• Compte-rendu du café-débat du 22 Avril 2017 :

     

                                 Peut-on travailler moins et vivre mieux ?

      Le travail dans l’Histoire.

      Le mot travail vient de « tripalium », qui était un instrument de torture.

     Dans l’Histoire lointaine, il faut distinguer, selon l’école de Francfort (cf Hanna Arendt), deux postures différentes par rapport au travail :celle de l’homo faber, qui travaille pour survivre, et celle de l’homo laborens, qui travaille pour le profit d’autres personnes, d’une caste supérieure et dispensée de travail.

     La spécialisation du travail apparaît au néolithique, avec le développement des échanges. Chez les Romains, la frontière entre travail et loisirs n’est pas nette

     Au Moyen Age, la notion de travail est encore floue : l’Eglise n’en parle pas, elle donne la prééminence à la prière : un jour sur deux est férié pour rendre hommage aux saints. Pourtant, le travail étant majoritairement agricole, il fallait bien, tous le jours, traire les vaches !.

     Apparaissent les manufactures, en ville plutôt qu’à la campagne (point contesté : beaucoup de villes au contraire sont apparues  autour d’usines, comme les mines par exemple).  On assiste alors au début de la concurrence entre mains-d’œuvre, qui n’a fait qu’augmenter jusqu’à nos jours. La notion de productivité daterait du 11ème ou 12ème siècle.

      Le travail aujourd’hui.

                          Motivation

     La motivation pour le travail augmente avec la positon dans la hirérarchie : il est important de ne pas être un simple exécutant, surtout que les décideurs ont tendance à décider suivant leurs propres intérêts, au mépris de ceux des exécutants.

      Des stages, à destination des managers, sont parfois organisés pour « motiver une équipe ». Comme source de démotivation, on peut citer l’exposé de tableaux de chiffres indigestes ou même incompréhensibles, le risque de burn-out qui peut mener au suicide, l’accroissement de la charge de travail due au fait que les postes des employés partant à la retraite ne sont pas toujours remplacés,

                          Conditions de travail.

     Le travail se fait maintenant à « flux tendu », notamment dans l’automobile.  Il demande un long apprentissage, qui se fait mieux en Allemagne qu’en France.

     La comptabilisation des heures de travail n’est pas toujours facile, notamment pour les cadres : le management est surtout basé sur l'atteinte d'objectifs ce qui conduit à d'énormes différences entre travail prescrit et travail réel, le deuxième étant plus élevé. Pourtant, il y a  des cas où il est moins élevé ( réunionite  par exemple). D ‘autre part, ne conviendrait-il pas de compter aussi le temps de transport ?

     Le travail se fait maintenant avec des outils performants, qui amènent à des productivités considérables. Le fait d’avoir deux ou plusieurs métiers a tendance à être plus fréquent (cf les bûcherons du Canada).

    Productivité et marketing 

     Question : y-a-t-il dans l’industrie de l’obsolescence programmée ? les ingénieurs Renault présents affirment que non. Pourtant, il est certain qu’en 1945, les industriels Américains plongeaient les tout nouveaux bas nylon dans des bains d’acide pour les faire filer plus rapidement. Dans le même ordre d’idées, on trouve sur internet des astuces pour réparer tel ou tel objet:  certaines sociétés (dont Apple) modifient les modèles suivants pour rendre la réparation toujours plus difficile.

     Les produits fabriqués répondent-ils toujours aux « besoins » des consommateurs ? Par exemple, est-il important d’étudier le bruit d’une fermeture de porte d’automobile ? la réponse des ingénieurs est oui : la qualité perçue compte autant que la qualité réelle.

                            Divers.

     Tout le monde s’accorde à dire que l’éducation est l’atout prioritaire pour trouver un emploi.

     Le travail, en France, est largement subventionné : des dizaines de milliards vont aux entreprises, pour leur permettre d’être compétitives.

     Enfin il a été remarqué que le titre de l’introduction suppose implicitement que le travail ne procure aucun plaisir, comme si, pour être plus heureux, il fallait moins travailler. L’expérience de beaucoup d’entre nous indique le contraire.

       Pourquoi le chômage.

    Le problème du chômage a été traité récemment au café-débat

     . Le site « France-Inflation » donne les chiffres suivants pour le chômage 

     3% en 1975, 7,7% en 1984, 7,5% en 2001, 7,2% en 2008 et 10% en 2017.

