• Compte-rendu du débat du 31 mars 2012 :

    Note : ceci prétend être un compte-rendu de séance, comprenant les idées principales développées, avec parfois une indication de contestation, mais, de façon volontaire, sans approfondissement. Il vous est permis et même recommandé de publier une « synthèse » personnelle sur le blog, ou une note qui développerait un point qui vous soit cher.

     

    Deux tendances principales dans les interventions : les unes tendaient à approfondir le sens des deux mots charité et solidarité, les autres proposaient d’autres mots qui paraissaient à leurs auteurs tout aussi importants.

     

    A propos  du mot « solidarité » on a parlé :

    • - d’union pour défendre une cause, résoudre un problème collectif.
    • - de contrat, un peu comme dans les assurances et le commerce, ce contrat pouvant être entre moi et la communauté humaine, ce qui devient une obligation
    • - d’échange entre personnes égales, qui fonctionne dans les deux sens, comme dans le cas de la « tontine » en Afrique.
    • - de dépendance mutuelle, comme pour les pièces d’une automobile,
    • de concept matériel (étymologie : solidaire vient de solide) qui peut s ‘appliquer à  un concept juridique,
    • - de la solidarité de fait due aux nombreux impôts dans notre république, qui sont souvent reversés à ceux qui en ont besoin. Cette fonction régalienne était autrefois assurée par l’Eglise (et encore maintenant en Allemagne).
    • - de justice sociale, et de ses implications politiques, notamment le partage du travail,
    • - de citoyenneté, alors que la charité serait purement chrétienne.
    • - d’échange don contre don.
    • - de solidarité avec la nature,
    • - de solidarité ne dépendant pas de l’argent : si je me vaccine, j’empêche la propagation d’une épidémie.
    • - de l’ « émotionnel », qui doit être dépassé pour une bonne solidarité.
    • - des contraires de la solidarité, comme la compétition, qui serait par contre nécessaire à l’évolution de la société.
    • - des contre-révolutionnaires comme Châteaubriand, qui voyaient dans la solidarité une dette à l’égard de Dieu.
    • - (de façon provocatrice) des « vieux » qui encombrent les logements dans les villes, alors qu’il y a toute la place disponible à la campagne.

     

    A propos  du mot « charité » on a parlé :

    • - de « faire la charité », ce qui parfois « donne des boutons », et serait au moins autant profitable à celui qui la « fait » qu’à celui qui la subit. Il y aurait automatiquement une situation de dominant-dominé.
    • - du manque de réciprocité, du côté instantané, et non durable (est-ce vrai ?).
    • - de son côté individuel, et relationnel, de personne à personne.
    • - de son côté sentimental ( ?), et vertueux.
    • - du fait qu’on ne demande pas  la solidarité, mais la charité oui.
    • - des mendiants dans les métros, qui deviennent envahissants.
    • - du fait qu’elle implique amour ou amitié, et qu’elle en génère en retour, et qu’on a besoin d’être aimé, ce qui n’a d’ailleurs pas de raison d’être caché.
    • - du fait qu’elle vous donne une position dans la société, ce qui a été contesté.
    • - de son côté affectif (charité vient de cher), qui plaît bien aux « libéraux », car cela les dispenserait de la solidarité.
    • - du fait qu’il s’agit non seulement d’une aide financière, mais d’une aide personnelle. Donner un os à un chien n’est pas ce qu’on appelle de la charité.

     

    Avant de passer à la suite, disons que le titre du débat a été critiqué : il ne s ‘agirait pas d’un combat, encore que si, un combat contre la pauvreté et l’exclusion.

     

    D’autres mots ont été cités abondamment :

    • - la fraternité, qui serait une « force d’entraide entre citoyens » : serait-elle passée aux oubliettes, contrairement à l’égalité et à la liberté ? C’est pourtant très important ! Elle serait liée à la solidarité. D’autre part, c’est un mot dangereux : la fraternité suppose un héritage commun, une compréhension immédiate, mais pas une coïncidence des comportements (voir les  grand-frères  envahissants dans les familles nombreuses).
    • - la générosité, qui serait, elle, plus liée à la charité, et dont on aurait besoin, comme de la gratuité.
    • - l’assistanat, qui serait un don sans contrepartie, ce qui serait malsain. Il conviendrait de « donner des baffes » à ceux qui ne font pas d’effort pour s’en sortir, sinon cela revient à les enfoncer (cf. l’aide gouvernementale à l’Afrique, détournée de son but). On a cité plusieurs fois le fait qu’il vaut mieux apprendre à quelqu’un à pêcher plutôt que de lui donner du poisson ; oui, mais il y aurait toujours des gens au bord de la route, inaptes à la pèche, qui sont tout de même des personnes, de même qu’il y a des malades dont on sait, à 99% de chances, qu’ils ne guériront jamais, ce qui n’est pas une raison de les abandonner.
    • - l’empathie, l’altérité (mouvement vers l’autre) et même la compassion, qui sont nécessaires pour faire professionnellement le métier de soignant. Cependant, la compassion a été vigoureusement contestée.
    • - le don de soi, et même l’abnégation. Là les avis sont partagés, car se nier ne serait pas sain.
    • - l’engagement. Une personne très engagée dans le logement des sans-abri, a été questionnée sur la source de son engagement ; pour lui il vient d’une culture familiale. Mais rien n’empêche d’autres motivations. L’accent a alors été mis sur l’engagement de tous ces bénévoles, qui font remonter les besoins des personnes en difficulté vers les services appropriés ; ces bénévoles sont bien entendu encadrés par des salariés qui assurent l’organisation : il y a donc des emplois dans la solidarité-charité, ce qui a été accepté comme normal.

     

    Pour conclure, Marc Hanotte a remarqué que le livre « Indignez-vous » de Stéphane Hessel avait eu beaucoup plus de succès que celui qui a suivi : « Engagez-vous », et a donc encouragé les personnes à s’engager…. Et Benoît Delcourt a regretté que la discussion ait trop été liée aux questions financières, alors qu’il s ‘agirait souvent d’une aide à la personne toute entière.


                                                                                                                                         Benoît Delcourt.


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