

     --l’altruisme, (qui consiste à se sacrifier) qui pourrait se trouver dans tous les êtres vivants, depuis la bactérie, les abeilles… jusqu’aux arbres (mais dans ce cas, cet altruisme serait il conscient, ne serait-il pas seulement une conséquence de la l'évolution  Darwinique ?)

     

    --le contraire serait l’individualisme, l’égoïsme, qui seraient des valeurs au cœur du capitalisme (sa devise serait : liberté, compétitivité, productivité !)

     

    -- elle serait aussi un élan vers l’autre, plus que quelque chose de légal.

     

    --elle nécessiterait une absence de profit dans la relation.

     

    --elle serait incompatible avec la compétitivité.

     

     

     

    2.    la constatation d’un destin commun.

     

     

     

    Les révolutionnaires de 1789, en promouvant la fraternité (qui n’a été inscrite dans la Constitution qu'en 1848, sur proposition de Lamartine), luttaient contre l’affirmation des nobles qu’ils avaient un sang différent (bleu ?), qu’ils ne faisaient donc pas partie de la même espèce que les roturiers. De la même façon,  l’apôtre Paul disait : » il n’y a plus d’esclaves et d ‘Hommes libres , il n’y a que des fils de Dieu ».

     

     

     

    La fraternité n’exclurait pas  la jalousie, la violence, voire le crime (Caïn et Abel). Les Grecs, de même que la Bible, utilisaient cette définition de la fraternité dans leurs mythologies (cf Luc Ferry).

     

    Elle serait  compatible avec la compétitivité, qui par ailleurs est source de richesse.

     

     

     

    Les communistes se reconnaissent « camarades », une façon d’assumer un destin commun. Ils ont été peut-être un peu trop loin, en envoyant les femmes faire du terrassement.

     

    Dans le même ordre d’idées, on peut parler de la fraternité des soldats de 1914-1918, leur destin commun étant spécialement tragique !

     

    Opposés à cette conception de fraternité seraient : le racisme (certains êtres sont inférieurs), la xénophobie (l’étranger n’est pas mon frère), la génération de confréries, qui limitent la fraternité à leurs frontières ; de même pour les classes sociales.

     

     

     

    Divers.

     

     

     

    La figure de Robespierre continue à polariser les opinions dès qu’on parle de la Révolution. On lui attribue peut-être plus d’actions qu’il n'en a faites. La canalisation des "sans culotte", n’était certainement pas facile. A suivre !

     

     

     

    Pourquoi ne parle-t-on pas de sororité ? Implicitement, la fraternité englobe la sororité, mais la grammaire Française mériterait d’être corrigée, ce qui n’est pas simple.

     

     

     

    Une remarque importante : dans le triptyque liberté, égalité, fraternité, les deux premiers termes sont souvent en opposition, une égalité parfaite s’opposant à la liberté d’entreprendre (voir le communisme), une liberté sans régulation  n’étant pas non plus viable (est-ce ce qu’on vit en ce moment?). Or la fraternité est ce qui permettrait à ce triptyque de fonctionner. Mais sommes nous dans cette situation idéale ? On peut en douter et donc penser que, oui, la fraternité reste une utopie.   

     


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  • C.R. du 20 0ct 2018 :

     La gouvernance d’une Nation par l’autorité démocratique est-elle possible ?

     Les interventions ont beaucoup tourné autour de la définition d’un Etat et d’une Nation, de l’autorité dans nos démocraties, du respect des lois, et Améliorations de nos démocraties, et Alternatives à elles.

     

    L’ Etat et la Nation.

     Le modèle viendrait de la Grèce antique : les citoyens discutent d’un sujet à l ‘Agora, un consensus est obtenu, une loi est alors décidée, elle est exécutée sous la surveillance des sénateurs.

    Un Etat  est une Nation, avec un gouvernement.

    Une Nation serait est un peuple (ensemble de citoyens) composé de personnes ayant des origines ou des « souvenirs en commun » et un territoire (Pays).

    L’Etat-Nation est l’ensemble des deux.

    Question ; l’U.E. est-elle un Etat-Nation ? Peut-être le sera-t-elle un jour. Le processus de discussion- décision- exécution y est présent, mais l’U.E. n’est pas seulement qu’une nation, mais plusieurs.

