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Le 14/03/2015 était présentes 21 personnes, il y a eu de l’ordre de 30 interventions, que l’on peut ventiler de la manière suivante :
I/ Le titre du texte a heurté quelques uns des participants quant au terme « devoir ». Bien que le texte présenté comportait deux définitions de la culture, dont celle d’Edouard. Burnett Tylor qui passe aujourd’hui pour fondatrice, il a été évoqué qu’il en existait plus de cent. Une autre remise en cause a porté sur le fait d’associer moralité et devoir d’être cultivé. Le terme proposé en cours de débat à la place de devoir est la nécessité, car la notion de devoir implique une sanction s’il n’est pas accompli.
A l’intervention « être cultivé est un droit donc ne peut pas être un devoir », il a été rappelé que d’aller à l’école est un devoir en France, alors que dans certains pays il y a opposition à la culture et à l’éducation. Par contre il a été rappelé que la transmission de l’histoire est un devoir moral.
De même, Il y a un devoir d’ouvrir la culture à tous. A ce propos une remarque a été faite puisque dans une des lois récentes, il est demandé que les médiathèques soient ouvertes le dimanche.
Par ailleurs, il a été mentionné par un intervenant que l’on a le devoir de s’élever, c’est une nécessité. Ce qui correspond à la formulation de JP. Sartre « L’homme n’a pas de nature, il n’a qu’une histoire, l’être humain comme être biologique n’est qu’un potentiel ».
II/ D’entrée de jeu, une question a été posée « comment acquiert-on de la culture ? », la réponse viendra au cours du débat, éléments rapportés ci dessous.
III/ Différentes interventions ont porté sur les apports de la culture :
Cela apporte un esprit d’ouverture, cela contribue à une bonne maîtrise de la parole et évite les conflits, les non cultivés n’ont pas de moyen de s’exprimer autrement que par la violence, cela permet d’intégrer d’autres façons de penser et de s’enrichir intellectuellement, cela évite les préjugés et les à priori, un esprit bien cultivé permet de bien faire mûrir ses idées. La culture permet de parler d’autre chose que son travail. La culture est considérée comme un plus. Les enfants ont besoin de rêver, de s’envoler, ce à quoi il a été rappelé que le livre d’Antoine de Saint Exupéry « le petit prince » répond entièrement à ce besoin, pas étonnant qu’il soit le livre le plus vendu au monde. La culture procure de l’harmonisation et amène une paix sociale. La culture développe les capacités de sentir et de ressentir, ce qui correspond à l’intelligence émotionnelle. Elle apporte du plaisir et permet de satisfaire sa curiosité. Elle contribue à « monter » dans les étages supérieurs de la pyramide de Maslow. Le principal c’est d’être tolérant.
Il a été rappelé que l’Art est une composante de la culture, il permet d’éveiller les cinq sens de l’être humain, l’art nourrit notre sensorialité et nous fait vibrer d’émotions, regarder du beau, écouter du mélodieux, ressentir du voluptueux, respirer des parfums, goûter des saveurs, peut nous mettre dans un état de béatitude passager.
A l’opposé, un intervenant a déclaré que dans l’entreprise on n’a pas besoin de culture !
IV/ Différentes interrogations posées au cours du débat
Pourquoi un Plombier ne serait-il pas cultivé, en fait son métier peut ne pas être considéré comme apportant de la culture. Ce qui conduit à la question : « pourquoi opposer les manuels aux intellectuels ? » Réponse : il n’y a pas à opposer intellectuels et manuels : un plombier peut très bien avoir de la culture dans le domaine de la peinture, de la sculpture, ceci montre un point important de la culture, l’universalité qui permet de rapprocher les Hommes.
V/ Il semblerait que la réflexion d’Erasme « on ne naît pas homme on le devient » ait été bien appréciée par certains, à noter que Simone de Beauvoir l’a reformulée plus tard « on ne naît pas femme on le devient ».
VI/ Conclusion : même si l’on n’a pas une définition unique de ce qu’est la culture, l’important c’est de voir ce qu’elle apporte. Il est à noter que les différents éléments relatés ci-dessus répondent en partie à la question posée « comment acquière-t-on de la culture ? », auxquels s’est ajouté dans la conclusion en fin de débat « ne pas faire de la monoculture, être éclectique et curieux, s’intéresser à tout, mais cela demande du temps ».
Daniel Soulat
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Claude Sutren apporte un complément personnel au compte-rendu de Daniel Soulat :
Grâce aux informations nombreuses, diverses, et pertinentes apportées par l’exposé de D. Soulat et après les échanges pendant le Café-Débats du samedi 14 mars 2015, je vous propose ma synthèse personnelle sur le sujet dont nous avons débattu.
La question posée : “Est-ce un devoir d’être cultivé ?” ouvrait la discussion sur la notion de culture et sur le devoir d’y souscrire.
1. La notion de culture :
Il est apparu pendant les échanges que la définition de la Culture n’allait pas de soi !
Une interrogation dans les médias (Google, etc.) ne donne pas non plus une vision claire (150 définitions proposées dans un livre récent !)…
Il est apparu aussi que la tentation était de placer la Culture sur un piédestal qui pouvait conduire à discriminer les gens « non-cultivés » de ceux qui le seraient…
(Un Plombier serait-il moins “cultivé” qu’un “Lettré” ?). Très pratique surtout si on ne sait pas ce qu’est la “Culture” !
