• C.R. personnel du 2 Février 2019 : Intolérable tolérance.

    C.R. personnel du 2 Février 2019 :

     

                                  Intolérable tolérance.

     

                                                               C.R proposé par Benoit Delcourt.

     

    Les interventions ont eu  surtout trait à la définition même de la tolérance et à ses rapports avec la mal,, puis à ses limites.

     

    Propriétés de la tolérance et ses rapports avec le mal.

    Il n’y a pas, d’après  beaucoup de participants, de rapport de la tolérance avec le mal. Le bien et le mal sont des notions  subjectives, dépendant largement de l’époque et du pays, alors que la tolérance n’en dépend  pas.

    Le verbe tollere, en latin, signifie  supporter, par exemple la faim et la soif pour les légions Romaines ; selon Quinte_Curce, l’Empereur  Alexandre  appréciait la qualité de ses soldats à leur capacité de « tolérer » ; par exemple, lors d’un incident incluant des flambeaux résineux,  tolérer les brûlures causées par de la cire en fusion coulant sur le bras.

    Le mot de tolérance a été beaucoup employé, en Françe, du temps de Louis IX (Saint Louis) qui avait fait dégager les ruelles de la capitale de toutes les prostituées, regroupées dans des maisons de « tolérance » dans les bois, où l’on pouvait donc  les tolérer.Cf Sacha Guitry : « la tolérance, il y a des maisons pour cela ».

    Le Mal est une notion dépendante  du temps, et d’ailleurs, il n’y aurait pas de morale universelle. Suivant Saint-Augustin et les personnalités  religieuses de la  Renaissance , le Mal c’est la non reconnaissance de la Vérité . Mais qui peut prétendre connaître la Vérité ? Le terrain de la Vérité est très dangereux !

    D’autre part, la notion de Bien et de Mal engendre celle de culpabilité, qui serait mauvaise.

     

    Cependant,, il faut reconnaître que le Mal est parfois évident, indiscutable : qui peut prétendre  que brutaliser un enfant est Bien, que les perversions sont Bonnes ? ou encore qu’Auschwitz n’était pas habité par le Mal ? Et c’est  à ce genre de Mal que faisait référence  le texte d’introduction.

    Et une définition du Mal peut être acceptée par tout le monde : c’est faire subir à l’autre ce qu’on ne voudrait pas qu’il vous fasse subir (définition attribuée au  Judéo-Christianisme , mais  peut-être plus universelle). Cela est même valable pour les singes, qui feraient eux aussi  des  guerres.

     

    L’intolérance, chez les Nazis, était vécue par un groupe, ce qui la rendait d’autant plus dangereuse.

     

    Au lieu de tolérance, il vaudrait mieux parler de la reconnaissance  non du Mal, mais de l’Autre (souvent dans le cas où il est minoritaire),  d’acceptation, dans la bienveillance, de ses choix différents ou de ses racines différentes , dans son altérité qui peut être  enrichissante, chose que ressentent tous ceux qui ont voyagé à l’étranger, où l’on est automatiquement minoritaire.

     

    La tolérance serait-elle «  la vertu des faibles » (Sade), et de ce point de vue, ne vaudrait-il pas mieux être intolérant, par exemple par rapport aux religions, quelles qu’elles soient ?

     

    La tolérance s’applique aux idées certes, mais aussi et surtout aux personnes. Cf  Voltaire : »Je suis contre ce vos idées, mais je me battrai pour que vous puissiez  les défendre ».

     

    Il y a un domaine où l’intolérance est de mise : la politique, car il y a des enjeux matériels. Alors que  les choix religieux relèvent plus de l’intime,

     

    Enfin, il y a une autre forme d’intolérance : celle qui apparaît quand on prend certains médicaments. Il a été cité le cas d’une femme qui ne supportait pas sa grossesse, et voulait avorter. Que faire dans ce cas ?  l’écouter est un minimum.

     

    limites de la tolérance.

     

    La tolérance peut cacher une certaine paresse, voire une lâcheté  (« Courage, fuyons »), un refus de voir. Pour prendre un exemple trivial, que dire à un maitre de chien dont le protégé lâche une crotte ? Laisser passer est plus confortable.

    Pour ce qui est du foulard islamique, comment accepter qu’une femme en porte, alors que ce n’est pas « ce qui se fait  chez nous » (mais  cela sa faisait  il  y a un siècle) ? Oui, mais pourquoi ne pas accepter que des personnes soient en recherche d’une identité, même si cette identité n’est pas la vôtre ?

    De même pour les prières de rue. Oui, mais pourquoi interdire aux personnes d’afficher leur choix religieux ? Cependant, est-ce vraiment un choix, et non une contrainte sociale ? On voit bien que les comportements ne sont pas si simples, devant ces phénomènes.