    On apprend à l’école les « souvenirs communs », et aussi l’obéissance à l’autorité de l’Etat.

    Remarque : l’organisation de l’Etat a très longtemps fait référence à des autorités supérieures à l’humanité ou des idéologies  (Dieu, le communisme par exemple), alors que nos démocraties prétendent ne pas en avoir, et cette autoréférence rend plus difficile l’organisation.

    Pour certains la démocratie est dangereuse dans le cas où on laisse s’exprimer n’importe qui, n’ayant pas de faculté d’analyse de situation !

     L’autorité dans nos démocraties.

     Ce schéma est à peu près le nôtre, avec un parlement discute, puis légifère, et le gouvernement exécute. Cependant, comme il n’est pas possible de discuter à plusieurs millions, nous avons des représentants, et une Constitution qui en principe empêche de créer certaines lois (cependant, de Gaulle n’aurait pas appliqué la Constitution pour ce qui est des rapports du président et du premier ministre), et cela perdure avec ses successeurs.

    Plus précisément, le rôle de l’Etat serait d’observer, d’analyser les problèmes, ce qui est difficile car ces problèmes varient avec le temps, puis d’organiser des débats ouverts, puis de décider ou de faire décider par des structures subalternes.

    Dans les cas de crise aigüe, la nécessité des pleins pouvoirs au gouvernement ne fait pas de doute (cas de Clémenceau pendant la guerre de 14-18 qui était à la fois Président du Conseil et Ministre de l’Intérieur) .

    Il est demandé au citoyen d’obéir aux lois même s’il ne les respecte pas, d'y obéir (Alain disait qu'il fallait obéir, ce qui est nécessaire pour vivre en société mais pas respecter, par nécessité de résistance).  Un participant, adjoint au maire de sa ville, s’était opposé à l’apposition de stops dans une rue ; mis en minorité, il s’est cependant astreint à s’arrêter à ces stops qu’il jugeait inutiles.

    Les traditions Jacobine et Girondine ont été également citées. La première amènerait à des excès d’autorité, notamment pour ce qui est des autorités financières. La seconde favoriserait les bonnes relations entre les communes et l’était, qui sont en ce moment plutôt mauvaises.

    A ce propos, la promesse de réconcilier les Français est incompatible avec la distinction entre « progressistes, qui seraient pour la mondialisation » et « populistes, qui en majorité seraient ceux qui en souffrent ».

    Pour certains le terme Autorité démocratique est un non sens.

    L’autorité relève de l’institution, par exemple, on ne discute pas de l’autorité judiciaire, il y a l’autorité morale / compétences que doit avoir le leader qui entraîne le peuple auquel les gens font confiance et font des sacrifices.

     Améliorations de nos démocraties, et Alternatives.

     Au départ, il y a les élections de nos représentants. Ce qu’on attend d’un gouvernement, c’est qu’il assure à chacun un travail, qu’il assure la paix (ce qui n’aurait pas été le cas en 1936, où l’accent a été mis sur les vacances plutôt que sur la résistance à Hitler), et, depuis peu, qu’il s’occupe activement de l’environnement. Le gouvernement gère des citoyens en ayant le souci du bien collectif, alors que les individus ont des désirs personnels.

    Implicitement, celui qui est élu est une personne non seulement compétente, mais qui a des convictions et une « vision » de l’avenir. Il doit convaincre le peuple, en utilisant avec sincérité le « logos », la parole,  plutôt que le persuader, un peu comme un père ou une mère de famille. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas : on peut se faire élire uniquement pour être élu (pourtant la charge est souvent exténuante !), on peut utiliser la démagogie qui convainc les personnes crédules (cela peut consister à mettre l’accent sur des problèmes marginaux qui font consensus), ou avoir des idées à la mode, ou se faire une réputation d’ « énergique », ou manipuler l’information et les foules, ou faire des promesses impossibles à tenir, notamment pour ce qui est du chômage …. De plus on constate une certaine crispation de nos élus sur leurs convictions, et d’un mépris pour la minorité (pourtant les élections se jouent à peu d’écart !). Enfin, la fréquence élevée des élections incite les dirigeants au « court-termisme ».

