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    Compte-rendu du débat du 8 Octobre 2016.

     

    Sujet : Les « Valeurs occidentales » : quelles sont-elles ? et mode d’emploi.

     

    Histoire.

     

    Tout d’abord, est-il pertinent de donner une telle place à l’Histoire pour parler des valeurs occidentales ?  Ne peut on pas se contenter de lister ce qui fait les valeurs communément admises, notamment dans les sondages : la famille, la république, le travail, l’éthique ?  Cependant, le texte avait la prétention d’expliquer d’où ces valeurs, et d’autres, venaient. Et ignorer l’Histoire condamne à « être obligés de la revivre », ou encore : « un peuple qui n’a pas d’Histoire n’a pas d’avenir ».

     Et l’Histoire est une nécessité pour notre espèce, une contrepartie à sa liberté et à la perte de son instinct;  si on met la main sur le poêle brûlant, on n’y revient pas : ainsi de l’Histoire des peuples : par exemple, les guerres de religion ont montré la nécessité de la tolérance.

    Mais pour ceux qui trouvaient  que l’Histoire devait tenir une grande place, il a été trouvé que manquait, au paragraphe sur les Grecs, la référence aux trois « maîtres » , décrits pas décrits par Marcel Detienne (Les maîtres de vérité dans la Grèce archaïque)  : l’aède (le poète), le devin (chargé de la révélation et le roi de  Justice , ou encore, pour ce qui est du Moyen âge une trilogie différente : le prêtre, le chevalier, et le paysan.

    Il a aussi été dit que le christianisme, à ses débuts, n’avait pas une conception « Historique » du monde : les chrétiens attendaient la fin du Monde au cours de leur vie. Ce n’est qu’après Saint Augustin que cette croyance en l’apocalypse s’est éteinte. Pourtant les Juifs avaient déjà  cette conception historique, la Bible décrivant une succession d’évènements, avec un avant et un après (la création du monde en 7 jours, l’esclavage en Egypte par exemple).

     

    Religion.

     

    Le texte faisait une place à la religion chrétienne dans la définition des valeurs occidentales. Il a paru à beaucoup que cette référence n’avait pas d’intérêt, que l’on pouvait définir des valeurs universelles indépendamment des religions. D’autres ont fait remarquer qu’il existe traditionnellement un lien entre les valeurs et les religions car ces dernières s’efforcent de rechercher ce que les hommes ont de meilleur.,  Elles  prôneent le respect filial  (notamment dans l’Islam et le Bouddhisme), la droiture, l’amitié et la fraternité (cf. Confucius et Lao Tseu) , la paix,  la justice,  l’attention à l’autre,  l’égalité, l’amour filial, parental, conjugal, le respect de la vie … valeurs qui relèvent de l’humanisme, qui appartiennent à l’humanité tout entière en tout temps et en tout lieu. Cependant, il est à remarquer que les animaux ne sont pas sacrés en Occident contrairement à l’Inde, et que les femmes ont une part égale à celle des hommes dans les héritages en « Occident », mais pas dans l’Islam. De plus, les valeurs ne sont pas forcément positives pour tout le monde : par exemple l’esprit chevaleresque au Moyen âge, et les valeurs guerrières qui persistaient dans les guerres coloniales qui ne sont pas loin de nous ( rappelons que les arabes musulmans ont aussi envahi des pays notamment l'Algerie, l'Espagne, la France (Poitier)), la réussite, qui nécessite souvent d’écraser les autres.

    A cause dle l’actualité, il était difficile de ne pas parler de l’Islam, et même du burkini (il a été dit qu’on a le droit de montrer’afficher en public sa religion). Il a été affirmé que l’islam et l’islamisme ne faisaient qu’un, ce qui a été vivement contesté : l’islamisme, version politique de la religion musulmane, est un intégrisme, comme il peut en exister dans toutes les religions. Celui-ci est, il est vrai, particulièrement violent.

