• C.R. personnel du 7 déc.2019. Faire du sens?Avoir du sens?

                            Compte rendu personnel  du débat du 7 Déc. 2019 :

     

                                  Avoir du sens ? Faire du sens ?

     

    La discussion a tourné autour de quatre sujets principaux:

     Les propriétés du sens que nous donnons à nos vies.

    L’état est il en charge du sens de nos vies ?

    Y-a-t-il  un sens, et même y-a-t-il un futur ?

     

    Puis la discussion a dérivé vers l’actualité politique : le problème des gilets jaunes.

     

    Les propriétés du sens que nous donnons à nos vies.

     

    Le sens d’une vie est directement relié aux valeurs. Il est de la responsabilité de chacun, c’est sa vie. Il se construit en cherchant une certaine cohérence.  Il est lié au dernier étage de la pyramide de Maslow. Il se recherche avec ce qu’on a vécu avant.

    Trouver le sens de sa vie nécessite d’accepter de « sortir de sa zone de confort », de prendre des risques et d’accepter un chemin cahotique ; il est vrai cependant que la les parents ont parfois à « éponger » des erreurs de parcours..

    Trouver un sens dans sa religion : oui mais à quoi Dieu joue-t-il ?

    Le sens pourrait se former petit à petit depuis la petite enfance, avec les sensations du corps. Pour les chiots nés par Césarienne, la relation avec leur mère est souvent impossible. Et inversement, une vie pleine de sens se réfléchit sur la bonne santé du corps (« le corps ne ment pas »).

    Si sa vie n’a aucun sens, il y a risque de burn-out.

    Le sens peut aussi être recherché dans une certaine errance, comme c’est le cas de ces jeunes gens qui refusent le confort d’une voie que leurs parents, souvent inquiets,  veulent leur imposer, sans s’intéresser à la recherche qu’ils font pour trouver leur propre voie, et qui  risquent d’autres voies moins orthodoxes. A cet égard, il est recommandé d’accepter l’imprévu.

    Enfin, la résolution des problèmes qui se posent dans la vie « fait du senes ».

         L’Etat doit-il être responsable du sens de la vie ?

     Comme d’habitude, la discussion a dérivé sur la politique.

    Il a été suggéré que les problèmes actuels (grèves, gilets jaunes) pourraient  venir du fait que les citoyens ne trouvent pas de sens à leur vie et que les dirigeants soient obnubilés par la maîtrise du budget et du PIB. Il y avait autrefois des valeurs communes,  patriotisme, défense de la patrie, religion,  mais tout cela semblerait s’émietter, au profit d’un individualisme, d’une recherche exclusive du profit, ou encore, dans le cas d’une maladie, par la pratique exclusive de la médecine allopathique, qui ne s’occupe pas des maux de l’âme.

             Cependant, il n’est plus possible pour un Etat de dire aux citoyens quel chemin ils doivent suivre. L’Ancien Régime a bien montré les limites de cet exercice, de même que le communisme  (qui prétendait savoir  le « sens de l’Histoire »). L’Etat, aujourd’hui ne devrait s’attacher qu’à assurer l’intérêt général, et, en dehors des problèmes fiscaux,  faire pour cela des choix d’urbanisation, la décision revenant aux maires ou présidents d’intercommunalités. Les résultats de ces choix peuvent être critiqués, par exemple la prolifération des pavillons de banlieue, qui privilégient les déplacements en voiture, alors que marcher est dans notre nature depuis toujours. Ne vaudrait-il pas mieux construire en hauteur et  s’agrandir à surface constante?

    L’Etat , autrefois, avait de grands projets, reconstruisait les villes après une guerre, construisait des barrages,  et des centrales nucléaires, toutes choses qui faisaient du sens. Maintenant le grand projet qui s’impose est le sauvetage de la planète.

                     Le sens et le temps.