    Pour ce qui est de la «  vision », De Gaulle a été cité, qui a mis fin à la guerre d’Algérie et à l’ère coloniale. On attend un leader qui s’attaque vraiment aux problèmes environnementaux.

     Peut-être faudrait-il faire périodiquement un état des lieux, par des experts indépendants ( ?).

     Coluche : « la dictature, c’est : ferme ta gueule, la démocratie c’est : cause toujours ». Nous ne serions pas vraiment en démocratie (?).

     L’Histoire serait-elle cyclique, avec une alternance de démocratie et de dictature ? *

     L’utilisation des décrets serait à prohiber, dans la mesure où la phase de discussion y est omise.

     La vraie démocratie serait à trouver en Suisse : par le système des votations, le citoyen a son mot à dire sur l’organisation de la cité ; et l’importante abstention à ces votations ne veut pas dire que leurs sujets ne sont pas intéressants, mais que les opinions ne sont pas arrêtées sur ces sujets. Cependant ce qui marche en Suisse, pays très riche, ne marcherait pas forcément en France, où les citoyens sont moins bien éduqués.

     Enfin, ne faudrait-t-il pas revenir au despotisme éclairé de Voltaire et les encyclopédistes ? Le cas de la Chine a été cité ; cependant n’oublions pas que dans ce pays (de plus d’un milliard d’habitants), on exécute en moyenne  un opposant par jour.

     Pour étayer une conclusion, en guise de réponse à la question posée dans le titre, certains propos émis en séance ont été repris :

     -         Mais je ne comprends pas, qu’est-ce que l’autorité démocratique ? è cela montre que le citoyen ne comprend pas cette notion, cela nécessite de la pédagogie ;

    -         L’autorité démocratique est un non sens ! è ce qui laisse perplexe ;

    -         Populisme et Démocratie, on ne va pas réconcilier la France, cela pose la question de l’autorité de la démocratie ! ;

     

    -         Il y a une autorité quelque soit le type de gouvernance, cela pose la question : ne faut-il pas avoir d’autres systèmes de gouvernance è réponse faite, il existe un cycle de régimes politiques *  https://fr.wikipedia.org/wiki/Anacyclose

      Nota : il a été rappelé qu’il y a eu un sujet de bac en 2016 « L’Autorité de l’Etat s’oppose-t-elle à la Liberté des individus ? » indiquant la différence entre individus et citoyens.


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  • Compte-rendu de la réunion du Café-Débat de SQY du 8 septembre 2018

    « La liberté est-elle une illusion ? »

     

    Comme on pouvait s'y attendre, ce n'est pas l'aspect philosophique du sujet qui a dominé la discussion, mais l'aspect social et pratique. Plus exactement, la plupart des interventions sont parties du postulat non avoué que nous sommes libres, et se sont attachées à inventorier comment cette liberté était entravée dans notre vie quotidienne et notre mode de vie.

    Le classement des interventions des participants est indicatif.

     

    Synthèse des interventions des participants (22 personnes)

     

    Sur le plan philosophique :

                        Même la science ne croit plus au déterminisme pur, la mécanique quantique en est le meilleur exemple, puisque le hasard est au cœur de ses lois

                        Ma liberté totale est une illusion, mais tout n'est pas écrit. Notre vie, c'est la possibilité de faire des choix entre des alternatives que nous n'avons pas choisies.

                        La liberté, ce n'est pas quelque chose d'extérieur, c'est une chose qu'on porte en soi, mais il faut en avoir conscience

                        Malgré le progrès des neurosciences, on ne sait pas comment fonctionne le cerveau ; la pensée apparaît simplement comme étant l'émergence de causes et de conséquences qui interagissent de manière complexe au niveau sous-jacent. Du cerveau émergent ainsi la pensée, la conscience, la liberté.

                        Selon Sartre, l'existence précède l'essence, ce qui signifie qu'on est libre de construire sa vie. La liberté est un mystère qu'on goûte chaque jour.

