• C.R. du 19 Oct 2019: Les mots à la modr?

     

      Compte rendu personnel  du débat du 19 Oct 2019 :

     

                     Les mots à la mode ?

     

    Le débat a tourné autour des mots et de leurs différentes utilisations.

     

    La vie des mots.

     

    Les mots ont en général une étymologie, une signification première, parfois dans une autre langue, A partir de là, ils ont une vie, et leur sens peut changer au cours du temps. C’est le cas des « faux amis », en Anglais par exemple, où  mousseron Français a donné mushroom, qui ne désigne plus le mousseron, mais les champignons en général. Le sens étymologique  d’un mot n’est donc souvent pas son sens actuel.

    Le mot qui a été le plus cité à cet égard est le mot « collaborateur », qui, étymologiquement signifie « qui travaille avec », ce qui n’incluse aucune subordination. Et pourtant « mon collaborateur » est souvent utilisé pour dire mes employés, mon subordonné (exemple Sarkosy parlant de Fillon). De plus, ce mot est employé par les usines Renault ou par l’Etat  pour désigner les agents de ces entités. De plus, ce mot a été sali par l’utilisation qu’en a faite le gouvernement Français pendant la deuxième guerre mondiale, au point qu’il peut même devenir une insulte. Enfin, pour certains parmi nous, ce mot a été remplacé par  « confrère »

    Les mots évoluent avec les conditions actuelles de la vie. Si on parle plus de compétitivité maintenant qu ‘autrefois, c’est que la situation, notamment internationale a évolué ; on essaie d’avoir le moins de travail à faire pour le plus de résultat.

    Une langue doit rester vivante : s’enrichir de néologismes ou d’emprunts à d’autres langues, par exemple, toubib ou couscous à l’arabe.

    Le mot « efficience » est un anglicisme ; il est « né » de la nécessité de compléter « efficacité », qui ne se réfère qu’au résultat d’une action, par une considération de son coût.

    Les mots peuvent aussi « mourir ». C’est le cas de « camarade », qui n’est plus employé  (« socialisme » va-t-il suivre ?).

     

    A quoi servent les mots.

     

    Au premier abord, ils servent à informer, à convaincre. Leur sens est confirmé par le ton utilisé pour les employer. En Chinois, un même mot peut avoir des significations très différentes suivant la tonalité employée successivement sur ses syllabes.

    Mais ils peuvent aussi servir à manipuler, ou même à injurier celui qui écoute : parler des « sachants » peut insinuer que celui qui écoute ne sait pas, ou même ne sait rien.

    On peut essayer de confisquer un mot ; c’est le cas de « mourir dans la dignité », comme si mourir naturellement était indigne, ou de « progressiste », comme si le progrès ne pouvait se discuter !.

    Et que penser de « politiquement correct », qui voudrait fermer la discussion ?

     

    L’erreur sur le sens des mots.

     

    Parfois, on se trompe sur le sens d’un mot. Par exemple, on parle d’un repas frugal quand il aurait fallu dire « copieux ».

    Parfois ces erreurs sont dramatiques, comme dans le cas de la dépêche d’Ems, où un malentendu a débouché sur la guerre de 1870. De même dans un des romans de Voltaire (Zadig ?).

     

    L’importance de savoir manier les mots.

     

    Il a été affirmé que l’incapacité de désigner des choses ou des situations débouchait sur la violence : quand on ne sait mettre des mots sur une situation, il n’y a plus que les coups.  C’est pourquoi la pauvreté du langage « jeune » a de quoi inquiéter.

    L’utilisation de l’argot (« je te kiffe grave « pour « je t’aime » ) ou du verlan (« la meuf » pour « la femme ») est–elle à ranger dans cette incapacité ?

    Parfois, deux personnes émettent la même idée avec des mots différents et sont persuadés qu’ils ne sont pas d’accord !

    Une participante nous a dit que parler en choisissant trop bien ses mots peut mener au bégaiement .

    Camus : »Mal nommer les mots, c’est participer au malheur du monde ».

     

    Les manies de langage.

    Les enfants utilisent souvent trop de superlatifs, si bien que dire « méga «  ou « super », ou « trop bon » a finalement moins de sens que de dire « très grand », « bien » ou « bon ». Cette éxagération peut faire oublier l’origine des mots ; par exemple,  « navré », à l’origine, voulait dire « tué ».

    Il y a aussi les modes successives,  qui décèlent une pauvreté d’élocution. Exemples :  répéter «  voilà «, ou « tout à fait » (tout à fait Thierry !), ou plus anciennement « on va dire ». La mode actuelle : « du coup ».

    Une tendance actuelle est d’accrocher à des mots le suffixe « phobe », qui signifie « haine » autant que « peur ».

     

    Le rabâchage.