    A propos de l’Islam, il est conseillé de lire le livre d’Abdennour Bidar Quelles valeurs partager et transmettre aujourd'hui ?, publié en septembre dernier chez Albin Michel 

     

    On a aussi évoqué la laïcité, cependant c’est une valeur pour peu de pays, dont le nôtre (avec  l’Uruguay), un des seuls au Monde à être véritablement laïque, ce n’est donc pas une valeur occidentale.

     

    Utilité d’annoncer des valeurs.

    N’y aurait-t-il pas une certaine hypocrisie à annoncer des valeurs ? Ces prétendues valeurs occidentales n’ont pas empêché les guerres coloniales, ni le fascisme et le nazisme, pas plus que les travers du paternalisme industriel (encore qu’à cause des licenciements actuels, la condition des employés est  sans doute plus inhumaine qu’au temps du paternalisme).

    Il conviendrait de « regarder ce qu’ils font, pas ce qu’ils disent ». Il pourrait y avoir manipulation dans la volonté d’affirmer des valeurs universelles, vécue par certains pays comme du néo-colonialisme. Pourtant il faut distinguer les valeurs affichées et le comportement réel toujours imparfait des humains censés les appliquer mais toujours faillibles.

    De plus, ce ne sont seulement les valeurs mais aussi leur hiérarchie, comme celle qui existe au Japon : 1. discipline. 2. harmonie 3.respect. 4. dévouement à une cause. La hiérarchie n’est pas la même partout en même temps, dans un pays donné elle évolue avec le temps comme l’a montré l’exposé historique de présentation. Il peut aussi y avoir conflit entre valeurs.

     

    Des valeurs, encore des valeurs.

    Chacun a ses valeurs préférées. A côté de celles listées précédemment et dans le texte, citons, pêle-mêle :

    Liberté, égalité, fraternité (cf. Robespierre), notamment la liberté d’expression.

    Utopie (cf Thomas Moore pour l’amitié obligatoire)

    L’amour

    L’humanisme et la fraternité universelle

    Le respect de la vie

    Le rire

    La loyauté (oui, mais quid de la mafia ?)

    La guerre (une contre-valeur !)

    La Justice d’Etat (le contraire de la justice individuelle).

    L’individualisme (impossible au Maroc, où il n’y a que des sujets du roi). Mais est-ce bien une valeur ?

    La bonne distanciation avec les autres.

    La galanterie (une contre valeur ? « lâchez leur les baskets »)

    L’argent, le goût du pouvoir (fausses valeurs ?)

    La bonne chère……

     

    Enfin, Claude Sutren nous a parlé d’un graphique qu’il avait préparé pour la séance, que voici (à regarder à la loupe) :

     

                   C.R. du 8 Oct. 2016 sur les "Valeurs Occidentales"

     

                                    

     

                                                      Benoît Delcourt.

     

    P.S. Je remercie Pierre Marsal d’avoir fait la recherche à propos des esclaves et prisonniers ramenés de Dacie par Trajan. Voici ce qu’il a trouvé :

     

    "Selon Criton, médecin de Trajan, ce sont près de 500 000 prisonniers daces qui sont ramenés à Rome pour participer aux spectacles donnés lors de la célébration du triomphe de Trajan mais cette estimation semble avoir été exagérée d'un facteur dix et les Romains auraient en réalité fait 50 000 prisonniers. Une grande partie des hommes aptes au travail et qui ne font pas partie des prisonniers de guerre sont enrôlés dans l’armée romaine, une procédure qui permet de diminuer le risque de révolte et d’augmenter les effectifs de l’armée".

    Mon livre d’Histoire de Rome en Italien parlait de 500000 esclaves et prisonniers. Je corrige sur le site et remplace 500000 par 50000, ce qui d’ailleurs ne change rien. On voit que la différence entre les estimations des foules par la préfecture de police et par les syndicats ne date pas d’aujourd’hui.


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