                        La liberté est liée à notre conscient ; notre inconscient est plutôt le lieu des contraintes, car y réside tout ce qui est le fruit de l'évolution, de la culture, de l'éducation

                        Il n'y a pas de Destin. Dieu, la nature ou le destin n'agissent pas sur nos vies à tout bout de champ, c'est une illusion totale.

                        Choisit-on librement ? Exemples de Lafcadio dans « Les caves du Vatican » de Gide, et le conte de l'âne de Buridan (voir les liens vers les corrigés de dissertation)

                        Agir trop rationnellement conduit souvent à une décision unique, c'est donc une contrainte pour l'exercice de notre liberté. A l'inverse, agir de manière irrationnelle, s'en remettre au hasard, permet d'agir librement, puisqu'on n'est soumis à aucune contrainte

                        La liberté est un concept subjectif individuel. De manière générale, c'est chercher à vivre bien quelles que soient les conditions de l'environnement.

                        Mais le sens de la vie d'un être humain est-il la recherche de la liberté coûte que coûte, ou bien la simple recherche du bonheur, fût-ce au prix d'un certain nombre d'interdictions ?

     

    Ce qui bride notre liberté de penser :

                        on peut toujours penser ce qu'on veut, mais il faut être vigilant pour le dire. La pensée dominante d'une époque ne le tolère pas toujours, un des meilleurs exemples en est celui de Giordano Bruno, brûlé en 1600 pour avoir prétendu que la Terre tournait autour du soleil

                        l'état de notre cerveau limite notre liberté de penser : les capacités innées sont différentes selon les individus ; les accidents peuvent encore les restreindre ; on a souvent des pensées qui nous traversent l'esprit sans qu'on l'ait voulu, on ne sait d'où elles viennent.

                        On peut être en prison et se sentir libre, parce qu'on est en phase avec ce qu'on pense, comme les prisonniers politiques qui assument leurs choix et leurs opinions. On peut aussi être libre physiquement et être prisonnier de son vécu, de ses croyances, sans s'en rendre compte.

                        On ne peut tout connaître, par conséquent, quand on doit faire des choix sans savoir, il faut faire confiance

                        Tout le monde ne peut pas devenir Einstein, mais apprendre, se cultiver, accroître ses connaissances nous fait évoluer vers une plus grande liberté de penser

     

    Le cadre contraignant de notre liberté :

                        Nous sommes les héritiers de notre espèce, notre liberté s'exerce dans le cadre des contraintes liées à l'évolution de nos capacités, et à celle de nos cultures

                        Notre liberté s'exerce dans un cadre spatio-temporel donné, donc dans un intervalle restreint

                        La liberté du corps est limitée : on ne peut pas voler, même si on le veut. Mais on peut accroître nos capacités physiques par le travail

                        Faire des choix contraignants, c'est assumer sa liberté, ce n'est pas faire n'importe quoi, c'est résister au conditionnement

                        On se sent libre, intuitivement, mais en fait on l'est moins qu'on le sent. Ce sentiment est éphémère, il peut changer d'un jour sur l'autre en fonction de multiples raisons ponctuelles. Nous n'avons qu'une marge étroite de liberté

                        On aliène souvent sa liberté devant une volonté extérieure puissante, parce qu'il est plus facile d'obéir que de résister. C'est même parfois confortable.

                        Lorsqu'on est riche, il est plus facile d'être libre que si on est SDF. Liberté du compte en banque...Pouvoir de l'argent sur le degré de liberté de chacun.

                        Relations médecin – malade : a t-on le choix de refuser une thérapie proposée ?

                        La liberté en occident est fortement liée à l'abondance de biens. Si la catastrophe écologique qui se profile se produit, ce ne sera plus le cas. Personne n'en est vraiment conscient.

     

    La liberté et la morale

                        Il faut respecter les autres en société, et respecter aussi les animaux : c'est une question morale qui nous empêche de faire ce qu'on veut

                        Les lois du groupe brident souvent la liberté de choix personnel, par exemple pour la fin de vie et l'euthanasie, on ne peut le faire en France, il faut aller à l'étranger. Si la personne vulnérable n'est plus lucide, se pose le problème de décider à sa place. Une longue discussion a porté sur la liberté de choix des personnes Alzheimer et sur la liberté de conscience de ceux appelés à décider pour les autres

                        On exerce sa liberté au nom de valeurs qui reflètent notre conception du monde. Exemple : le gendarme qui a sacrifié sa vie devant des terroristes près de Toulouse a exercé sa liberté au nom de ses valeurs.

