• C.R. personnel du 5 Octobre 2019 L’idéal démocratique, le mythe de l’égalité des chances, la méritocratie contribueent-ils à obtenir une société plus juste ?

      Compte rendu personnel  du débat du 6 Oct 2019 :

     

    L’idéal démocratique, le mythe de l’égalité des chances, la méritocratie contribueent-ils à obtenir une société plus juste ?

                                                       Texte d'introduction de Daniel Soulat.

    Le débat a surtout eu trait aux problèmes qui se posent actuellement quant aux questions du titre de l’introduction :  l’idéal démocratique, le « mythe de l’égalité des chances et  la méritocratie.

     

    L’idéal démocratique.

     

    Tout d’abord, cet idéal ne peut exister qu’en temps de paix : en temps de guerre, la priorité est de défendre le pays. Et vouloir la guerre est en fait prendre le risque du Césarisme, qui mène à  la dictature (Robespierre).

    La  Démocratie idéale (Liberté-Egalité), permet  la liberté d’entreprendre, le choix et la possibilité de s’éduquer, de conduire sa vie tout en donnant le meilleur de soi même, l’égalité en droits et en devoirs notamment face à l’emploi et à l’éducation. 

    Ensuite, cet idéal concerne la façon de vivre ensemble, mais ne s’occupe pas du « savoir ce que l’on veut, « vers quoi on veut aller », ce serait donc plus un moyen qu’une fin.

    Pour certains intervenants, cet idéal est suspect, et pourrait cacher autre chose. Les bons mots de Coluche peuvent être interprétés comme cela. Pourtant cet idéal a été bien défini par Churchill : « il y a démocratie quand, si on sonne chez vous à 7h du matin, vous êtes sûr que c’est le laitier ». Il ne s’est trouvé personne pour défendre une dictature à la Russe, ou à la Chinoise.

    Une démocratie suppose un gouvernement avec des pouvoirs limités et des contre-pouvoirs. Pour cela la loi de 2017 sur le non cumul des mandats serait un réel progrès.

    I        Cependant, l’incompétence supposée de nos dirigeants a été pointée du doigt. Ne vaudrait-t-il pas mieux avoir à la tête de l’état, un « Sage » qui saurait vraiment gouverner, au lieu de ce tas d’ignorants ? Oui, mais où le trouver ?

    Cet idéal est souvent défini comme si les citoyens étaient des pions désincarnés, traités uniquement suivant leurs compétences.. Mais ces pions sont en fait des personnes, capables de fraternité (mot manquant dans le  texte de Daniel) et de spiritualité.

    De toutes façons, la vie de la cité n’est pas que le fait des politiques et des industries : il y a aussi les très nombreuses associations en France, où des bénévoles très nombreux apportent leurs savoir-faire.

    Il a été rappelé le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté en 2016 (revenu inférieur à 50% du salaire médian) représente 8% de la population active soit 5 millions de personnes.. C’est un défaut de notre démocratie.

    Un intervenant a remarqué que  les lois devraient être plus respectées ? .

      Enfin, toute société a besoin de justifier ses choix, en fonction d’un idéal.

     

    Le mythe de l’égalité des chances.

     

    La nature humaine est ainsi faite qu’il y aura toujours des dominants et des dominés,  les capacités des personnes à l’âge adulte ne seront jamais égales. Le but est de donner à chacun la chance de pouvoir participer positivement à la bonne marche de la société.

    Il y a une inégalité qui ne peut être niée : la culture familiale, les livres qu’on trouve à la maison…. Cependant, suivant un participant, l’important n’est pas la culture familiale, mais le respect qu’on a pour la culture dans cette famille : par exemple veiller à ce que votre rejeton joue d’un instrument musique est très positif.

    Il est curieux que des personnes issues de milieux pauvres mais arrivés au sommet de l’élite culturelle se plaignent de l’impossibilité d’y parvenir (Durieux, Michel Onfray par exemple) ; il est vrai que ces personnes ont eu à décoder les codes d’une société dont ils se sentaient étrangers.