C’est là que l’exposé de Daniel a donné 2 pistes de solution :
- La définition donnée par E. Burnett Tylor (1832-1917), « Elle comprend à la fois les Sciences, les Croyances, les Arts, la Morale, les Lois, les Coutumes et les autres facultés et habitudes acquises par l’homme dans l’état social ».
Nota : on peut ajouter aussi (au moins) le “sport”… !
- Le rappel du “traité d’éducation” d’Erasme (en 1519) : “On ne naît pas homme on le devient”
Pourquoi ces 2 pistes ? :
- Parce qu’il faut se souvenir que le cerveau humain, à la naissance, ne comporte que 10% des connections neuronales. Elles vont, jusqu’à l’âge adulte (au moins), évoluer vers des milliards de connections au fur et à mesure des processus d’instruction, d’éducation, d’acquisition de connaissances sur des sujets variés, de socialisation et d’humanisation.
- Il est donc normal de penser qu’au fil des années la “Culture” au sens de Tylor “Les Sciences, les Croyances, les Arts, la Morale, les Lois, les Coutumes et les autres facultés et habitudes acquises, le Sport, etc.” vont modeler nos cerveaux jeunes puis adultes, puis moins jeunes pour faire face aux “besoins de l’Homme” durant sa vie. Et ceci au travers de l’enseignement, de la famille, des lectures, des expériences diverses, etc.
Une illustration (limitée) de ces processus est donnée par les enfants qui se “cultivent” dès le plus jeune âge par :
- Le dessin, les collages, la peinture
- L’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul
- Les lois de la physique de base (tomber peut faire mal)
- La morale familiale
- La pensée magique (avant les découvertes de la science)
- La vie sociale (apprendre à “lire” les émotions et communiquer)
- Etc.
On pourrait reprendre pour chacun des “besoins” de l’Homme la description de ces processus au fur et à mesure du développement de la maturité et bien sûr au cours de la vie active :
- Besoin d'accomplissement de soi
- Besoins d'estime (Confiance et Respect de Soi, Reconnaissance et Appréciation des Autres)
- Besoins d'appartenance et d'amour (Affection des Autres)
- Besoins de sécurité (Environnement stable et prévisible, sans anxiété ni crise)
- Besoins physiologiques (Faim, soif, sexualité, respiration, sommeil, élimination)
Chacun va donc développer ses “atouts culturels” selon ses capacités, ses désirs, voire ses fantaisies.
Il n’y a donc pas “une culture” mais un ensemble de savoirs propres à chacun.
Certains en développent une panoplie, d’autres en approfondissent certains.
La “Culture” de chacun est donc la somme de ses ACQUIS (de la naissance à la mort…).
On ne se risquera donc pas à dire qu’un Plombier (ou Mozart !) ont moins de “Culture” qu’un (bon) Chef d’Etat…
2. Le devoir d’être cultivé ? :
On voit, à ce qui précède, que cette question n’a pas beaucoup de sens…
Les processus de développement des “acquis culturels” de chacun sont quasi inévitables !
Introduire une “valeur” a toujours été une tentation (“L’honnête Homme” du 17ème siècle par exemple - voir ***). Adopter ce choix personnel ne nous donne pas le droit de l’ériger en discriminant envers les autres… !
On pourra cependant nous inviter nous-mêmes (et les autres) à diversifier nos savoirs avec comme buts de mieux comprendre les problématiques que nous rencontrons et d’agir avec plus d’efficacité (ou tout simplement de nous donner le plaisir de la connaissance…).
On notera, comme rappelé dans les débats que ces processus comportent des écueils. En voici 4 :
- Les nazis ont montré que l’on pouvait jouer de la musique aux portes des camps de la mort et/ou collectionner des œuvres d’art volées…
- Les dispositions psychiques de chacun (influencées par l’inné) peuvent influer sur l’épanouissement de nos personnalité (Complexes, Stress, etc.)
- Les “atouts culturels” nécessitent souvent beaucoup de travail et de temps pour mûrir. Il est rare que la facilité soit la règle…
- Dans les échanges de communication, la compréhension du contenu des mots et des idées n’est pas acquise à priori et demande souvent clarification de part et d’autre.
*** Au XVIIe siècle, l’honnête homme a une culture générale étendue et les qualités sociales propres à le rendre agréable en faisant preuve d'une aisance sociale conforme à l'idéal du moment. Homme de cour et homme du monde, il se doit de se montrer humble, courtois et cultivé mais aussi de pouvoir s'adapter à son entourage. Au nom de la nature, il refuse tout excès et sait dominer ses émotions.
Claude Sutren
1 commentaire -
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Cette conférence a eu lieu le 7 mars 2015.
On pourra commencer par visionner les animations "Flash" créées par le Commissariat à l'Energie Atomique, rappelant quelques notions de base sur l'atome, la fission, la réaction en chaîne, la radioactivité. Puis, un peu plus tard, ce qui concerne la fabrication du combustible nucléaire. Le document ci-dessous est en version PDF.
Merci au CEA et à EDF pour les autres photographies et schémas.
Si vous voulez télécharger la présentation sous Open Office, cliquez ici.
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