                        La justice, lorsqu'elle reconnaît un criminel comme irresponsable, affirme le déterminisme. Lorsqu'elle le trouve responsable, elle le nie. C'est un paradoxe difficile à résoudre.

     

    Ce que l'on peut faire librement :

                        On a plus de libertés dans certaines cultures que dans d'autres. Chez nous, nous ne sommes pas prisonniers. La liberté se conquiert au sein d'une culture donnée, c'est un moteur qui nous anime pour vivre pleinement.

                        En occident, on peut aller et venir, on peut se réunir comme on veut, s'habiller comme on veut, voir qui on veut, faire des enfants ou pas, choisir un métier, ...De ce point de vue, la liberté n'est pas une illusion.

                        Développer ses connaissances permet d'être plus vigilant, plus conscient des choix qu'on fait. Mais trop réfléchir conduit à éliminer plus de choix possibles, donc restreint notre liberté.

                        Mais il faut rester vigilant sur la pérennité de ces libertés, notamment sur le phénomène sectaire qui peut déboucher sur une prison intérieure par la main-mise sur l'autonomie de pensée des personnes soumises à un lavage de cerveau.

     

    Liberté, politique et économie

                        On est plus libre en démocratie que sous un régime dictatorial, communiste ou comme sous  l'Ancien Régime, où seuls les nobles étaient libres, contrairement aux serfs. En démocratie, la liberté est un point central.

                        En démocratie, on a juste la liberté de choisir, et encore, nos représentants. C'est l'administration qui a le pouvoir et qui multiplie les lois, règlements, normes, qui brident considérablement la liberté individuelle des citoyens au nom de l'intérêt du groupe, ce qui n'est pas toujours le cas.

                        Le désir de liberté des citoyens devrait s'exprimer plus souvent et plus directement pour s'opposer aux contraintes voulues par le gouvernement et l'administration

                        Pour voter, il faut exercer d'abord son esprit critique, se renseigner, discuter, et essayer de saisir le second degré dans les programmes des candidats. La liberté de choix s'exerce ensuite.

                        La Révolution de 1789 : on dit que c'était au nom de la liberté du peuple, en fait elle résulte d'un problème économique aigu.

                        Il faut trouver un juste équilibre entre la liberté d'entreprendre, d'embaucher et de licencier d'une part, et la nécessité de protéger les travailleurs par des réglementations adéquates. Il faut respecter au minimum la déclaration des droits de l'homme

     

    Pour conclure : une citation de Jean-Jacques Rousseau :

     

    « Je n'ai jamais cru que la liberté de l'homme consistât à faire ce qu'il veut, mais bien à ne jamais faire ce qu'il ne veut pas. »

    C.R. rédigé par Jean-Jacques Vollmer.


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                 Compte-rendu du café débat du 24 Mars 2018 :

     

     

     

                        « Quels sont les dangers des idéologies ? »

     

     

     

    Un hommage a été rendu aux victimes de l'attentat de la veille (et tout particulièrement au gendarme héroïque).

     

     Qu’est-ce qu’une idéologie ?

     

     

     

    Une définition synthétique était donnée dans le texte d'introduction (qui doit rester court). Cependant, il s’est avéré nécessaire de la compléter.

     

    L’idéologie est une construction intellectuelle, un système prédéfini d’idées (cf de Stutte, au 18ème siècle), utilisant des axiomes (ou postulats, non démontrés) visant à définir le monde dans lequel nous vivons. Si elle est indémontrable, elle a néanmoins une cohérence et permet d’avoir son avis sur le futur. Elle est propre à l’Homme, les animaux n’ont pas d’idéologie.

     

     

     

    Quels peuvent être les avantages des idéologies ?

     

     

     

    Au départ, il y a un postulat de base, la construction d'un monde, un regroupement. La construction est intelligente, cohérente. Il y a une base qui accepte, d'autres qui s'alignent, car les points de vues convergent.