    Il a été beaucoup question de l’Education  Nationale(E.N.) et de ses problèmes : Conduit-elle vraiment les enfants à leur épanouissement et leur autonomie ? Une émission de télévision sur LCP montrait des enseignants majoritairement à bout, du fait notamment du manque d’éducation des élèves chez eux, et de la violence  ainsi générée, qui augmente d’année en année (i y a 20 ans, les professeurs n’avaient pas à remplir régulièrement de rapport sur ce sujet). Aussi ; les parents d’élèves n’ont guère d’estime pour les enseignants. Le suicide d’une directrice d’école l’avant-veille du débat illustrait ces problèmes.

    Pourtant, beaucoup de réformes ont été réalisées, comme l’obligation de scolarisation jusqu’à 16 ans, le collège unique, etc.. Les nombreuses options sont là pour essayer de mettre en valeur les capacités de chacun. Mais les résultats ne seraient pas au rendez-vous, malgré la création de « zones d’éducation prioritaires », dont certains maires ne sont pas enthousiastes pour leur commune !

    Pour pallier un certain échec de l’E.N., une forte redistribution des richesses existe en France. Mais cette dernière ne peut s’attaquer à la sensation d’inutilité des chômeurs, dont l'E.N. est en partie responsable (la robotisation étant une autre raison, comme on peut le voir en visitant les centres de tri de La Poste) . Remarque : en temps de guerre, ce problème n’existe pas (mais…). Une société idéale doit assurer une place possible à chacun, pour que tous puissent participer à l’effort collectif ; en retour, ce doit être un plaisir de donner le meilleur de soi-même pour la communauté. A cette condition, la paix sociale est assurée.

    Une erreur fondamentale serait qu’on n’a pas assez pris en compte le fait que les enfants n’ont pas tous les mêmes dons ni même des aspirations aussi affirmées.Ceci peut être illustré par le partage de la pizza en famille, avec ceux qui ont toujours faim, et ceux qui n’ont pas beaucoup d’appétit, il est malvenu dans ces conditions d’exiger que chacun mage la même quantité de pizza.

    Il a été remarqué que ce qui fait « grandir » un enfant ou un adolescent vient parfois du pur hasard, et non pas de la volonté de l’Etat : d’une rencontre, par exemple celle d’un’e) « bon prof(e) » ou d’un(e) bon(nne) « copin(e) », qui vous donne envie d’imiter la personne rencontrée. Cette rencontre peut aussi être celle d’une œuvre d’art ( aussi bien d’une chanson que d’un film, etc…) ; d’ailleurs les artistes seraient souvent des fils(filles) de personnes ayant « réussi » dans la société (à vérifier).

    Une nouvelle mesure a été citée : des aides vont être accordées à ceux et celles qui ont un projet personnel.

    D’autre part, un échec patent serait situé dans la « diagonale du vide », qui va du Nord-Est du pays aux Pyrénées. Ces régions auraient été abandonnées par l’Etat, ce qui expliquerait bien la révolte des « gilets jaunes » en 2018-2019.

     

    La méritocratie.

     

    C’est la possibilité pour tout un chacun d’avoir une chance de trouver la place qu’il désire dans la société.

    Elle est non seulement une question de justice sociale, mais aussi un atout important pour le futur de la société, dans la mesure où c’est un gage de bonne qualité des élites.

             Cette possibilité était fermée jusqu’à présent aux femmes. Cependant, cela est en train de changer, même si on n’est pas au bout du compte : les femmes font maintenant plus d’études supérieures que les hommes (ces études leur étaient interdites il y a un siècle). Mais il faut encore travailler la question.

    Une partie de ce progrès a été faite grâce à la « discrimination positive ». qui favorise certaines catégories de personnes, souvent issues de minorités (pas les femmes, évidemment, qui sont aussi nombreuses que les hommes) ; cette discrimination n’a pas que des avantages en ce qu’elle peut décourager des personnes qui ne font pas partie de ces minorités ; d’autre part, la méthode des «quotas ethniques» ferait peur : n’est-il pas injuste de refuser l’accès à un personne parce que elle  arrive trop tard dans le file des demandeurs de son « ethnie » ?

     

       Dans sa conclusion, Daniel a précisé ce qu‘est un choix Cornélien qu’il avait cité dans son introduction : c’est un choix entre les sentiments et la raison. Enfin il a cité Camus : « La démocratie permet d’aider les plus pauvres.

                                              

    C.R. (personnel) rédigé par Benoît Delcourt en utilisant ses notes et celles de  Daniel Soulat.