     Cette question du « sens » qui est sans cesse rabâchée  ne serait-elle pas encore un mot valise à la mode : voir le mouvement « sens commun » ? D’autant plus que quand on emploi ce mot on y mêle ses différentes acceptions qui n’ont souvent rien à voir : signification, direction. (le texte d’introduction précisait qu’on se limitait à : direction). Et de plus on le couple à un verbe décrivant un processus. Et dans l’exposé il y a au moins 5 verbes différents (il y en a peut-être plus) : avoir, donner, faire, produire, porter.

    - Cet exposé explicite le sens dans une optique sinon catho, en tout cas très occidentale et rationnelle. L’auteur du texte d’introduction  assume sa qualité d’occidental et pense que tous les participants étaient des occidentaux..

    - Dans la mesure où sens évoque un chemin parcouru ou à parcourir, sa signification dépend de la conception du temps que l’on a.

    - En Chine, comme le signifie le Dào Dé Jing, c-à-d. Chemin Vertu Livre, (note : on écrit parfois Tao Tê King, mais le pinyin, transcription officielle retient le premier), le temps est cyclique, caractéristique d’une civilisation d’essence agricole  qui commence ainsi :

    Le Chemin qui peut être nommé n’est pas le chemin pour toujours. 

    - Le psychiatre Jung a développé le concept de « synchronicité », qui serait en quelque sorte une deuxième dimension du temps orthogonale au temps ordinaire en tout point de celui-ci . Il expliquerait les coïncidences, les simultanéités d’événements sans relation causale apparente.

    Point qui a intéressé certains physiciens comme W. Pauli, confrontés à des paradoxes de leur discipline (période de désintégration des atomes, paradoxe EPR).

    Si ce temps existe il n’est évidemment pas pris en compte dans les équations. (Ce point a été contesté : la physique quantique prend bien en compte le temps).

    - D’autres physiciens conjecturent l’existence de multi-univers. Dans cette optique ce n’est pas idiot de penser que le chat de Schrödinger. est à la fois vivant et mort, mais dans deux univers différents.

    Si ces deux hypothèses sont valides la notion de sens n’a plus de sens.

    - L’ennui, si ces représentations sont valides, c’est la négation des causalités et donc des responsabilités.

     

    Le problème des gilets jaunes.  

     

    La question était de savoir si ce mouvement, né d’une « colère » après la maladresse du gouvernement augmentant les taxes sur le diésel, pouvait déboucher sur une  Révolution. Un Révolution peut naître d’une « colère » du peuple, mais aussi du sentiment qu’ont une grande partie des citoyens qu’on les utilise à des tâches subalternes alors qu’ils sont capables de faire bien mieux. C’était le cas pour la Révolution Française, où la bourgeoisie se sentait déclassée et humiliée, et a produit le plus grand nombre des Révolutionnaires. Dans notre pays, beaucoup de talents partent aux Etats-Unis, où ils trouvent des occupations à leur niveau. Cependant, dans le cas des gilets jaunes, on ne voit pas poindre d’équivalent de Lafayette, Mirabeau ou Robespierre (d’ailleurs tous les trois issus de la noblesse). Or une Révolution ne peut pas se passer de leaders charismatiques. C’est pourquoi le mouvement des gilets jaunes ne pourrait déboucher sur une Révolution,  mais tout au plus sur l’équivalent du phénomène médiéval appelé  « jacquerie ».

     

    Pour finir, une utilisation du mot sens non citée dans le texte d’introduction : « en dépit du bon sens ». On peut employer cette expression dans le cas des urgences des Hôpitaux, où des internes sont pleins de bonne volonté, mais… ne parlent pas toujours le Français. Errreur de gestion des « ressources humaines » (quelle vilaine expression, comme si les humains pouvaient être un ressource !).

     

    P.S. Dans les « prophètes cités dans le texte d'introduction,, il serait judicieux de remplacer Confucius par Lao-Tseu , et dans les modèles du vingtième siècle, il faudrait rajouter Martin-Luther King.

     

    Ce C.R. a été rédigé par Benoît Delcourt, avec les notes des interventions  de Pierre Marsal rédigées par lui-même..