    Le terme de vigilance a été avancé pour remplacer  celui de tolérance. Vigilance contre les excès de la repentance ; cependant « ceux qui ne s’intéressent pas à l’Histoire sont condamnés à la revivre » ; mais cette repentance  est-elle historiquement honnête, tient-elle compte de tous les faits et non pas seulement de ceux qui nous sont défavorables : cite-t-on , à propos du génocide indien, les sacrifices humains pratiqué par ces derniers, et à propos de la traite négrière, le fait qu’ielle existait en Afrique avant la colonisation et que les autochtones ont aidé à la développer? et ne vaudrait-il pas mieux présenter aux enfants un roman national, plus ou moins à l’eau de rose, pour leur faire aimer leur pays ?

     De même est-on assez vigilant  face à des juges trop politisés ? Et pour la liberté d’expression (surveillance sur Internet), à l’école comme à la maison

    Il y a des cas où c’est un devoir de dire non à l’oppression. Question sans réponse : pendanr la gruerre de 40, aurais-je été résistant ?

    Au lieu de tolérer, ne vaut-il pas mieux s’indigner, comme le conseillait le regretté Hessel.? Contre les voleurs, les violeurs, les terroristes, les excès de la finance…

     

    Il peut y avoir des cas où des décisions nécessaires interfèrent avec la notion d’intolérance. Cela peut arriver dans certains licenciements, toujours très difficiles à décider, même si on les sait nécessaires.

    La tolérance peut aussi être interprétée comme méprisante : je te tolère, mais je te laisse dans tes erreurs !

     

     La tolérance, cela s’apprend pendant l’éducation.  Oui, mais au lieu d’éducation, ne s’agit-il pas de dressage ? Pourtant, comment éviter le dressage dans l’éducation : apprendre à lire, à compter, ou à jouer du piano, ne comporte-t-il pas une bonne part de dressage ?

     

    Dans sa conclusion, Charlotte a prêché pour l’altérophilie (sans h !).

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    charlotte
    Mardi 5 Février 2019 à 16:21

    Au cours du débat, Marie-Odile a rappelé la parabole de l'évangile selon St Luc : "Hypocrite ! Ôte premièrement la poutre de ton œil et tu verras comment ôter la paille qui est dans l'œil de ton frère." Et Benoît, dans son compte-rendu, nous dit qu'il n'y a pas de rapport entre la tolérance et le mal. Je crois donc m'être très maladroitement exprimée, tant dans mon exposé qu'au cours du débat, car, bien sûr, mon propos n'était certainement pas une injonction à détecter le mal chez l'Autre, à le juger et à le condamner. S'il a été traduit ainsi, c'est ma faute, et je comprends qu'il ait pu  paraître insupportable, voire dangereux.

    Sans doute le mot "fléau" aurait-il été plus juste, mieux adapté à mon propos que le mot "mal".

    Cependant, après le débat et de retour chez moi, tout  à fait par hasard, j'ai entendu le discours de Koffi  Annan, qui, au lendemain de l'effroyable drame de Kigali en 1994, s'accusait, lui en particulier, et accusait l'ONU de négligence : " Nous avons manqué de vigilance en tolérant ce qui allait devenir l'intolérable car nous n'avons pas su repérer en amont le mal qui s'annonçait ; aussi a t-il déferlé sur le peuple rwandais sans que nous soyons capables de l'endiguer." J'ai reconnu les mots que moi-même j'avais employés ainsi que l'idée que je voulais développer.

    j'ai voulu parler des difficultés, voire de l'impossibilité, à mettre en œuvre l'éradication  d'un fléau tout en appliquant le principe de tolérance. Devant cette impossibilité on en vient parfois à devoir opter pour la solution du  moindre mal. Afin d'illustrer mon propos j'ai fait un petit tour dans l'Histoire et raconté la création des maisons de tolérance par Louis IX.  C'était au  XIIIème siècle. La tolérance a été de cacher ce qu'il appelait les mauvaises mœurs dans un lieu clos. Mais s'y sont  caché en même temps le malheur et la souffrance. 

    Si je me suis permis une petite incartade orthographique en parlant "d'altérophilie" (sans H) c'est que j'ai été tout à fait en accord avec Marc-Henri qui, lors de sa remarquable intervention, nous a parlé du "bénéfice" - je devrais dire du  "bonheur" -que l'on retire à aller au-devant des autres, à observer avec bienveillance leur différence. Ce n'est pas de tolérance qu'il s'agit alors,  mais du moyen le plus passionnant d'agrandir son propre univers par la connaissance d'autres us, d'autres coutumes, par l'apprentissage d'autres langues… Ces rencontres rayonnent parfois pour toujours en notre cœur d'amitiés que l'on n'oublie jamais (ça c'est moi qui le dis)   Marc-Henri recommandait de " s'adapter sans perdre son identité". J'ajouterais que de  laisser les autres venir à nous, de les laisser faire notre connaissance,  nous révèle à nous-même notre propre identité.

    Je remercie Benoît qui, tout au long de la séance a pris des notes et nous présente son compte-rendu. Je remercie également  tous ceux qui se sont déplacés pour venir assister au débat  et dont les interventions parfois animées, ont été toujours pleine d'intérêt. 

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