     


  • Commentaires

    1
    daniel
    Mercredi 9 Octobre 2019 à 11:02

    Certes la fraternité n'a pas été mentionnée dans le texte, cependant la redistribution en faisait état, on pourrait rappeler:

    La redistribution facteur de solidarité  c’est un des aspects de rééquilibrage des inégalités, pour information dans ce que finance 1000 euros de dépenses publiques en 2017 il y a 572 euros affectés à la protection sociale, 117 à l’éducation nationale (voir autres, dans le document ‘à quoi servent mes impôts ‘ reçu  avec la déclaration d’impôts). Cependant il a été mentionné que les classes moyennes paient tout, ce à quoi il faut rappeler que 10% des français les plus aisés (revenus supérieur à 63210 euros / an soit 5268 euros / mois) paient 70% de l’impôt. Pour information les impôts sur le revenu ne représentent que 7% du total des taxes et impôts autres que sur le revenu.

    La citation de Albert Camus: 'la démocratie c'est protéger la minorité' se concrétise donc au moins par cet aspect, et par le fait d'écouter cette minorité.

    2
    Pierre M.
    Jeudi 10 Octobre 2019 à 23:50

     A lire le CR  de cette séance il semble que cette séance fut riche et diverse. Je ne ferai aucun commentaire supplémentaire.

    On peut pourtant s’étonner d’une absence importante : la notion de justice. C’était pourtant le thème focal du sujet (obtenir une société plus juste) et avait été traité dans le texte introductif. Comment interpréter cet « oubli » ? La justice ne serait-elle pas ou plus de ce monde ?

    Il est utile de renvoyer à ce sujet qui fut présenté par Marie-Odile il y a deux ans.

    http://quentin-philo.eklablog.com/sur-quoi-se-fonde-la-justice-a128500598

    3
    daniel
    Samedi 12 Octobre 2019 à 15:18

    Pierre 

    Je viens de lire ton commentaire par rapport au CR ci-dessus  ‘ …société juste’.

    Ta remarque rappelée ci-dessous est pertinente, d’autant qu’elle est la perception d’un lecteur qui n’était pas présent:

     

    "On peut pourtant s’étonner d’une absence importante : la notion de justice. C’était pourtant le thème focal du sujet (obtenir une société plus juste) et avait été traité dans le texte introductif. Comment interpréter cet « oubli » ?"

     

    De mon coté, après 8 interventions des débatteurs, j'ai essayé de recadrer le débat en rappelant ce qui était mentionné à l’item III, dans le texte d'ouverture:

     

    « Une société juste pour l'accès au savoir, à l'emploi, au pouvoir,  et la redistribution,  le tout dans un cadre de justice sociale.»

     

    J’avais préparé sur chacun des item différents documents et statistiques, mais cela n'a pas suscité beaucoup d'intérêt, pourtant dans le contexte des gilets jaunes (apparaît en filigrane dans le texte) déclenché par le manque de pouvoir d'achat et d'injustice fiscale, c'était l'occasion de faire un point près d'un an après son démarrage, d'autant qu'avec la diagonale du vide que j'ai mentionnée, il apparaît que ceux qui en font partie, disent que l'Etat et les média ont trop focalisé sur les ‘banlieues’.

     

    La diagonale du vide ou exode des habitants, émane notamment de : suppression des écoles, disparition des médecins, fermeture des hôpitaux, disparition des commerces …, elle n’est pas étrangère au mouvement des gilets jaunes et de l’injustice sociale, conduisant à la fracture territoriale, source de perte d'une cohésion sociale.

    4
    Pierre M.
    Dimanche 13 Octobre 2019 à 18:47

    Daniel ta mise au point est importante.

    Le fait que la question de la justice sociale n’ait pas été abordée dans la discussion, alors que c’était le point focal de ton questionnement, n’est pas neutre. Il témoigne sans doute de ce qu’une chose est évidente aux yeux de tous : LA JUSTICE SOCIALE EST INATTEIGNABLE DANS UN MONDE CAPITALISTE.

     

    Sans entrer dans de longues considérations on peut rappeler quelques  fondamentaux. Les économistes distinguent trois grands facteurs de production également nécessaires à la création de biens et de services : le capital foncier (la terre), le travail et le capital (matériel ou immatériel). Les détenteurs de ces facteurs doivent être rémunérés pour leur mise à disposition dans l’acte de production. Pour simplifier évacuons le cas du foncier.