     Parmi les causes du chômage, on peut distinguer :

                L’augmentation de la productivité. A ce propos, la compétitivité serait un devoir : entre deux objets de même qualité, le consommateur choisira naturellement celui qui est moins chers, même si c’est de peu. Il faut être conscient de la concurrence  entre  fabricants français et étrangers, les attentes des clients sont évolutives, il faut sortir le produit qui correspond le mieux aux attentes clients, qui sont basées sur le Coût, la Qualité, le Délai, coté chef d'entreprise, il y la rentabilité à obtenir afin de faire perdurer l'entreprise et donc les salariés. Le sujet de la compétitivité a été déjà abordé dans ce café-débat : voir

                       Signalons que ce sujet de la compétitivité a déjà été traité au café-débat.

                L’augmentation de la population active, notamment celle des femmes « actives », qui ont pris depuis quarante ans, la place qui leur revenait sur le marché du travail (un homme a-t-il le droit de le dire sans soulever un tollé féminin?)., tout en créant elles-mêmes du travail,  dans les crèches par exemple..

                La mutation rapide du travail (Uber par exemple). Or le changements en économie ne se font que lentement, et la destruction des emplois se fait plus rapidement que la création..

     Le développement des produits nécessite des investissements colossaux, que l'entreprise ne peut assurer qu'en ayant recours à des emprunts, les investisseurs placent leurs capitaux là où cela rapporte le mieux avec le minimum de risques. Tout cela prend nécessairement du temps ! ( des histogrammes ont été passés pour montrer la recherche d'équilibre entre les flux négatifs et les positifs).

                La saturation de la demande dans certains secteurs, comme l’agriculture.

                Les politiques d’austérité, et leur vision uniquement comptable.

                 Le non-partage du travail.

                 Le problème des équilibres financiers à respecter. Et notamment des retraites qui durent beaucoup plus longtemps  qu’autrefois.

                L’ « envie réelle de bosser » , où que ce soit (même à l’étranger), et qui manque chez certains. Deux exemples : la réunification de l’Allemagne, qui a amené des gens de l’Est à venir travailler à l’Ouest, et l’accueil par le France des « pieds-noirs », qui ont courageusement trouvé leur place dans l’hexagone. A ce propos, il a été dit que les immigrants sont des personnes qui ont une grande envie de travailler, pour nourrir leur famille, et qui mettent au service de notre pays toute leur éducation et leur courage (il leur a fallu sortir de chez eux, souvent dans de conditions périlleuses). L’attitude de xénophobie à leur égard est parfaitement déplacée..

                Le manque de confiance en soi, notamment pour les non diplômés , dont s’occupe d’ailleurs l’Ecole de la deuxième chance.

      La mondialisation et le chômage. 

    Comme on sait, le chômage de masse est apparu dans notre pays du fait de la mondialisation, sans doute mal gérée par l’Union Européenne (« concurrence déloyale »), et par la politique Française. A ce propos, le partage du travail est sans doute une nécessité pour le futur, mais un pays ne peut le décréter tout seul, en pensant que les autres suivront (comme sous Louis  XIV). Certes, cela peut relancer la consommation, mais, dans un pays qui importe plus qu’il n’exporte, cette relance profite surtout  aux pays exportateurs Chine ou Allemagne , et crée de la dette supplémentaire (cf. aussi l’arrivée des socialistes en 1981), Même remarque pour le revenu universel : même si on y croit pour le futur, cela ne peut se faire que de façon concertée. Nous ne sommes plus comme il y a deux cents ans, où le travail était en majeure partie agricole et les échanges étaient moins importants : une relance avait automatiquement comme corollaire .une augmentation de l’activité nationale.

      Il a été rappelé que la mondialisation a eu des effets très bénéfiques pour un milliard d’humains, qu’elle a sortis de la misère.

     Le travail et l’écologie.

     Le travail est un facteur de « destruction de la planète ». Par exemple, le fait de pêcher peut avoir pour conséquence la raréfaction du poisson, c’est pourquoi il y a des réglementations à respecter.

      De ce point de vue,  la limitation du travail serait un point positif. Il faudrait même, pour chaque diminution du temps de travail, exiger des compensations écologiques.

     On pourrait également revenir à des véhicules plus légers, dons consommant moins.