  • Commentaires

    1
    daniel
    Mardi 10 Décembre 2019 à 14:56

     N’ayant pas pu assister au café débat, il est toujours intéressant de lire un compte rendu, permettant de voir les méandres du flux des discussions qui abordent des sujets épars, je ferai les commentaires suivants au regard des parties de texte du CR en italique :

    1/ « Le sens pourrait se former petit à petit depuis la petite enfance, avec les sensations du corps. Pour les chiots nés par Césarienne, la relation avec leur mère est souvent impossible. »

     Christian Flavigny, dans son livre ‘le débat confisqué PMA, GPA, bioéthique, genre, #metoo’ : « la vie psychique, c’est que les mots ont un sens ; le sens est l’oxygène de la vie psychique. La psychologie étudie la transmission du sens entre les êtres et singulièrement entre les générations », « la donnée à considérer à propos de la venue de l’enfant, c’est pour l’enfant le sens de sa venue au monde : il est au fondement de sa personne en devenir, or l’enjeu actuel est une abolition de ce qui fonde entre les générations la transmission du sens ».

    2/ « Il a été suggéré que les problèmes actuels (grèves, gilets jaunes) pourraient  venir du fait que les citoyens ne trouvent pas de sens à leur vie et que les dirigeants soient obnubilés par la maîtrise du budget et du PIB. »

    Certes la maîtrise du budget et du PIB est indispensable, cependant ce n’est pas l’essentiel pour entrainer une nation, le ras le bol général est un exutoire anti élites et énième avatar d’une jacquerie ancestrale, de la grande jacquerie paysanne du XIVe, sauf que cette fois-ci, la fronde anti-impôts s’incarne dans la virtualité du net.

    3/ « Le problème des gilets jaunes… si ce mouvement, né d’une « colère » après la maladresse du gouvernement augmentant les taxes sur le diésel … »

    La colère a plusieurs origines, dont « la diagonale du vide, des Ardennes aux Pyrénées, plusieurs villes se dépeuplent dû au fait de fermeture de cabinets médicaux, d’écoles, d’usine, du manque d’emplois, de la perte de pouvoir d’achat, de différentes injustices, etc.

     4/ « Cependant, dans le cas des gilets jaunes, on ne voit pas poindre d’équivalent de Lafayette, Mirabeau ou Robespierre (d’ailleurs tous les trois issus de la noblesse).

    Ne pas oublier Danton avec sa phrase célèbre ‘on n’emporte pas le peuple à la semelle de ses souliers’ phrase qui image très bien le phénomène de la fuite des aristocrates à l’étranger pensant être suivis par le peuple, traduit en 2017-2018 par une gouvernance à la hussarde.

    5/ « Or une Révolution ne peut pas se passer de leaders charismatiques. C’est pourquoi le mouvement des gilets jaunes ne pourrait déboucher sur une Révolution,  mais tout au plus sur l’équivalent du phénomène médiéval appelé ‘ jacquerie ‘».

    Le mouvement des gilets jaunes est une mobilisation protéiforme et insaisissable, née sur les réseaux sociaux, elle déstabilise l’exécutif, mais aussi les partis politiques et syndicats, (déjà évincés par les dires du Président), c’est à la fois une force et une faiblesse. Le pouvoir est désarçonné, faute d’interlocuteur. C’est un mouvement irrécupérable, mais à défaut d’être récupéré ce mouvement peut infuser.

    6/ « Errreur de gestion des « ressources humaines » (quelle vilaine expression, comme si les humains pouvaient être un ressource !). »

    Les ‘ressources humaines’ devraient être ‘relations et compétences humaines’ incluant la culture d’entreprise.

    7/ Dans les ‘prophètes cités dans le texte d'introduction’ il serait judicieux de remplacer Confucius par Lao-Tseu, et dans les modèles du vingtième siècle, il faudrait rajouter Martin-Luther King. »

    Rappelons une des phrase de Martin-Luther King : « la plupart des hommes, sont des thermomètres qui indiquent ou enregistrent la température de l’opinion majoritaire, et non des thermostats qui transforment et règlent la température de la société.

    Ce qui nous ferait dire à propos de gilets jaunes « sommes-nous  un thermomètre ou un thermostat ? ».

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