    Que constate-t-on dans le système actuel ? Ces facteurs et leurs possesseurs ne sont pas traités équitablement.

    En effet en comptabilité d’entreprise le capital et le travail ne sont pas sur un pied d’égalité. Le premier (classes 1 et 2 du Plan Comptable Général) bénéficie d’une protection qu’on retrouve dans l’intitulé de compte (p. ex. immobilisations), alors que le second (classe 4 : comptes de tiers) est mis sur le même plan que les clients et les fournisseurs. C’est donc un poste théoriquement variable et ajustable. Les mots ont un sens : le personnel a le même statut que les acheteurs ou les vendeurs. Il ne constitue pas l’entreprise.

    Et dans la pratique, la bonne gestion de l’entreprise vise à maximiser un certain nombre de ratios essentiellement les ratios de rentabilité ou les  financiers du bilan. Où est l’humain, où est le social dans tout ça ?

    Et ce système est aujourd’hui aggravé par de nouvelles obligations comptables internationales (normes IFRS, fair value) qui obligent à mettre régulièrement à jour la valeur des actifs. C’est grâce à ces spécificités comptables par exemple que des « fonds vautours » s’approprient des entreprises et liquident à leur gré les personnels et les infrastructures locales.

    Désolé pour ce résumé un peu sec mais nécessaire.

     

    En tout cas ce fonctionnement ne peut évidemment pas générer de la justice sociale. Comment y parvenir sans changer le système ? Seules des forces extérieures peuvent réaliser un équilibre plus juste. L’Etat ? Un Etat libéral multipliera les réglementations et générera un Code du Travail apoplectique et ingérable. Un Etat autoritaire pourra réaliser un meilleur équilibre mais au prix d’inefficacité (voir le capitalisme monopoliste d’Etat prôné jadis par certains marxistes) ou de la privation de certaines libertés (« capitalisme » d’Etat chinois). Les traités et organisations internationales ? L’OIT par exemple a un agenda méritoire pour promouvoir en tout lieu le « travail décent », par exemple pour le travail des enfants. Mais il n’a pas les gendarmes ou les casques bleus  pour faire respecter ses recommandations.

     

    Il est de plus en plus évident que le système économique actuel ne peut pas spontanément générer de la justice sociale. Pas plus qu’il n’est en mesure de conduire à l’équilibre écologique. De plus en plus nombreux sont nos concitoyens qui en prennent conscience. Qui se rendent compte de la perversité du système entrepreneurial capitaliste. Le plus navrant est de constater que ce sont souvent les cadres d’entreprise qui en sont les meilleurs thuriféraires. Eux qui pourtant ont davantage d’accès à l’information, eux qui souvent en sont les principales victimes (burn out, suicides…).

    Sans doute sont-ils surtout victimes du syndrome de la servitude volontaire (La Boétie), du loup et du chien (J. de la Fontaine) ou de la dialectique maître-esclave (Hegel) !

     

     

    5
    Dimanche 13 Octobre 2019 à 22:58

    Mais nous n'avons en fait parlé que de justice sociale, de méritocratie, de redistribution, de la pauvreté que n'arrive pas à éliminer l'E.N. C'est vrai que nous avons peu employé le mot justice. Mais la justice était très présente dans ce débat!

    6
    daniel
    Mardi 15 Octobre 2019 à 11:29

    Pierre évoque : LA JUSTICE SOCIALE EST INATTEIGNABLE DANS UN MONDE CAPITALISTE

    afirmation qui nécessiterait de se plonger dans:

    la théorie des sentiments moraux de Adam Smith https://1000-idees-de-culture-generale.fr/sentiments-moraux-adam-smith/

    l'amoralité du capitalisme selon André Comte Sponville https://1000-idees-de-culture-generale.fr/capitalisme-moral-comte-sponville/

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    7
    Pierre M.
    Mercredi 16 Octobre 2019 à 10:38

    Il y a effectivement toute une littérature qui confirme ce constat et qui dénie l’optimisme béat du mainstream néo-libéral. Parmi les derniers contributeurs français Thomas Piketty et la toute récente nobélisée Esther Duflo.

    Enfin l’émission de TV sur ARTE d’hier (15 octobre 2019) « Travail, salaire, profit »

    https://www.arte.tv/fr/videos/RC-018077/travail-salaire-profit/

     

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