• Nous regroupons ci dessous les interventions suivant le sujet qu’elles traitent et non dans l’ordre chronologique.


    Un tel débat a t’il sa place ?

    Il a été dit qu’il « puait du bec », favorisant le patriotisme, le chauvinisme,

    • - que tout ceci n’était fait que pour stigmatiser les immigrés (immigration choisie, forcée ou subie).   
    • - qu’il était dangereux et même stérile, à l’image des débats moyenâgeux et scolastiques sur la chevalinité*.
    • - que la possession d’une carte d’identité suffit à vous rendre Français, point.

    Le débat a néanmoins continué.


    L’Histoire de France est elle importante dans cette question ?

    De façon provocante, un participant s’est déclaré mauvais en Histoire et pourtant bien Français ; de même une jeune fille aurait répondu à sa mère qui lui parlait de l’Histoire :  « Cela ne m’intéresse pas, car je n’étais pas née ». Une autre personne a indiqué que son arrière grand mère était arrivée en France sans savoir lire, et que donc elle ne connaissait pas l’Histoire de France. De toutes façons, la France ne serait plus qu’un petit pays, donc quelle importance peut avoir son Histoire ? Mais l’assemblée a réagi en disant :

    • - que ceux qui ne connaissent pas l’Histoire sont condamnés à refaire les erreurs du passé,
    • - que l’identité Française  avait été en quelque sorte inventée par Michelet dans ses livres d’Histoire au 19 eme siècle
    • - que le patrimoine Historique est une clef pour comprendre le présent, et les « atomes crochus » qu’on peut avoir avec ses compatriotes ; par exemple, en Allemagne régnait le système de l’Alleu, où des terres étaient distribuées sans contre partie à des personnes, ce qui explique certaines réactions Allemandes dans l’Europe
    • - que le Jacobinisme Français s’opposait au fédéralisme Allemand (où la religion vous était imposée par votre région de résidence), tous deux venus de l’Histoire.


    La culture, et l’ensemble des codes communément acceptés, est elle ce qui nous définit ? Et cette religion chrétienne qui a marqué la France et l’Europe ? Et cette laïcité  dont un participant a rappelé l’importance pour les protestants, et dont un autre participant a dénoncé une certaine défaillance, les religions étant dans le « aimez vous les uns les autres », les idéologies dans le « détestez vous les uns les autres ». Il serait de toutes façons important de mieux connaître ses propres valeurs. Ce qui n’empêche pas d’intégrer d’autres cultures, comme celle de la Martinique (Fort de France a été Français bien avant Strasbourg, le Dauphiné a maintenant de nombreux Béninois et Maghrébins qu’il faut accueillir).

    Certains ont insisté sur les mœurs culinaires de notre pays, sur la façon de prendre ses repas ensemble. Il a été dit aussi que notre hymne national ne convenait pas, avec ses paroles atroces, mais qu’on ne pouvait pas plus le changer que changer l’écartement pourtant mauvais des rails de nos voies de chemin de fer.


    Y a-t-il eu régression depuis la révolution, et son bel idéal  de « Liberté-Egalité-Fraternité » souvent cité, bien que critiqué aussi pour la contradiction entre ses trois termes ? Il n’y aurait plus d’idéologie, et partant plus de mythe, le service militaire a disparu et avec lui l’intégration de la jeunesse, et il manque aussi une phase initiatique scellant l’acquisition de certains droits en échange de certains devoirs (remplie autrefois par le bizutage dans les grandes écoles, malgré ses excès). Il y aurait un repli identitaire, voire communautaire.


    On a parlé aussi de burqua, qui pour beaucoup n’est qu’une provocation isolée (comme celle des punks qui veulent ennuyer papa-maman). Mais des femmes ont mis l’accent sur l’égalité homme-femme, fondatrice de notre culture, de même que la laïcité.

    La double nationalité a été critiquée par certains, encensée par d’autres. Mais tous sont d’accord pour être Français, Européen et Citoyen du monde. Dans le même ordre d’idées, il a été signalé que l’administration demande souvent de manière indue à des Français, souvent plus ou moins issus des territoires d’outre mer, de prouver leur nationalité, ce qui est humiliant.

     

    Le texte ne faisait pas référence à « la patrie des droits de l’Homme ». C’est que, bien que  très beau, ce texte n’a pas toujours été appliqué par la France, que ce soit dans ses guerres coloniales (le général Bigeard, ordonnateur de la torture en Algérie a même été ministre de Giscard) ou dans son organisation de la rafle du vel d’hiv. De ce point de vue, la France a beaucoup déçu certains Juifs arrivés en France avant la dernière guerre, comme Irène Nemirovsky.

    Nous avions avec nous un ex-casque bleu en ex-Yougoslavie, qui nous a dit combien il se sentait Français là-bas.

    Nous arrivions à la fin de la séance, et un participant s’est plaint que nous ne soyons pas arrivés à une définition claire et nette. C’est peut-être que cette définition n’existe pas (il a même été dit : « c’est tout et c’est rien » !).

    Dans sa conclusion, le présentateur a insisté sur la nouvelle page que la France écrit maintenant depuis cinquante ans, avec l’Europe. Certes, comme il a été dit, l’Europe promeut  actuellement une « religion de compétition » (« libre et non faussée ») qui ne serait pas dans notre héritage. Certes aussi  le « principe de subsidiarité » (les décisions doivent être prises à l’échelon le plus bas, et l’état ne doit pas décider de la façon de trier les ordures à Saint-Cyr, mais par contre doit décider des diplômes nationaux), ce principe est contraire à notre centralisme Jacobin. Mais la vie n’est pas une crispation sur le passé, même si nous n’avons pas à renier ce dernier.

     

    Benoît Delcourt.

     

    * Pierre Marsal  : on a appelé ça la "querelle des Universaux", elle a duré plus d’un siècle : pour les "nominalistes", les concepts, les universaux ne sont que des mots, pour les "réalistes", platoniciens, ils constituent la seule réalité ; je trouve que ça ressemble beaucoup à notre débat sur ce que sont les Français. Ou bien une collection d’individus réels qui ont quelque chose en commun, ou bien un concept plus ou moins transcendant dans lequel on essaie de se retrouver. Evidemment ce sont 2 positions extrêmes.


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