• Compte-rendu du débat du 14/11/2009 sur les migrations

    Petite précision préliminaire : la France compte environ 5 millions d’immigrés (personnes qui, à leur naissance, n’étaient pas Françaises), dont un tiers a acquis la nationalité Française. Le nombre de bénéficiaires du droit d’asile oscille entre cent et cent cinquante mille chaque année.

     

    Les interventions se sont focalisées sur les thèmes suivants :

     --les pays du Nord seraient ils fautifs, ayant favorisé militairement des régimes dictatoriaux et utilisé des pratiques malhonnêtes (trafic d’armes en Angola par exemple) ? Et que dire de ces achats de terre Africaine par des étrangers, et de cette concurrence agricole menée par des entreprises multinationales, qui ruinent les paysans locaux ? Et de cette « aide » des états qui sert en partie à rembourser les dettes du pays, voire à payer les pécules des personnes renvoyées dans leur pays (32000 euros par personne) ? Et du drainage des cerveaux, qui prive les pays du Sud de leurs meilleurs éléments ? Oui, mais les pays du Sud ont ils vraiment fait des efforts pour se prendre en main ?

     --quelles sont les causes de cette immigration massive ? La pauvreté ? certes, mais aussi le besoin de « respirer », le « marasme » culturel (et même le « bigotisme ») qui interdit par exemple des relations homme-femme équilibrées et favorise dans certains pays l’esclavage ou l’excision (qui d’ailleurs peut être une raison de demande de droit d’asile, même si cette demande peut n’être qu’un prétexte), malgré les conventions internationales dûment signées par les pays concernés. Ce marasme n’exclut pas des points positifs, comme ces contrats « compétence-talent » en Tunisie, qui permettent à une personne jeune de venir étudier trois ans en France, puis de retourner ensuite au pays (contrat renouvelable une seule fois). Il est en outre certain que le caractère dictatorial de certains régimes n’aide pas les gens à se sentir bien chez eux et il a été dit que les immigrants recherchent en priorité la paix et à circuler librement, pas forcément à s’installer. Enfin une personne s’est demandé si les immigrants ne feraient pas mieux de choisir des pays neufs comme la Chine ou le Brésil, plutôt que nos pays « décadents », bourrés de dettes ; pour le moment, ils n’en prennent pas le chemin.

     --les différences culturelles sont un point d’achoppement. Alors que les Espagnols et le Portugais, après la mort de Franco et Salazar, n’ont posé aucun ( ?) problème d’intégration, il n’en est pas de même des immigrés d’Afrique du Nord, dont, par exemple, les codes vestimentaires sont souvent éloignés de ceux de la tradition Française.

     --que fait l’Europe ? La mission principale qu’elle s’est fixé est d’harmoniser les législations de droit d’asile, de telle façon qu’un seule personne ne fasse pas une demande dans chacun des 27 pays. Cependant, elle gère aussi des programmes de développement, présentés par des O.N.G. (par exemple le Comité catholique pour le développement), de façon très rigoureuse, et veille spécialement à ce que l’argent qu’elle fournit soit bien utilisé, sur des projets concrets et sans passer par les Etats. Le budget total de ces actions n’a pas été communiqué. L’Europe a également installé une « préférence Schengen » pour les métiers de haut niveau.

     --face aux scandales qu’on peut constater en Afrique, il devrait être un devoir de s’indigner, et que cette indignation apparaisse dans nos votes,  ce qui n’est pas le cas en France. Par exemple qui s’indigne des « camps de concentration » installés en Tunisie, avec l’accord de la France, pour recueillir des migrants illégaux ? Et aucun homme politique français ne s’est indigné du génocide Rwandais en 1994 pour en déduire une partie de son programme de gouvernement. Et qu’a fait l’ONU au Rwanda ? Elle a bien vite retiré ses casques bleus.

     --l’argent gagné par les immigrés en France est pour une bonne part envoyé dans leur pays d’origine, ce qui devrait favoriser le développement. Cependant, il a été remarqué que cet argent ne serait pas toujours bien employé ; par exemple il sert à se construire une tombe, ou à ajouter un étage inutile à sa maison. Une enquête faite après le 11-9-2001 a montré que, pour le monde entier, ce flux annuel d’argent était de 330 milliards de dollars.

     --que faire pour arrêter ces flux migratoires ? Le développement ? C’est une solution à long terme, à laquelle sont consacrés des efforts non négligeables. Une solution utopique, à très très long terme, consisterait à pratiquer avec les pays du Sud ce qui a bien réussi en Europe ( ?) : demander aux pays du Sud d’abandonner certaines pratiques antidémocratiques ou discriminatoires (à l’égard es femmes principalement) contre une intégration dans un ensemble plus vaste que l’Europe, qui pourrait s’appeler par exemple l’Eurafrique. C’est un peu ce qui se fait dans les négociations avec la Turquie, qui sont, comme on sait, loin d’être abouties. Cependant, un intervenant a bien précisé qu’il n’est pas question de toucher à la culture de son pays natal, le Sénégal, et que les leçons venues de France sont inacceptables. D’autre part, les déclarations  de Bernard Kouchner sur la liberté de la presse en Tunisie lors des dernières élections ont été jugées intolérables par le Président Benali.

     --peut on définir une immigration optimum, qui serait bénéfique au pays accueillant comme au pays d’où partent les immigrés ? La réponse chiffrée est sans doute impossible à donner car le problème est trop compliqué. Mais on peut constater qu’un pourcentage d’immigrés trop élevé dans un quartier devient intolérable : comment par exemple organiser l’instruction publique quand la majorité des élèves ne parle pas le Français ; et les premières victimes sont alors les immigrés eux-mêmes.

     

    Dans sa conclusion, Henri, qui présentait le débat, a mis l’accent sur l’idée que les immigrés se font d’eux mêmes : dans un sondage, les immigrés Hollandais, se sont dits persuadés d’avoir choisi le bon pays, et les immigrés Français aussi : preuve que tout ne va pas si mal !  Aussi, des excès du passé sont devenus habitudes positives : par exemple les déchets de riz envoyés du Vietnam autrefois (riz « brisé ») sont devenus un « must » de la cuisine Africaine. De toutes façons, l’intégration est la chose importante.

     

    Résumé fait par Benoît Delcourt, qui ajoute que la participation des immigrés a beaucoup apporté à ce débat. Qu’ils en soient remerciés.


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  • Commentaires

    1
    MALICK
    Mardi 17 Juillet 2012 à 09:22
    La conclusion réductrice     et le résumé  du débat  me semblent point  reflèter l'esprit des interventions et contributions des intervenants.
    2
    malick
    Mardi 17 Juillet 2012 à 09:22
    lire : conclusion réductrice au lieu de réducteur
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