     

    Les idéologies correspondent à des besoins des gens, par exemple être reconnus (cela apporte des avantages à certains), parfois c'est une réponse (qui peut être bonne, mais aussi mauvaise) à un problème réel (par exemple, la crise économique dans l'Allemagne des années trente a favorisé la montée du nazisme).

     

    Une idéologie a pour fonction de se préparer à l’avenir, et même de le préparer, ce qui est une nécessité pour l’humanité. C'est une façon de lutter contre l'incertitude que l'on ne supporte pas.

     

    Elle donne le sentiment de résumer sa personnalité, par un mot se terminant par "iste", elle permet d’appartenir à un groupe, où "l’on se tient chaud". Elle peut même soigner une anxiété existentielle.

     

    Elle organise des rituels, comme les processions, ou les manifestations, où l’on peut se sentir bien.

     

     

     

    Quels sont les dangers des idéologies ?

     

     

     

    L’idéologie amène souvent à une certitude de connaître la vérité (alors que ce n’est qu’un essai de s’en approcher) : cela peut amener à des heurts, des affrontements, c'est une des causes de la guerre.

     

    Elle peut enfermer dans un carcan, dans un dogme.

     

    Si elle n'est pas adoptée par d'autres, cela peut être considéré comme une offense.

     

    Dans le cas des juges, l'idéologie est une catastrophe (cf le mur des cons !).

     

    Poussée à l’extrême, cela devient une drogue.

     

    Elle peut mener à désigner un bouc émissaire et à lui faire violence

     

    Pour des gens ayant raté leur vie, peu importe pour eux de mourir pour leur idéologie.

     

    Elle peut servir de tremplin à des hommes sans vergogne ; le Marxisme aurait été utilisé par Lénine, qui au départ vivait en bourgeois, pour assouvir sa soif de pouvoir (voir le livre : « Lénine, l’inventeur du totalitarisme » par Stéphane Courtois, ed. Perrin.).

     

    Elle peut pousser à la haine, à la violence et à détruire ce qui va à son encontre.

     

    Connaissant tous ces dangers, il est cependant possible de vivre son idéologie ou sa religion sereinement, et sans violence.

     

     

     

    Y aurait-il actuellement un manque d'idéologies ?

     

     

     

    Pour certains, les démocraties occidentales pêcheraient par manque d'idéologie. Les dirigeants, bien que sachant manipuler et se faire élire, n'auraient aucune idéologie et se borneraient à gérer les affaires courantes.

     

    Pour d'autres, au contraire, il y aurait trop d'idéologies, que ce soit dans le domaine politique, économique, ou celles qui mènent à "l'anti France", au racisme sous toutes ses formes et/ou au terrorisme etc. On manquerait plutôt de cohésion nationale et/ou européenne et surtout de volonté, ainsi que d'humanisme, d'humanité et de bon sens.

     

    Un participant trouve que ceux qui ont une idéologie ne vont pas bien : on peut être si tranquille dans son coin des Yvelines ! D’ailleurs, les idéologies ne seraient que sournoises, et aliénantes (sauf l’idéologie du bonheur…). Ce serait prétentieux de vouloir que tout aille bien dans le monde.

     

     

     

    Comment remplacer l'idéologie ?

     

     

     

    Un drogué d'une idéologie est fasciné par une construction cohérente. Si on démoli son idéologie, il se retrouve sans rien. Il se défend bec et ongles. Comment remplacer l'idéologie ? Comment lutter contre l'extrémisme ?

     

    Il faut développer l'humanisme, le sens critique, le bon sens, le respect de l'Autre.

     

     

     

    Les religions sont-elles des idéologies ? :

     

     

     

    Certains concepts religieux peuvent se voir détournés dans les idéologies :

     

    - Le paradis aux cieux peut, dans une certaine mesure, se voir détourner/décliner sur terre par certaines idéologies (par exemple chez les communistes, sous la forme de la défaite finale des capitalistes)

     

    - L'ennemi (nombreux exemples dans les idéologies) pourrait, selon ces dernières, se comparer au "mal" religieux.