     Pour conclure

     Plusieurs reformulations du titre ont été proposées :Parmi elles :

     Serions nous plus heureux si nous travaillions moins ?:

     Travailler mieux, en ce sens au niveau organisation du travail et outils ainsi que leurs usages, et vivre autrement puisque vivre mieux dépend de chaque individu.

                                                 C.R. fait par Benoît Delcourt, aidé de quelques autres personnes.

     

     


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  • Compte rendu du café débat du 25 Mars 2017, dont le thème était : 

       A l'ère du numérique, que devient notre identité, jusqu'où va-t-on aller ? 

    Le débat proposé ciblait les impacts du numérique sur l’identité et la vie privée, il est apparu que pas mal de propos ont été exprimés sur l’usage d’Internet. 24 personnes étaient présentes, il y a eu 22 interventions, elles sont ventilées suivant sept thèmes, en constatant que le plus débattu a été  la vie privée. Voir annexe, avec l’ordre chronologique d’intervention entre parenthèse (x).

    En synthèse : beaucoup de propos énoncent une crainte par rapport à la non maîtrise de l’outil et la peur de se faire manipuler et piéger, il semblerait que cela va trop vite et trop loin, plusieurs personnes sont demandeuses de conseils. D’autres craintes ont été formulées à l’égard des jeunes nés dans cet univers, ils seraient les plus exposés de par leur utilisation intensive.

    Différentes remises en causes sur le mode de vie ont été exprimées :  (13) l’utilisation du temps (multiples sollicitations, addiction),  l’espace et distances (on sait ce qui se passe aux quatre coins du monde et pas forcément dans notre environnement proche), les nombres (notamment les amis), la protection de la vie privée.

    (14) L’utilisation du numérique est bénéfique sur différents points de l’identité, notamment l’ADN pour lutter contre la criminologie. Aspect bénéfique dans la vie quotidienne pour les recherches d’horaires des transports, de l’organisation de voyages, …

    Des analogies ont été exprimées avec des régimes totalitaires (8), notamment le big brother (7, 8) décrits dans le livre 1984 de George Orwell publié en 1949, (11) le livre ‘Le cercle’ de Dave Eggers, ‘le meilleur des mondes’ de Aldous Huxley paru en 1932, (17) la Stasi ministère de la sécurité de l’Etat de la RDA créé en 1950. Ce débat a éclairé certains sur la vigilance à avoir au regard de tout ce qui peut être dit ou écrit, et se munir de protections.

    A plusieurs reprises il a été dit ‘on ne sait pas où on va aller’.

    A noter que le sujet de la greffe de puces électroniques dans le cortex n’a pas été commenté.  

    Une proposition de conclusion a été formulée (22), elle peut être retenue : le danger c’est que la société ne devienne que numérique et qu’il n’y ait qu’une identité numérique, il faut pouvoir s’exprimer en ayant des relations humaines et ne pas subir les différentes intrusions du numérique dans la vie quotidienne, notamment ne pas supporter d’être en permanence surveillé.

    Annexe ventilation des différentes interventions suivant les thèmes, avec leur ordre chronologique :

    I/Identité : (1) le secrétaire du café débat donne un exemple, il peut connaitre l’IP de chaque membre du café débat et les lecteurs des textes sur le blog, ceci à titre indicatif, et cela peut aller plus loin pour des professionnels de recherches d’informations, (4)qui peuvent même en faire commerce. (6) nos identités sont multiples selon les critères sur Internet, notre identité est différemment attribuée, d’abord comme enfant par nos parents, puis comme consommateur, puis comme citoyen. (12) avant c’est à 16 ans que les jeunes regardaient des films porno, maintenant c’est à 12 ans, ceci n’est pas anodin cela forge une certaine forme d’identité. (21) l’Internaute a plusieurs identités.