     

    La publicité utilise volontiers le rabâchage pour vanter les produits (en ce moment : « comme j’aime »).

    Mais le rabâchage peut permettre aussi de faire passer en force des opinions ; c’est le cas de certains parents qui persuadent leurs enfants qu’ils n’y arriveront jamais. C’est aussi le cas de « travailler plus pour gagner plus », ou encore de « travailler plus pour  gagner moins ».

    Rabâcher le mot  »Intelligence artificielle » n’est il  pas essayer de nous convaincre que les machines seront, à l’avenir, aussi intelligentes que les humains, voire autant même plus humaines ?

    Dans le même ordre d’idée, quelle est la signification de « réalité virtuelle « (quel oxymore !).

    Rabâcher un mot peut aussi servir à injurier ; ce pourrait être le cas de « populiste », qui a pourtant le vieux sens de « démagogue », mais qui, seriné à tout bout de champ, peut être ressenti comme une injure.

     

    Les étiquettes.

     

    Les mots sont parfois des étiquettes que l’on colle sur son prochain, parfois pour le dénigre. Par exemple : « Européiste » di par un « souverainiste » à un partisan de l’U.E. Ou encore « Kurde » pour un Turc.

     

    Les mots et la conversation.

    Le sens des mots est souligné par l’intonation avec laquelle ils sont dits. Par exemple, le bébé comprend la musique des mots avant leur signification, et la première les aide, au bout d’un certain temps à percevoir la seconde ; ce que ne fait pas un dictionnaire.

    La conversation entre deux humains est facilitée par les mimiques des visages, et la difficulté des animateurs de radio-télévision est précisément qu’ils ne voient pas leurs interlocuteurs. C’est la difficulté de leur travail : ils sont privés de l’empathie.

     

    Pour finir, une question : avons-nous trop peu parlé des manipulations faites par les mots ? Car c’était  ce sujet qui avait motivé Josette  pour faire l’introduction de ce débat.

     

                                           C.R. personnel de Benoît Delcourt.


     

     


  • Commentaires

    1
    daniel
    Mercredi 23 Octobre 2019 à 09:25

    Compléments au compte rendu de Benoît :

    D’entrée de séance, il a été souligné l’importance des mots, puisque ceux-ci sont à la base de la communication (mise en commun), permettant d’échanger, d’informer, de séduire, mais aussi d’influencer, de persuader, de convaincre et de manipuler quoiqu’on en dise.

    Cette communication est effectuée à partir de langages élaborés à partir de mots. Au cours du temps, nous avons connu : l’argot, le verlan, le globish (mot-valise combinant global, « planétaire », et English, « anglais »), la novlangue (langage convenu et rigide destiné à dénaturer la réalité, décrit par George Orwell dans son roman ‘1984’).

    Il faut donc être vigilant sur les mots à la mode et à leurs impacts, car un mot résonne différemment dans l’esprit des gens selon leur culture, parfois certaines incompréhensions suscitent de la violence.

    Plusieurs exemples de mots à la mode sont issus d’un dévoiement de leur origine de sens, par le manque de construction de phrase, ou d’usage de pléonasme:

                Le parti a changé de ‘logiciel’, ‘voilà parce que voilà’, ‘au jour d’aujourd’hui’.

    Ces exemples conduisent à de l’incompréhension dans la société, on pourrait l’attribuer à l’usage des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication NTIC, dont les Tweets et leur instantanéité.

    Au regard de la manipulation peu développée au cours du café débat, rappelons qu’il a été dit que les média nous manipulent, ainsi que la publicité, par exemple le slogan utilisé par une méthode d’amaigrissement ‘comme j’aime’, de même il a été mentionné la différence entre la communication d’un chef ayant de l’autorité et un autre qui n’en a pas, le deuxième compense par de la manipulation.

    Il a été fait état d’homophones, se dit d’homonymes ayant la même prononciation, exemple : les maux au-delà des mots, jeux de mots parfois dangereux pour la langue française.

    Il y a aussi de la confusion entre les mots parlés et les mots écrits. La citation d’Albert Camus a été rappelée :

                ‘mal nommer les choses c’est apporter au malheur au monde’

    Elle illustre bien l’importance des mots, ceci dit la véritable phrase est :

    dans Poésie 44, (Sur une philosophie de l'expression), Albert Camus écrivait : " Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde ".

    Enfin le livre ‘les mots et les choses’ de Michel Foucault a été cité.

    Pour terminer, afin d’éviter les incompréhensions et malentendus, ne pas hésiter quand cela est possible, à user de la question lors de la réception d’une expression : ‘si j’ai bien entendu, j’ai compris que vous me disiez que ….’, méthode dite de reformulation, permettant d’être en phase sur le contenu exprimé par l’émetteur.

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