     

    On retrouve aussi en commun la préoccupation du futur. Cependant, contrairement aux idéologies, la construction d'une religion n'est pas seulement intellectuelle, mais elle est initiée par un message externe à l’humanité (ou prétendu tel).

     

    Les religions ne posent pas de problème si elles sont pratiquées paisiblement. C'est le totalitarisme (religieux ou pas) qui pose un problème.

     

    Les religions ne doivent pas obligatoirement tomber dans la violence. Historiquement, c'est arrivé, mais on peut vivre sa religion paisiblement.

     

    En France, nous avons la chance de pouvoir adhérer à différentes religions, ce n'est pas le cas partout.

     

    La laïcité, selon la loi de 1905, n’est pas une idéologie : elle ne reconnaît aucune religion, mais elle organise leur cohabitation dans la paix. Elle ne s’applique qu’aux religions, et non aux idéologies politiques. Cependant, elle peut être prise comme une affirmation de l’athéisme, ce qui en ferait une idéologie.

     

     

     

    Ce qui est une idéologie, ce qui n’en est pas :

     

     

     

    Il arrive parfois qu'une idéologie réponde (plus ou moins bien) à un vrai problème. Inversement, toutes les réponses à un vrai problème ne sont pas forcément des idéologies.

     

    Il ne faut pas confondre l’idéologie avec la nécessité de résoudre un problème. Dans ces conditions, le progrès n’est pas une idéologie, c’est un mouvement naturel de l’humanité, tendue vers l’amélioration de ses conditions de vie, même s’il peut paraître parfois plutôt gênant (nous rend-il plus heureux ?). De même pour l’écologie, qui n’est plus une option, mais une nécessité. La mondialisation, de son côté, est une réalité de notre époque. La robotisation, quant à elle, fait partie de la notion de progrès (allège la charge humaine).

     

    Cependant, tout excès en ces domaines peut être une idéologie néfaste (entrainant chômage, productivisme, etc.)

     

    Le véganisme (qui découle généralement d'une idéologie sur les relations des humains aux animaux) est considéré par certains comme une idéologie issue de l'écologie.

     

    Il y a des idéologies de droite, et de gauche, mais être à droite ou être à gauche ne signifie pas nécessairement que l’on suit une idéologie.

     

    L'anarchie serait une idéologie, mais certaines définitions de cette dernière incluent un chef, ce qui rend discutable un statut d'idéologie pour la première.

     

    Le conservatisme qui s'oppose au progressisme : cela fait deux idéologies.

     

    Le nationalisme est une idéologie (qui serait destructrice si elle amène à la guerre). Selon une participante, le chauvinisme est un "petit péché".

     

    Le scientisme est une idéologie : il consiste à penser que tout est ou sera explicable par la science. Mais beaucoup de scientifiques ne sont pas scientistes.

     

    Le libéralisme est bien une idéologie ; la théorie du « ruissellement » (enrichir les riches finirait par enrichir aussi les pauvres) en est un avatar.

     

    Dans l’histoire ancienne, citons comme idéologies : celle des « Lumières », qui a abouti à la constitution Américaine et à la Révolution Française ; dans les Arts, le retour à la Grèce Antique à la Renaissance. Plus récemment, le nazisme et le communisme déjà cités.

     

    N’en déplaise à certains, le foot n’est pas une idéologie : il apporte une communion dans les beaux gestes sportifs, malheureusement accompagnée parfois par des mouvements de foule intempestifs.

     

    Le hooliganisme (qui incite à la haine et à la violence en prenant prétexte de supporter une équipe) est considéré par certains comme une idéologie, une sorte de nazisme à petite échelle, qui mène à des bagarres et à du racisme. Pour un participant, c'est plus un défoulement qu'une idéologie ou un idéal.

     

    La tolérance entre idéologies permet de reconnaître dans l’idéologie de son prochain toute son humanité, si du moins on consent à l’écouter.

     

     

     

    Conclusion du débat :

     

     

     

    Dans sa conclusion, en réponse à la question "comment lutter contre l'extrémisme ?", Jean-Marc s’est prononcé pour un développement de l'éducation, de l’esprit critique positif, du bon sens et de l’humanisme.

     

     

     

    C.R. rédigé Jean-Marc N.

     


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