    II/Vie privée : (2) la frontière entre vie privée et vie publique est de plus en plus indéterminée voire déstructurée, intériorité / extériorité brouillage entre les deux avec Internet, Régis Debray parle de Médiologie *. (5) Sur face book il y a possibilité de choix d’échanger public ou privé, ma fille a refusé d’être sur ma liste d’amis. Je m’interroge sur les objets connectés qui auront la possibilité de nourrir les big datas. Apple a refusé de dévoiler ses algorithmes pour décrypter les informations en cas de meurtre. (7) les objets connectés je les déconnecte, DGE et DGSI vont être super contents.  Les DRH se servent des informations concernant les profils des utilisateurs des réseaux pour leurs recrutements. (11) comme dans le livre ‘le meilleur des monde’ chacun sait tout sur tout le monde, j’ai beaucoup d’inquiétudes, ça va tellement vite, de même la géo-localisation m’inquiète, il faut rechercher des règles pour faire des tris. (12) on ne sait pas ou on va aller, les GAFA ont tellement de pouvoir (à ce propos il a été mentionné que le Danemark a mandaté un ambassadeur auprès des GAFA (8)). (15) avant il n’y avait pas de vie privée notamment dans les campagnes.  il a été rappelé les dictons ‘pour vivre heureux vivons caché’, ‘voir sans être vu’, sont-ils toujours d’actualité ? (19) entre trop de surveillance et pas assez, entre trop d’intrusion dans la vie privée et l’indifférence, le choix est de privilégier la protection du citoyen lambda, nous sommes en train de nous rapprocher du mode vie du XIXe siècle ‘tous dans la même pièce’, il faut se poser la question ‘quels sont les domaines dans lesquels on souhaite avoir de l’intimité ?’ (21) frontières entre vie privée et publique, qui gère ces frontières ?

    III/Domaine professionnel : (10) je pense que nous vivons une révolution numérique et on ne voit pas ce qui va arriver, ce que l’on va en faire, le matin j’ai 150 mails, on est en permanence surveillé, le droit à la déconnexion est arbitraire, les cadres doivent être joignables quelque soit le moment, il faut faire un rapport dans l’immédiat, beaucoup de fausses informations, je suis dans les ressources humaines, je ne sais pas me protéger, on peut prendre des cours mais cela va tellement vite. (12) en entreprise on sait tout à tout moment où on est situé.

    IV/Risques et dangers : (3)  ce débat a raison de nous avertir des dangers qui nous guettent,  chacun peut se protéger, on peut crypter ses échanges, on pense que cela n’a pas d’importance, on se fait de l’auto censure.  (4, 5) tous les appareils connectés peuvent alimenter les GAFA, et je m’interroge. (8) une véritable intrusion dans la vie privée par exemple proposition de services / géolocalisation, au niveau sécurité, un régime totalitaire peut s’en emparer, un pouvoir peut aller très loin. (12) les enfants peuvent voir des films porno. (14)  c’est dangereux pour les gens qui commencent à utiliser les médias numériques, ce sont des outils à manier en connaissance de cause, il faut se méfier, les gens le croient parce que c’est écrit. (16) c’est la jeunesse qui s’expose le plus, c’est à leurs risques et périls, le droit à l’oubli n’est pas respecté, l’effacement des écrits doit être renforcé, certaines personnes en arrêt de maladie sont pistées par les DRH sur facebook.

    V/Incidences sur les comportements, modes de vie, société: (2) la remarque ‘lorsque c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit’ a été comprise pour le domaine du bénévolat, il a été mentionné que cela  concernait les multiples sollicitations sur Internet,   (4) on vient d’une civilisation où les individus étaient très reliés entre eux, et on est passé au moi je, les GAFA sont allés dans ce sens notamment facebook, le moi je est renforcé par ce que je dis. La conséquence, si je sais tout des autres, je peux en faire commerce, depuis un mois je suis sans arrêt sollicité par une pub de radiateurs,   (13) on maîtrise de moins en moins son temps.

    VI/Informatique et liberté : (9) ne pas être pessimistes par rapport aux risques de l’informatique, ne pas se laisser influencer, la principale liberté c’est de choisir et d’acheter sans être influencé. En ce qui concerne la crainte du pouvoir politique qui utiliserait mal à propos ces outils, on peut constater que même le Président Donald Trump n’a pas tous les pouvoirs. (18) faire appel à son libre arbitre.

    VII/Conseils : (17) faire clic droit et choisir restreindre cet expéditeur, s’intéresser qu’aux mails où vous êtes destinataire, se discipliner, être vigilant.

    *Médiologie:  Science qui étudie le domaine des interactions entre une technique et une évolution culturelle, celui des effets d'un médium sur les conduites sociales et mentales ou ceux d'une représentation sur l'état du monde.                                                                                                         

    Daniel Soulat 27/03/2017


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